Communiquer l’état des lieux du transfert d’immunité passive et du gain moyen quotidien des veaux laitiers aux éleveurs peut modifier certaines pratiques
L’objectif de cette étude au Canada était dans un premier temps de faire un état des lieux de la fréquence de situation d’échec du transfert de l’immunité passive (TIP) et de décrire en moyenne le Gain Moyen Quotidien (GMQ) des veaux laitiers dans une cohorte d’éleveurs en Colombie Britannique. Dans un deuxième temps, cet état des lieux a été diffusé aux éleveurs (en leur permettant de se comparer aux autres de la cohorte), dans l’optique de renouveler les mêmes mesures une seconde fois, et ainsi de juger de l’impact éventuel d’une telle information sur les changements de pratique.
Dans ce but, les auteurs ont sélectionné 16 fermes de Colombie britannique. Dans ces fermes, l’efficacité du TIP a été évaluée via la mesure au réfractomètre de la concentration en protéines totales (seuil de 52g/L) sur le sérum de veaux (mâles et femelles) de 1 à 7 jours.
En moyenne, 22 veaux par ferme ont été testés. La croissance de ces mêmes veaux a été suivie (ruban thoracique) sur les 90 premiers jours, pour évaluer le GMQ moyen sur cette période et sur les phases 0-35j et 35-90j. Ensuite, les résultats de cet état des lieux ont été transmis par le vétérinaire à chaque éleveur, en lui donnant ses résultats et en le positionnant par rapport aux autres éleveurs de la cohorte.
Il était alors proposé aux éleveurs de participer à une deuxième série de mesures, évaluant les modifications de pratiques et leur éventuel impact sur le TIP et le GMQ. Ce second round avait lieu en moyenne 24jours après la communication du premier rapport.
Il en ressort les résultats principaux suivants :
- Avant l’évaluation, sans surprise, une grande variété de pratiques d’élevage des veaux était notée, toutefois aucun ne testait systématiquement le colostrum. Le délai maximum pour collecter le colostrum était de 10 heures environ, 13 fermes avaient une banque de colostrum (8 en congélation), le délai maximum pour la première buvée était de 9,3 heures, 5 éleveurs seulement administrant le colostrum à la sonde. Les buvées étaient d’au moins 2,6 litres.
- La moyenne en protéines totales était de 58g/L (+/-0.2). Le % de défaut de TIP était de 16% (+/-10%) et variait selon les fermes de 3 à 39%. Le GMQ moyen était de 680g/j (+/-90g) et variait en moyenne de 540 à 880g selon les fermes. Le GMQ moyen de la période précoce (<35j) était de 510g (+/-120) et de 900g/jour (+/-190) pour la période >35j.
- Après diffusion des résultats aux éleveurs, sur les 18 fermes, dans le mois suivant au final, 15 ont choisi de modifier au moins une pratique (relative aux pratiques colostrales ou de croissance) et 6 ont modifié une pratique dans chacun des secteurs. Les mesures les plus fréquemment changées ont été :
- augmenter la quantité de colostrum à la première buvée (50% des éleveurs),
- tester la qualité du colostrum (3/16),
- varier et augmenter la quantité d’aliments (3/16), noter et réduire le délai vêlage première buvée (2/16),
- acheter un équipement de conservation (2/16)
- recourir plus fréquemment au sondage oesophagien pour délivrer le colostrum (2/16).
- Dans les fermes ayant opéré une ou des modifications de pratiques colostrales, le taux de déficit de TIP est passé de 21% (+/-10) à 11% (+/-10%). De façon surprenante, dans les fermes n’ayant pas modifié de pratiques, le taux initialement faible de déficit de TIP (8% +/- 3%) est passé à 15% (+/-10%).
- Sur les 10 fermes ayant modifié les pratiques alimentaires sur les veaux, le GMQ moyen est passé de 660g (+/-90g) à 720g (+/-80g). Ce gain était d’autant plus marqué lors de la période <35j (de 480g à 610g).
En conclusion
Il ressort, dans les conditions de cette étude, que la diffusion aux éleveurs d’un état des lieux des performances (transfert d’immunité et GMQ) peut être un élément utile. Cette diffusion est de nature à jouer sur la motivation d’éleveurs sensibles aux soins des veaux et à les amener à améliorer encore leurs pratiques sachant que les changements de pratiques étaient in fine associés à une amélioration des performances. Ainsi, communiquer fréquemment des résultats de panels d’élevages en permettant à l’éleveur de se situer en termes de performances est un levier d’amélioration très intéressant.
Résumé Article “Benchmarking passive transfer of immunity and growth in dairy calves.” Atkinson D.J., von Keyserlingk M.A.G., Weary D.M. Journal of Dairy Science, 2017, (100) :3773-3782. GP FR/ORUM/0218/0022