ANTIBIORÉSISTANCE : portage de klebsielles humaines multirésistantes par les bovins laitiers
Des vaches laitières peuvent héberger des souches de Klebsiella pneumoniae d’origine humaine, porteuses de gènes de résistance contre les carbapénèmes et les céphalosporines de 3ème génération, même si ces bovins n’ont pas été traités avec de tels antimicrobiens. Cependant, dans les élevages où ont été isolées ces souches de K. pneumoniae multirésistantes, les prescriptions d’antimicrobiens étaient beaucoup plus élevées en comparaison de la valeur médiane italienne, soulignant ainsi l’importance d’une utilisation plus prudente des antibiotiques dans les productions animales. L’objectif de cette équipe italienne (Émilie-Romagne) était d’étudier le portage potentiel de souches humaines de K. pneumoniae porteuses d’une résistance aux carbapénèmes et productrices de bétalactamases à spectre étendu (BLSE) chez des bovins. Les auteurs ont inclus 150 élevages laitiers de la région de Parme avec des prélèvements de lait pour isolement de souches de klebsielles, en comparaison avec 14 isolats humains de la même bactérie provenant de malades suivis par l’hôpital de Parme. Sur 258 échantillons de lait, ont été isolées 4 souches multirésistantes de K. pneumoniae : une souche portant le gène ST307 était résistante entre autres aux carbapénèmes, les trois autres souches étant porteuses de BLSE (CTX-M-15) avec également le gène ST307 … qui a été retrouvé sur deux des isolats humains par ailleurs porteurs également de BLSE. Les 4 souches étaient résistantes aux aminoglycosides, céphalosporines de 3ème génération et fluoroquinolones. (Bonardi et al, International Journal of Food Microbiology, 2023, 387 : 110049 ; https://doi.org/10.1016/j.ijfoodmicro.2022.110049).
PRODUCTION : intervalle vêlage-IA1 et production en 1ère et 2ème lactations
Les vaches primipares avec un intervalle vêlage-1ère insémination (IV-IA1) allongé (145-215 jours) en première lactation ont eu une lactation brute totale et standardisée à 305 jours plus élevée que les vaches avec un IV-IA1 « conventionnel » (45-95 jours), non seulement sur leur première lactation, mais aussi pour leur deuxième lactation (pour laquelle l’intervalle IVV n’était pas significativement différent). Ce sont les conclusions d’une étude menée sur 533 vaches laitières Holstein provenant de 16 élevages laitiers du sud de la Suède.
La production laitière globale (PLG) et la production de lait corrigé en énergie (ECM) à 305 jours étaient plus élevées pour le groupe IVV-IA1 allongé que pour le groupe IVV-IA1 conventionnel, à la fois en première lactation (12.307 contre 9.587 kg PLG ; 9.653 contre 9.127 kg ECM) et en deuxième lactation (12.817 contre 11.986 kg PLG ; 11 957 contre 11 304 kg ECM). En revanche, si l’on considère la production laitière quotidienne ECM par jour d’intervalle IVV, il n’a pas été noté de différence entre les 2 périodes d’IVV-IA1 en cumulant première et deuxième lactations (même si la valeur est supérieure pour le lot à IV-IA1 allongé (30,1 kg par jour vs 29,2 kg dans le lot à IV-IA1 conventionnel) . En conclusion, l’IV-IA1 peut être adapté sur les primipares en fonction des contraintes de l’élevage, sans influencer la production laitière totale. (Edvardsson Rasmussen et al, Journal of Dairy Science, 2023 ; 106 (4) : 2510-2518 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-22773).
MAMMITES : localisation, génotypes de Staphylococcus aureus et infections intramammaires
La prévalence de la colonisation extramammaire par S. aureus diffère considérablement entre les élevages et selon la localisation de la bactérie en dehors de la mamelle ; des génotypes spécifiques de S. aureus étaient associés soit au lait (infections intramammaires), soit aux sites de colonisation extramammaire. Les réservoirs extramammaires de S. aureus pourraient être une source d’infection chez la vache laitière avec un risque d’inefficacité des mesures habituelles de prévention visant les agents pathogènes contagieux responsables de mammite. Ce sont les principales conclusions de scientifiques de l’Université d’Utrecht (Pays-Bas) qui ont suivi 6 élevages laitiers néerlandais avec un historique connu d’infection intramammaire à S. aureus. Des prélèvements de lait ont été réalisés sur des vaches avec un comptage en cellules somatiques supérieur à 200.000 cellules/ml avec recherche de la bactérie précitée par PCR. L’isolement de staphylocoque a également été effectué sur plusieurs sites extramammaires (jarret, aine, mamelle, narines, fèces). Les prévalences s’échelonnaient entre 0 et 73% (colonisation à l’échelle de la vache), de 0 à 61% (infections intramammaires à l’échelle de l’élevage). Le site extramammaire le plus colonisé a été le jarret (23%), les moins contaminés étant les narines et fèces (5% pour chacun). En ce qui concerne les génotypes des isolats de staphylocoque, les auteurs ont pu constituer 3 groupes selon leur localisation : surtout intramammaire ; à la fois intra- et extramammaire ; uniquement extramammaire. (Exel et al, Research in Veterinary Science 2023, 154 : 138-144 ; https://doi.org/10.1016/j.rvsc.2022.12.010).
BIEN-ETRE : relation entre facteurs liés à la vache et fréquence de contacts entre vaches
Il y a une relation significative entre certaines caractéristiques individuelles de la vache (parité, stade de lactation notamment) et le nombre quotidien de contacts de cette vache avec ses congénères. Une équipe suédoise a suivi le comportement de vaches laitières élevées en stabulation libre dans 2 élevages laitiers suédois de 200 vaches chacun. Grâce à un système électronique de localisation des vaches, les auteurs ont pu suivre la fréquence des contacts entre vaches, en fonction d’une distance et d’une durée de proximité quotidiennes fixées respectivement à 2,5 mètres et 10 minutes. Ainsi, les vaches en fin de lactation avaient plus de périodes de contact au niveau de l’aire d’alimentation que les vaches en début de lactation. En ce qui concerne la parité, il y a eu des différences entre les 2 élevages : pour le premier, les vaches multipares ont eu moins de contacts que les vaches primipares dans la zone d’alimentation ; pour le second, les vaches de parité égale ou supérieure à 3 ont eu une fréquence plus élevée de contacts dans la zone de repos que les vaches de parité inférieure. (Hansson et al, Journal of Dairy Science, 2023, 106 (4): 2685-2699 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-21915).
REPRODUCTION : incidence des pertes embryonnaires et fœtales durant les 3 premiers mois de gestation
Lors d’une large méta-analyse réalisée sur près de 20.000 cas, les pertes durant la gestation des vaches laitières (3 premiers mois) s’échelonnaient entre 27% (pertes embryonnaires précoces) et 2% (pertes fœtales tardives). L’équipe de spécialistes de la reproduction de la Faculté vétérinaire de Saint-Hyacinthe (Québec) est l’auteur de cette publication consistant en une méta-analyse conduite sur 19.723 enregistrements individuels de pertes de gestation (jusqu’au stade de 90 jours de gestation) provenant de 46 études différentes réalisées sur les vaches laitières (avec une méthode de diagnostic prédominante : ultrasonographie). Les pertes de gestation étaient en moyenne de 27%, 13%, 7% et 2% respectivement dans le stade embryonnaire précoce (19 à 32 jours), la phase embryonnaire tardive (30 à 45 jours), le stade fœtal précoce (45 à 60 jours) et la phase fœtale tardive (60 à 90 jours). (Albaaj et al, Journal of Dairy Science Communications, 2023, 4: 144-148 ; https://doi.org/10.3168/jdsc.2022-0278 ).
BREBIS LAITIERE : relation mammite subclinique-reproduction en race Lacaune
Une mammite clinique chronique sur des brebis laitières de race Lacaune perturbe le développement des follicules ovariens, même s’il n’y a pas de différences avec des brebis saines pour le nombre de follicules ovariens et de corps jaunes. Des scientifiques brésiliens ont suivi 87 brebis de race Lacaune afin d’évaluer l’impact de mammites subcliniques sur l’involution utérine, la venue en chaleurs et l’activité ovarienne de ces mêmes femelles. Les auteurs ont identifié 6 groupes de brebis : 4 avec mammite subclinique et isolement de bactéries par culture (Staphylocoques « coagulase-negative » ou CNS, Staphylococcus aureus, Coliformes, autres bactéries Gram+), 1 avec mammite subclinique sans isolement de la bactérie, 1 groupe témoin sain. Ce sont les bactéries appartenant au groupe CNS qui ont été les plus fréquemment isolées lors de mammite subclinique. Concernant le diamètre des follicules ovariens, c’est le groupe infecté sans isolement bactérien qui a présenté le diamètre moyen folliculaire le plus faible. Enfin, de manière contre-intuitive, la chance d’extérioriser un œstrus dans les 60 jours suivant l’agnelage a été la plus élevée pour les brebis infectées au niveau de la mamelle. (Veridiane Dias et al, Small Ruminant Research, 2022, 216 : 106809 ; https://doi.org/10.1016/j.smallrumres.2022.106809).
MAMMITES : comptage cellulaire somatique et maladies en période péripartum
Les vaches laitières avec un comptage en cellules somatiques élevé (CCS > 200.000 cellules/ml) juste avant le tarissement ont un risque plus élevé de développer des troubles de la santé en période péripartum (rétention placentaire, cétose, mammite), de produire du lait en moindres quantité et qualité (teneurs en lactose et protéines) que les vaches avec un niveau plus faible de CCS. L’étude menée dans 2 élevages laitiers de l’état d’Alberta (Canada) a inclus 140 vaches (82 multipares et 58 primipares) dont le lait a été prélevé pour analyse des cellules avant le tarissement (seuil de 200.000 cellules/ml). La qualité biochimique du lait a également été évaluée avant tarissement puis 1 et 2 semaines après le vêlage. Les résultats ont montré qu’un comptage cellulaire élevé avant le tarissement était significativement lié à une plus forte incidence de la cétose, avec également un risque accru de rétention placentaire, de métrite et de boiterie post-partum (sans différence significative pour ces dernières pathologies). La concentration en lactose du lait était plus faible chez les vaches avec un comptage cellulaire élevé dans les 2 semaines post-partum, tandis que la teneur en protéines était également plus faible juste après le vêlage. La production laitière était diminuée chez les vaches à CCS élevé avant tarissement, en particulier chez celles ayant une des pathologies suivantes en postpartum : rétention placentaire, cétose et mammite. (Egyedy et al, Veterinary Sciences, 2022, 9 : 624 ; https://doi.org/10.3390/vetsci9110624).
QUALITE DU LAIT : consommation de lait et santé du cerveau
Une consommation de lait pauvre en matières grasses sur une période de 3 mois, à raison de 3 tasses par jour, chez des personnes âgées en bonne santé et ayant une faible consommation habituelle de lait a augmenté les concentrations cérébrales de glutathion (GSH). La GSH est une molécule antioxydante importante dans la lutte contre le stress oxydatif et le déclin fonctionnel du cerveau lié au vieillissement. C’est la principale conclusion d’une étude menée aux États-Unis par des chercheurs de l’Université du Kansas sur 73 personnes adultes âgées de 60 à 89 ans ayant initialement une faible consommation de lait (moins d’une tasse par jour). Ces personnes ont consommé sur une période de 3 mois 3 tasses par jour (237 ml/tasse) de lait à 1% de matières grasses, en comparaison d’un groupe témoin consommant 0,4 tasse de lait quotidiennement. Les auteurs ont observé dans le groupe expérimental une augmentation très significative de la concentration de glutathion dans le cerveau (+4,6% dans l’ensemble du cerveau ; +7,4% dans la partie pariétale et +4,7% dans la zone fronto-pariétale). Le lait constitue donc une source nutritionnelle intéressante dans la protection du cerveau vis-à-vis du vieillissement. (Choi et al, Frontiers in nutrition, 2022, 9:811650 ; https://doi.org/10.3389/fnut.2022.811650).
ECONOMIE : coût des boiteries en élevage laitier
Le coût moyen d’une boiterie (toutes causes confondues) et d’une dermatite interdigitée (maladie de Mortellaro) chez une vache laitière s’élève respectivement à 307,5 et 391,8 €. Le coût d’une semaine supplémentaire de boiterie pour une vache laitière est évalué à 12,1 €. Ces chiffres concernant l’impact économique des boiteries des vaches laitières sont obtenus par des modèles de simulation économique mis au point et appliqués par des scientifiques de sites français (CIRAD Montpellier et ENV Toulouse) et canadiens (Université de Calgary). Dans leur évaluation théorique, la répartition moyenne des cas liés aux diverses affections podales était la suivante : dermatite digitée (DD : 50%), dermatite interdigitée (28%), ulcères de la sole (US : 19%), maladie de la ligne blanche (MLB : 13%), phlegmon interdigité (4%). Les modes de logement ont considérablement influencé la prévalence des US et de MLB, tandis que la fréquence de raclage et l’application de pédiluves ont principalement influencé la présence de DD. Par ailleurs, les résultats ont montré que le parage préventif des pieds permettait une meilleure réduction de la prévalence des boiteries en comparaison du temps passé à la détection précoce de lésions. (Robcis et al, Journal of Dairy Science, 2023, 106 : 2519-2534 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-22446).
GP-FR-NON-231000019