Bactériémie lors de mammites cliniques sévères

La bactériémie est définie comme la présence de bactéries dans le sang, qui ne peut être diagnostiquée que par une recherche microbiologique. Il existe peu d’études sur la prévalence et les agents pathogènes associés lors de bactériémie chez les vaches laitières.

De rares études ont trouvé une prévalence de la bactériémie en relation avec les mammites chez les vaches laitières variant entre 1,4 % et 32 %. Il y a également peu de données de terrain sur les facteurs influençant cette bactériémie chez les vaches laitières.

Le nombre de lactations de la vache et le stade de lactation ont déjà été étudiés afin de déterminer le rôle de ces paramètres dans l’apparition d’une bactériémie lors de mammites cliniques sévères, mais aucune association n’a été démontrée.

De manière plus générale, sans investigation de l’existence d’une bactériémie ou non, les facteurs suivants ont été, lors de précédentes études, positivement corrélés à la survenue d’une mammite sévère : l’excrétion d’agents pathogènes, le niveau de production laitière, l’existence de traitements antérieurs avec des corticostéroïdes et les antécédents pathologiques (mammites et autres affections).

Le but de cette étude conduite par l’Université d’Hanovre (Allemagne) était de déterminer la prévalence et les facteurs associés à la bactériémie lors de mammites sévères des vaches laitières et d’explorer les facteurs de risques favorisant la survenue de la bactériémie.

L’étude a été menée entre juillet 2021 et août 2022 dans 13 élevages laitiers de Saxe (taille = 170-2.500 vaches Holstein ; production moyenne standard 305 jours = 11.500 kg/vache ; comptage des cellules somatiques ou CCS = 150.000-250.000 cellules/mL). Tous les échantillons (lait et sang) ont été incubés en aérobie et en anaérobie. Une bactériémie survenait si des souches bactériennes identiques étaient isolées à partir d’échantillons de lait et de sang d’un même cas de mammite.

De plus, l’excrétion d’agents pathogènes a été investiguée quantitativement en bactériologie par comptage de colonies à différentes dilutions. Les données sur les animaux ainsi que les conditions météorologiques ont été collectées pour déterminer les facteurs associés à l’apparition d’une bactériémie dans les cas de mammites sévères.

Si des bactéries à Gram négatif étaient détectées dans des échantillons de lait, le test Limulus (détection d’endotoxines) était également effectué pour les échantillons de sang correspondants sans croissance de bactéries à Gram négatif.

Les principaux résultats sont les suivants

  • Dans 74 cas (96,1 %), une croissance microbienne a été détectée dans des échantillons de lait incubés en aérobiose. Les bactéries les plus fréquemment isolées dans les échantillons de lait étaient Escherichia coli (48,9 %), Streptococcus spp. (18,1 %), et Klebsiella spp. (16%). Les micro-organismes anaérobies obligatoires n’ont pas été isolés dans le lait.
  • Dans 72 cas (93,5 %) des échantillons de sang examinés en aérobie, une croissance microbienne a été détectée. Les agents pathogènes les plus fréquemment isolés dans les échantillons de sang étaient les Staphylocoques non-aureus (40,6 %) et Bacillus spp. (12,3%).
  • Le test Limulus s’est révélé positif dans 60,5 % des cas, ce qui signifie une détection d’endotoxines dans la plupart des échantillons de sang sans que l’on puisse en déterminer l’origine
  • Les bactéries isolées dans le lait et le sang se sont révélées identiques par test PCR dans seulement 12 cas (15,5 %) avec dans l’ordre décroissant K. pneumoniae (5 cas/12), E. coli (4 cas/12), S. dysgalactiae (2 cas/12) et S. uberis (1 cas/12).
  • Le taux de mortalité (animaux décédés ou abattus) était de 66,6 % pour les cas avec bactériémie et de 34,1 % pour les cas sans bactériémie.
  • Une excrétion forte d’agents pathogènes et une humidité élevée étaient associées à l’apparition d’une bactériémie dans les cas de mammites sévères.

En conclusion, cette étude de terrain sur 77 cas de mammite clinique sévère a permis de détecter 15,5 % de cas de bactériémie (souches isolées dans le lait et le sang identiques), avec une mise en évidence d’endotoxines dans la plupart des échantillons de sang (60,5 %), ce qui pourrait indiquer une prévalence plus élevée de bactériémie (présence d’endotoxines dans le sang sans isolement bactériologique de bactéries Gram-). La plupart de ces cas de bactériémie étaient causés par K. pneumoniae. E. coli est à l’origine des cas de mammite les plus graves. Une corrélation positive entre les cas de mammite sévère, l’excrétion des agents pathogènes et l’humidité relative a été démontrée lors de cette étude.

Résumé Publication “Bacteremia in Severe Mastitis of Dairy Cows.” Krebs I, Zhang Y, Wente N, Leimbach S, Krömker V. Microorganisms, 2023,11 : 1639. https://doi.org/10.3390/microorganisms11071639

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