Au cœur du lait

Brèves de traite – avril 2023

REPRODUCTION : usage d’hormones de la reproduction et facteurs d’élevage

Des caractéristiques d’élevage laitier telles que la participation à un programme de gestion de la santé du troupeau et l’utilisation d’un robot de traite sont associées à un plus grand usage d’hormones de la reproduction, à l’inverse des fermes laitières en agriculture biologique. C’est l’une des conclusions d’une étude néerlandaise réalisée sur 760 élevages laitiers représentatifs du pays, avec un IVV moyen d’un an, suivis au sein de 5 cliniques vétérinaires, entre 2017 et 2019. Il n’y avait pas d’usage d’hormones de la reproduction pour 5,6 % des élevages représentant 13,5 % des animaux. Les produits de maitrise les plus utilisés étaient les prostaglandines (63 %), suivies des GnRH (33 %) et de la progestérone (4 %). Des technologies, tels que les podomètres et les robots de traite, ont également eu un effet sur l’utilisation d’hormones de la reproduction. La présence de podomètres ou de capteurs d’activité n’a pas influencé l’utilisation quantitative de ces hormones, mais était associée à une plus grande fréquence d’élevages utilisant des hormones de reproduction. (van der Laan et al, Journal of Dairy Science, 2020, 104 : 19786 ; https://doi.org/10.3168/jds.2020-19786).

BIEN-ÊTRE : exposition à des températures élevées en début de gestation

La saison de mise à la reproduction (été ou hiver) et le statut des mères (en lactation ou non) affectent la taille de la « réserve » ovarienne, mais pas la fertilité des génisses « filles ». L’objectif de cette étude italienne était d’observer si l’exposition des vaches laitières primipares à des températures environnementales élevées et à l’humidité (index THI) au cours du premier trimestre de gestation altérait la « réserve » ovarienne (nombre total de follicules sains et d’ovocytes dans les ovaires) et la fertilité de leur descendance. La concentration sérique d’hormone antimüllérienne (AMH) et le nombre de follicules antraux de diamètre ≥3 mm (AFC = « antral follicule count ») ont été évalués lors du cycle œstral chez 310 génisses laitières âgées de seize mois. Si les valeurs d’AMH et le nombre d’AFC étaient significativement plus faibles chez les génisses conçues en été en comparaison à l’hiver, il n’a pas été observé de différences entre les 2 groupes de génisses quant à l’âge à la première IA, l’âge au 1er vêlage et le nombre d’IA fécondantes. (Succu et al, Journal of Dairy Science, 2020, 103 : 11957-11969 ; https://doi.org/10.3168/jds.2020-18678).

brebis laitière

BREBIS LAITIERE : importance économique de la toxoplasmose

Les infections à Toxoplasma gondii sont fréquentes chez les ovins. L’augmentation de la prévalence avec l’âge indique que les infections postnatales sont le principal mode de transmission. L’avortement est le principal résultat clinique de l’infection à T. gondii, mais sa pathogénie n’est pas entièrement élucidée. Les infections transplacentaires surviennent principalement chez les brebis infectées dans le dernier tiers de la gestation. Une équipe de scientifiques américains a réalisé une revue bibliographique synthétisant les connaissances, sur ces 10 dernières années, concernant l’importance en termes d’économie et de santé publique de la toxoplasmose ovine. Il existe toujours des débats et incertitudes autour de l’infection congénitale répétée (brebis infectées de manière chronique avec des réinfections à différents stades de gestation), mise en évidence par la découverte d’ADN de T. gondii dans la descendance de brebis infectées de manière chronique. Cependant, il n’y a aucune preuve concrète que T. gondii soit la cause d’avortements répétés chez les ovins. Par ailleurs, le typage PCR-RFLP de l’ADN de T. gondii (dérivé d’isolats viables de T. gondii ou de tissus de moutons infectés) a révélé une faible diversité génétique chez les ovins en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique du Nord, mais une grande diversité en Amérique du Sud. (Dubey et al, Veterinary Parasitology, 2020, 286 : 109195 ; https://doi.org/10.1016/j.vetpar.2020.109195).

SANTE : facteurs de risques d’une infection BVD dans des élevages à faible risque

La taille du troupeau, la proximité de troupeaux avec un historique de test positif à la BVD et l’introduction de vaches extérieures sont associées à la détection du virus de la BVD dans des troupeaux à faible risque. Un programme national d’éradication de l’infection par le virus de la BVD est en place depuis 2013 en Irlande. La base de l’étude a inclus tous les élevages bovins irlandais avec au moins un veau né entre 2013 et 2019. La population sélectionnée incluait des élevages n’ayant eu aucun test BVD positif entre 2013 et le début de l’année 2019 (n= 46.219). De cette population source ont été extraits des élevages ayant eu un ou plusieurs veaux positifs durant l’année 2019 (n=204). L’analyse statistique a mis en évidence les facteurs de risques significatifs de contamination d’élevages sains : la taille d’élevage (risque plus élevé pour les grands élevages), le distance vis-à-vis d’autres élevages avec historique d’infection (risque supérieur lors de plus grande proximité géographique), l’introduction d’animaux extérieurs jouant le rôle de « cheval de Troie ». Les élevages laitiers étaient globalement plus à risque que les élevages allaitants (Odds Ratio = 1,44). Des mesures de biosécurité extérieure (limiter l’entrée de matériel, visiteurs et bovins) sont essentielles dans la prévention de nouveaux cas d’infection au virus de la BVD. (Casey-Bryars et al, Preventive Veterinary Medicine, 2022, 201: 105607; https://doi.org/10.1016/j.prevetmed.2022.105607).

MAMMITES : mammites à Streptococcus dysgalactiae sous-espèce dysgalactiae

Streptococcus dysgalactiae sous-espèce dysgalactiae (SDSD) est une bactérie opportuniste adaptée aux mamelles des vaches, avec un potentiel de transmission d’animal à animal (modèle contagieux) ; la conduite en stabulation libre des vaches laitières est susceptible de jouer un rôle dans la transmission de SDSD entre les animaux. Les objectifs de cette étude étaient d’étudier les facteurs de risque d’infections intramammaires à SDSD dans les troupeaux bovins laitiers norvégiens, d’identifier les sources de SDSD sur les animaux et dans l’environnement, et d’investiguer la diversité génétique des isolats de SDSD. Parmi les facteurs de risques significatifs identifiés concernant le logement, les auteurs ont notamment retenu : le sol béton plein dans les couloirs, les tapis en caoutchouc à l’entrée des stalles, la salle de traite manuelle (en comparaison avec le robot de traite). Les auteurs ont également retrouvé, suite à des prélèvements, la bactérie au niveau des vaches (peau ; blessures ; muqueuses nasale, rectale et vaginale) et au niveau du matériel d’élevage (abreuvoirs, base des stalles). La prévention des plaies, une hygiène appropriée, la qualité des stalles et le contrôle des infections intramammaires en période sèche sont probablement des mesures pertinentes pour prévenir les infections à SDSD dans les troupeaux laitiers. (Smistad et al, Journal of Dairy Science, 2021, 105 : 21471 ; https://doi.org/10.3168/jds.2021-21471).

VEAU LAITIER : relations entre management et morbidité-mortalité des veaux laitiers

Certains facteurs de risques de morbidité et mortalité des veaux laitiers durant leur premier mois de vie, en rapport avec la conduite d’élevage, ont pu être mis en évidence dans cette étude allemande : absence de vaccination de routine contre les pathologies respiratoires, arrêt d’une alimentation lactée durant les périodes de diarrhée, transfert collectif des veaux de la salle de vêlage vers les box individuels, fréquence élevée de détection de Cryptosporidium parvum, rationnement de la quantité de colostrum attribuée à chaque veau. Ce sont les conclusions d’une étude menée dans 64 élevages laitiers du Nord-Est de l’Allemagne, dans lesquels ont été collectées toutes les informations sur la conduite d’élevage. Etaient recherchés sur fèces de veaux de 7 à 21 jours par test Elisa les agents pathogènes suivants : Rotavirus, Cryptosporidium parvum. L’étude a également confirmé la relation entre l’apparition de diarrhées et la fréquence de détection de Cryptosporidium parvum (45,4 % vs 21,4 %). Les domaines de vigilance sont, pour les auteurs, la gestion au quotidien du veau nouveau-né et la stratégie d’alimentation des veaux atteints de diarrhée. (Falkenberg et al, 2022, Veterinary and Animal Science, 16: 100243 ; https://doi.org/10.1016/j.vas.2022.100243).

ENVIRONNEMENT : nutrition du veau laitier et émissions de méthane

Cette publication relate une réduction à long terme des émissions de méthane de veaux jusqu’à 1 an d’âge, à la suite d’une supplémentation en 3-NOP de la naissance jusqu’à 14 semaines de vie. Cela se traduirait par une réduction cumulée de 150 kg en équivalent CO2 des émissions dans l’environnement par les veaux au cours de leur première année de vie. Ce sont les enseignements d’une étude internationale dont a été notamment partenaire l’équipe INRAE de l’UMR Herbivores (VetAgro Sup, Université Clermont Auvergne). L’inhibiteur de méthane, le 3-nitrooxypropanol (3-NOP), cible spécifiquement la méthyl-coenzyme M réductase (MCR), enzyme inhibant la catalyse du méthane pendant la fermentation ruminale. Les veaux étaient traités à la dose de 3 mg de 3-NOP par kg de poids vif de la naissance (après la prise de colostrum) jusqu’à 14 semaines d’âge. L’effet persistant du traitement au-delà de la fin de la distribution de 3-NOP (jusqu’à 1 an d’âge) pourrait s’expliquer par une différenciation taxonomique au niveau de la flore microbienne du rumen, en comparaison de veaux non traités.  (Meale et al, Scientific Reports, 2021, 11: 3003287 ; https://doi.org/10.1038/s41598-021-82084-9).

TRAITE : pratiques d’élevage et microbisme du tank à lait

Les différences dans la préparation des trayons avant la traite sont associées à des variations du microbiote de lait de tank, indépendamment des systèmes de traite (robotisée vs manuelle). Cependant, les variations de ce microbiote expliquées par le système de traite, la marque du robot et les pratiques utilisées en routine pour la préparation des trayons et le nettoyage de l’équipement de traite étaient limitées. Les procédures de routine utilisées dans les élevages en stabulation libre et traite manuelle (avec utilisation ou non d’un produit de pré-trempage des trayons et nettoyage à l’eau +/- acide du circuit de traite) ont montré un impact plus faible sur les variations de communauté microbienne du tank à lait que le système de traite ou la marque du robot. Ce sont les principales conclusions d’une étude menée par une équipe suédoise dans 42 élevages du nord du pays. Des prélèvements de lait de tank ont permis de réaliser un comptage des bactéries totales et thermorésistantes, ainsi qu’un séquençage de l’ARN 16S de ces bactéries. Parmi les fermes en traite manuelle, le lait des élevages utilisant un agent chimique de pré-trempage des trayons et une utilisation plus fréquente de l’acide pour nettoyer l’équipement de traite avait un comptage bactérien total plus faible que le lait des élevages utilisant simplement de l’eau pour le nettoyage des trayons avant la traite et une utilisation moins fréquente de l’acide pour nettoyer le circuit de traite. Par contre, aucune différence n’a été relevée entre les différents types et pratiques d’élevage. (Sun et al, Journal of Dairy Science, 2021, 105: 123-139 ; https://doi.org/10.3168/jds.2021-20661 ).

PRODUCTION : BHB, longévité et reproduction des vaches Holstein

Pendant la période allant de 5 à 65 jours de lactation, une teneur sanguine plus élevée en β-hydroxybutyrate (BHB), indicatrice d’un risque de cétose, était génétiquement corrélée à un âge plus avancé au premier vêlage, à un intervalle IA1-IAf plus long chez les vaches primipares laitières et à une durée de vie de production plus courte. C’est une des conclusions de ce travail réalisé par une équipe chinoise sur plus de 12.000 vaches Holstein provenant de 12 élevages laitiers de la région de Pékin, entre 2016 et 2019. Les vaches avec une fertilité plus élevée et une meilleure récupération post-partum, comme avec un âge plus jeune au premier vêlage et un intervalle plus court du vêlage à la première insémination chez la vache primipare, ont généralement une concentration de BHB plus faible dans le sang. Une sélection sur des teneurs sanguines prédictives plus faibles en BHB en début de lactation pourrait être une stratégie efficace pour réduire l’incidence de la cétose ainsi que pour améliorer indirectement les performances de reproduction et de longévité chez les vaches Holstein. (Lou et al, Journal of Dairy Science, 2021, 105: 20389 ; https://doi.org/10.3168/jds.2021-20389).

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