Facteurs de risques d’un mauvais transfert d’immunité passive chez les veaux mâles et femelles

La gestion de la prise colostrale est une étape clé de l’avenir zootechnique et sanitaire du veau laitier. Le colostrum permet un apport d’immunoglobulines et autres nutriments au veau, lui conférant une protection contre des infections par des agents pathogènes.

Diverses méthodes permettent de mettre en évidence un défaut de transfert d’immunité passive colostrale de la mère vers le veau : des méthodes directes comme l’immunodiffusion radiale (IDR) qui évalue les concentrations en IgG ; des méthodes indirectes, pratiques et peu coûteuses, telle la réfractométrie qui mesure les protéines sériques totales (STP). Des auteurs ont précédemment trouvé une très bonne corrélation entre les méthodes IDR et réfractométrie (STP).

L’objectif de cette présente étude rétrospective menée par une équipe canadienne était d’identifier les facteurs de risques associés au défaut de transfert d’immunité passive (FTPI) et de déterminer les différences dans le management de la prise colostrale entre veaux laitiers mâles et femelles.

Un suivi par des techniciens de l’équipe de recherche a concerné 16 élevages laitiers commerciaux sur une période de 10 mois (moyennes : 238 vaches ; 10.056 kg de lait pour une lactation standard de 305 jours). Chaque veau nouveau-né était répertorié quant au sexe, à la date de naissance, à l’assistance au vêlage et à la pratique d’administration du colostrum.

Chaque semaine, un technicien prélevait du sang sur les veaux âgés de 1 à 7 jours. Les sérums issus de la centrifugation des prélèvements étaient analysés par un réfractomètre digital (Sper Scientific) pour obtenir les valeurs de STP. Le seuil défini pour qualifier un défaut de transfert d’immunité passive était de 52 grammes par litre de sérum (STP).

Les principaux résultats de cette étude en élevage ont été les suivants :

  • Effectif : des données ont été obtenues sur 1.778 veaux laitiers âgés de 1 à 7 jours.
  • Gestion du colostrum : par rapport aux femelles, les mâles recevaient une moindre quantité de colostrum (-0,21 litre sur les premières 24 heures), une proportion plus importante de colostrum « poolé » (80 versus 67 %) et frais (65 versus 61 %). On leur administrait le colostrum d’abord via des biberons avec tétines, puis par sonde œsophagienne.
  • Niveaux de protéines totales : la concentration en protéines totales du sérum des veaux entre 1 et 7 jours d’âge s’est échelonnée entre 36 et 97 grammes par litre, pour une moyenne de 57. Avec le seuil retenu de 52 grammes par litre, on a diagnostiqué un défaut de transfert d’immunité passive sur 21 % des veaux.
  • Facteurs de variation du FTPI : dans le modèle statistique final, 4 variables ont été associées significativement au FTPI :
  • L’assistance au vêlage : le risque est multiplié par 2,2 lors d’expulsion difficile par rapport à l’absence d’intervention.
  • La quantité de colostrum administrée lors des premières 24 heures : le risque est diminué de 35 % avec une quantité supérieure à 6 litres par rapport à un volume inférieur à 3,9 litres.
  • La méthode d’administration du colostrum : le risque est augmenté de 83 % lors d’une administration combinée biberon puis sonde par rapport au biberon seul.
  • L’âge lors du prélèvement sanguin : plus on prélève tard (après 6 jours par rapport à dans les 2 premiers jours), moins la concentration est élevée, ce qui est logique (décroissance de l’immunité passive).
  • En résumé, un veau mâle (- 1,4 g/l), né lors d’un vêlage dystocique avec extraction forcée (- 2,3 g/l), recevant le premier repas de colostrum par une combinaison biberon/sondage œsophagien (- 1,2 g/l) est associé à une plus faible concentration de protéines totales sériques.

Conclusion de l’étude portant sur les facteurs de risques d’un mauvais transfert d’immunité passive chez les veaux mâles et femelles

En conclusion, l’étude a souligné l’importance de certaines pratiques d’élevage pour réduire les risques de défaut de transfert d’immunité passive de la mère au veau, comme la quantité et le mode d’administration du colostrum, les conditions du vêlage. A été également constatée une différence de niveau de protéines sérique totales au bénéfice des femelles par rapport aux mâles, en relation avec des pratiques de gestion colostrale sensiblement différentes (méthode d’administration : biberon suivi ou non de sonde œsophagienne).

Résumé Publication “Risk factors associated with failed transfer of passive immunity in male and female dairy calves: A 2008 retrospective cross-sectional study.” Renaud D.L., Waalderbos K.M., Beavers L., Duffield T.F., Leslie K.E., Windeyer M.C. Journal of Dairy Science. December 2019, In press.

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