Relation entre variations de résilience et performances de troupeau laitier

Les vaches laitières doivent composer avec un ensemble de perturbations en relation avec l’environnement, comme les agents pathogènes ou les variations climatiques. Elles sont dites « résilientes » quand elles sont peu affectées par de tels facteurs de stress et que, si elles le sont, elles récupèrent rapidement. La conduite d’élevage peut affecter la résilience des vaches, car elle est susceptible d’affecter la résistance, la tolérance ou la capacité à récupérer d’une infection par exemple. Récemment, 2 critères scientifiques ont été développés pour caractériser la résilience des vaches au niveau individuel :

  1. La variance (LnVar) qui représente la variabilité de la production laitière en relation avec des perturbations extérieures.
  2. L’autocorrélation (rauto) qui indique le taux de retour à la normale de la production laitière suite à ces perturbations environnementales.

L’objectif de cette étude, menée par une équipe de l’Université de Wageningen (Pays-Bas), était double :

  1. Investiguer les différences de résilience de troupeau entre différents élevages, sur la base des 2 critères précités à une échelle individuelle (vache).
  2. Expliquer les différences dans cette résilience entre troupeaux par des indicateurs de taille et de conduite d’élevage.

De faibles valeurs de la variance et de l’autocorrélation indiquent qu’une vache a une production laitière peu fluctuante autour de la valeur attendue, et qu’elle est soit peu sujette, soit peu affectée par les perturbations de l’environnement.

La base de données utilisée par les auteurs a concerné 2.644 élevages, pour un total de 227.655 vaches laitières primipares. Les élevages ont été analysés sur plusieurs années, d’où un classement « troupeau-année » pour prendre en compte notamment les variations de conduite d’une année sur l’autre.

Les résultats suivants ont été observés :

  • Il existe de grandes différences entre troupeaux sur les 2 critères de résilience (LnVar et rauto), ce qui traduit les variations de conduite des troupeaux.
  • Il existe une corrélation négative significative entre ces 2 critères : quand la variance est élevée (forte variation de production laitière par rapport à celle attendue), l’autocorrélation est faible (faible retour à une production laitière normale).
  • Les troupeaux avec une forte variance ont une plus forte proportion de vaches avec acidose ruminale, une concentration plus élevée du lait en cellules somatiques, un plus long intervalle entre vêlages (IVV), un nombre plus élevé d’animaux, un plus faible taux de survie en seconde lactation, un fort niveau de production laitière, de faibles teneurs du lait en matières grasses et lactose.
  • Les troupeaux avec une forte autocorrélation ont tendance à avoir une plus forte proportion de vaches avec cétose, un niveau élevé de production laitière, une concentration plus faible en cellules somatiques du lait, ainsi qu’un faible pourcentage de vaches avec acidose ruminale.

Ces corrélations indiquent qu’une valeur élevée du critère « autocorrélation » à l’échelle d’un troupeau indique soit une bonne, soit une mauvaise résilience : ce n’est donc pas un bon indicateur de la résilience, a priori moins intéressant que le paramètre « variance ». Cependant, pour les troupeaux à variance élevée, une valeur haute d’autocorrélation peut indiquer un retour à une production laitière normale.


En conclusion, cette étude souligne que le critère caractérisant le niveau de fluctuation de la production laitière autour d’une courbe théorique de lactation permet d’objectiver la résilience des vaches laitières au sein d’un troupeau. Les différences entre troupeaux sur ce critère s’expliquent d’abord par la conduite des élevages.

Résumé Publication “Between-herd variation in resilience and relations to herd performance.” Poppe M, Mulder HA, Kamphuis C, Veerkamp RF. Journal of Dairy Science, 2020, 104 : 18525.

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