DIAGNOSTIC : évolution des paramètres biochimiques sanguins lors de mammite subclinique
Certains paramètres biochimiques sanguins, principalement les protéines de phase aiguë et les marqueurs du stress oxydatif, peuvent être utilisés en pratique dans la détection des infections intramammaires subcliniques. L’objectif de cette étude scientifique italienne était de mettre en évidence une association entre quelques critères biochimiques sanguins (en relation avec le statut énergétique, l’intégrité hépatique, le stress oxydatif, l’inflammation, le statut minéral, l’immunité innée) et les infections intramammaires subcliniques (IMI). Des données ont été recueillies sur 349 vaches laitières (80 primipares, 269 multipares ; moyenne de 220 jours de lactation). Il a été réalisé une bactériologie sur les cas enregistrés ainsi qu’une classification du comptage cellulaire somatique (CCS : faible de 50 à 200.000 cellules/mL ; modéré de 200 à 400.000 cellules/mL ; élevé au-dessus de 400.000 cellules/mL). Une augmentation du CCS est significativement associée à une réduction linéaire des concentrations sériques de cholestérol, de la capacité de réduction ferrique plasmatique (caractérisant le pouvoir antioxydant) ; de même, un accroissement du CCS est corrélé à une augmentation des concentrations sériques d’haptoglobine et de céruloplasmine. Une bactériologie positive a été significativement associée à une augmentation des teneurs sanguines en bilirubine, des protéines indicatrices d’un stress oxydatif (« advanced oxidation protein products » = AOPP) et de l’haptoglobine (une des protéines de phase aiguë ou « acute phase proteins » = APP). (Pegolo et al, Journal of Dairy Science 2023, 106 (9): 6539-6550 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-23155).
NUTRITION : moment de l’alimentation protéique, productivité et qualité du lait
Modifier le moment de l’alimentation en protéines dans une journée, en particulier en augmentant la quantité de protéines administrée le début de journée, peut avoir des effets positifs sur la productivité laitière et la qualité du lait.
Une équipe de scientifiques de l’Université de Pennsylvanie (USA) a distribué une infusion de caséinate de sodium par voie abomasale selon 3 périodes différentes dans la journée : tout au long de la journée (CON), de 9h à 17h (DAY) ou de 21 h à 5h (NIG).
Les vaches étaient traites toutes les 6 heures durant une période de 8 jours consécutive au début du traitement. L’infusion de nuit entraine une décroissance de la production laitière quotidienne de 8,2% et 6,4% respectivement vis-à-vis des groupes CON et DAY.
Il en est de même pour le taux protéique (réductions respectives de 8,1% et 5,7% par rapport aux lots CON et DAY). Quant au taux butyreux, il est significativement plus élevé pour le groupe DAY par rapport aux groupes CON et NIG (respectivement +5,5% et +6,7%).
Ces différences sont liées à l’horloge circadienne de la glande mammaire et la corrélation entre synthèse des protéines du lait et disponibilité des acides aminés.(Salfer et al, Journal of Dairy Science, 2023, 106 (8) : 5351-5363 ;https://doi.org/10.3168/jds.2022-22633).
ANTIBIORESISTANCE : prévalence des colibacilles BLSE/ AmpC-EC chez le veau laitier
La colonisation intestinale précoce chez les jeunes veaux atteints par des colobacilles porteurs de bétalactamases (BLSE/AmpC-EC) est transitoire en élevage et n’entraîne pas d’excrétion à long terme de ces bactéries résistantes. L’objectif de l’équipe néerlandaise était d’évaluer la prévalence, chez le veau laitier, des colibacilles porteurs de bétalactamases (à spectre étendu = BLSE ; céphalosporinases de haut niveau = AmpC), la quantité de ces bactéries retrouvée dans les fèces, le génotypage des souches de colibacilles ainsi que l’évolution de ces paramètres sur une période d’environ 3 mois. Les auteurs ont récolté les fèces de 748 veaux laitiers (0-88 jours) répartis dans 188 élevages des Pays-Bas. Dès le jour de la naissance, des colibacilles porteurs de bétalactamases peuvent être isolés. La prévalence s’est élevée en moyenne respectivement à 33,3% et 28,4% chez les veaux de 0-21 jours et de 22-88 jours. Le niveau d’excrétion de ces colibacilles varie entre et au sein des catégories d’âge. L’étude longitudinale montre que la prévalence de ces colibacilles porteurs de bétalactamases 4, 8 et 12 mois après le premier prélèvement chute respectivement à 3,8%, 5,8% et 2%. (Gonggrijp et al, Journal of Dairy Science, 2023, 106 (6) : 4257-4265 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-22362).
SANTE : facteurs de risques de l’acidose ruminale
Le profil de fermentation ruminale, l’abondance des phyla de bactéries ruminales et les caractéristiques de production des bovins laitiers en début de lactation dans 3 régions du monde (Australie, Canada et USA) ont été reliés à 3 niveaux de risque d’acidose différents.
Cette étude multicentrique a permis d’inclure 261 vaches laitières provenant de 32 élevages répartis entre les 3 pays précédemment mentionnés. Les régimes alimentaires variaient de la pâture avec complémentation par un concentré à des rations complètes mixtes.
Du fluide ruminal était collecté dans les 3 heures après le repas puis soumis à des analyses de laboratoire (pH, ammoniac, lactate, acides gras volatiles) afin de calculer la probabilité d’un risque d’acidose ruminale. Les auteurs procédaient également à un génotypage des bactéries ruminales.
Sur l’effectif étudié, les proportions de vaches en fonction du risque d’acidose étaient les suivantes : 26,1% (risque élevé), 26,8% (risque modéré), 47,1% (risque faible). Les facteurs de risque significatifs du groupe à risque élevé d’acidose ruminale, en comparaison des autres groupes, étaient en lien avec une fermentation rapide des glucides, plus particulièrement des concentrations élevées du liquide ruminal en certains AGV (propionate, valérate et caproate), mais aussi un taux butyreux faible et une abondance du phylum des Firmicutes dans le rumen. (Golder et al, Journal of Animal Science, 2023, 106 (5): 3155-3175 ;https://doi.org/10.3168/jds.2022-22571).
TRAITE : caractère et comportement de la vache en relation avec son adaptation à la traite robotisée
Les traits de caractère ou de « personnalité » des vaches laitières affectent l’activité de traite et le niveau de production laitière en système de traite robotisée et peuvent ainsi être utiles pour la sélection de vaches qui pourraient le mieux s’adapter à la traite automatisée. Ce sont les principales conclusions d’une étude menée par des scientifiques de l’Université de Guelph (Canada). Soixante vaches laitières Holstein (19 primipares et 41 multipares) ont été évaluées pour leurs traits de « personnalité » à l’aide d’une combinaison de 3 tests (comportement en arène, face à des objets et en présence humaine) combinés effectués 24 jours avant le vêlage et 24 jours après la première introduction en robot de traite, qui a eu lieu environ 3 jours après le vêlage. Trois types de personnalité ont été définies selon le caractère : exploratoire, actif et audacieux. Les vaches qui ont obtenu des résultats élevés en termes d’activité lors du test de pré-vêlage ont tendance à avoir moins d’épisodes d’exploration et un coefficient de variation de la production laitière plus élevé au cours des 7 premiers jours suivant l’introduction au robot, tandis que les vaches de caractère « audacieux » ont tendance à avoir une production laitière plus élevée pendant cette même période. D’une part, les vaches ayant obtenu des scores élevés en termes d’audace et d’activité se sont mieux adaptées au robot de traite immédiatement après le vêlage ; d’autre part, les vaches ayant obtenu des scores faibles en termes d’activité et élevés en termes d’audace ont obtenu de meilleurs résultats au niveau de la production laitière et de l’activité de traite en début de lactation (21 à 27 jours de lactation). (Brasier et al, Journal of Dairy Science, 2023, 106 (10): 7191-7202 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-23176).
LOCOMOTION : influence des boiteries sur la fréquence des traites et la production laitière en traite robotisée
Les pertes de production laitière dues à des boiteries sévères chez les vaches laitières pourraient être plus élevées dans les troupeaux laitiers en traite robotisée qu’en système de traite conventionnel, en raison probablement d’une fréquence de traite réduite chez ces vaches. L’objectif de cette étude de l’Université de Wageningen (Pays-Bas) était de quantifier l’effet direct et indirect des boiteries sur la production laitière dans les troupeaux laitiers en traite robotisée. Les auteurs ont enregistré les scores de boiterie, le nombre de visites quotidiennes au robot de traite et les niveaux de production laitière quotidienne de 1 608 vaches laitières provenant de 87 troupeaux néerlandais à traite robotisée.
La prévalence des boiteries s’est élevée à 27% (signes modérés) et 11% (symptômes sévères). L’effet direct moyen des boiteries sévères sur la production laitière a été de 1,4 kg de lait par jour, en comparaison de vaches saines, après correction par la parité et le stade de lactation. Le facteur explicatif principal de la relation entre boiterie sévère et production laitière a été la réduction de la fréquence des traites : en rajoutant cet effet indirect supplémentaire (2,5 kg de lait par jour), on arrive à un niveau global de pertes de production laitière (directes et indirectes) de 3,9 kg de lait par jour. (van den Borne et al, Preventive Veterinary Medicine, 2022 ; 208 : 105733 ;https://doi.org/10.1016/j.prevetmed.2022.105733).
QUALITE DU LAIT : pratiques d’élevage et qualité intrinsèque du lait
La race des vaches laitières et le régime alimentaire sont les pratiques les plus influentes en termes de transformation du lait sur tous les aspects sensoriels, technologiques, sanitaires et nutritionnels et globalement sur la qualité du lait pour la fabrication de fromage. C’est une des conclusions des équipes de l’INRAE (Université de Clermont-Auvergne) dont l’objectif était de mettre en relation les pratiques d’élevage avec divers critères de la qualité du lait à travers 2 produits transformés : le lait UHT demi-écrémé et le fromage cru. Pour le lait destiné à la transformation fromagère, le meilleur score global de qualité du fromage a été obtenu dans cette dans les élevages de vaches de race Montbéliarde et dans les troupeaux mixtes/croisés alimentés sans ensilage de maïs ; en revanche, le score le plus faible au niveau de la qualité du fromage a été observé dans les élevages de Prim’Holstein nourries avec de l’ensilage de maïs. En ce qui concerne le lait UHT demi-écrémé, la meilleure note de qualité a été enregistrée dans les élevages dont les régimes sont à base d’herbe à un stade de lactation moyen (≥ 168 jours post-partum) ; à l’inverse, le score le plus faible a été observé chez les animaux nourris principalement avec de l’ensilage de maïs. (Rey-Cadilhac et al, Journal of Dairy Science, 2023, 106 (2) : 1026-1038 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-22486 ).
TARISSEMENT : comparaison de stratégies de tarissement (sélectif ou systématique) sur les performances laitières, la santé mammaire et l’utilisation d’antimicrobiens
La mise en œuvre d’une stratégie de traitement sélectif au tarissement sur les troupeaux laitiers commerciaux flamands, suivant un algorithme qui prend en compte les informations des comptages cellulaires de tank, des résultats de production laitière et de parité des vaches et l’historique « mammites cliniques » de chaque vache, n’a eu aucun impact négatif sur la santé mammaire, le niveau de production laitière et le risque de réforme, tout en réduisant considérablement l’utilisation d’antimicrobiens.
Les auteurs ont suivi 466 vaches laitières provenant de 12 élevages laitiers situés dans les Flandres (Belgique), qu’ils ont réparties par randomisation selon l’une des 2 stratégies de tarissement : systématique (244 vaches) et sélective (222 vaches). Les vaches du groupe « sélectif » ont été taries avec des obturateurs internes des trayons associés ou non à des antimicrobiens à action prolongée, selon un algorithme prédéfini basé sur les données de comptage cellulaire (SCC) du jour du test (d’après les 3 dernières traites avant le tarissement).
L’utilisation totale d’antimicrobiens pour la santé mammaire entre le tarissement et 100 jours de lactation était significativement plus faible dans le groupe « sélectif » par rapport au groupe « systématique » (réduction de 22%), bien qu’il y ait des variations substantielles entre les troupeaux. Les valeurs de comptage des cellules somatiques (SCC) le jour du test, la production laitière et le risque clinique de mammite et de réforme au cours des 100 premiers jours de lactation ne différaient pas entre les 2 groupes. (Lipkens et al, Antibiotics, 2023, 12, 901 ; https://doi.org/10.3390/antibiotics12050901).
VEAU LAITIER : la cryptosporidiose, une zoonose émergente
La cryptosporidiose devrait être reconnue comme une maladie professionnelle importante chez les personnes travaillant ou en contact avec des bovins en Finlande. Les professionnels de santé doivent être conscients que le risque d’exposition aux cryptosporidies et de développement de la cryptosporidiose est aujourd’hui modéré à élevé dans les élevages de bovins finlandais.
Ce sont les conclusions générales de cette publication émanant de spécialistes de santé animale et de santé publique au sein d’unités expérimentales situées à Helsinki et Kuopio (Finlande). Leur objectif était d’évaluer le risque zoonotique des infections à Cryptosporidium parvum dans le pays, de déterminer les facteurs de risque de ces infections ainsi que de confirmer la pertinence de classer la cryptosporidose comme maladie professionnelle en Finlande. Le génotypage de souches a été réalisé sur des patients infectés de juillet à décembre 2019, en comparaison à des témoins non infectés (au total, comparaison de 82 personnes infectées versus 218 témoins). De plus, une base de données du service de santé publique finlandais a étudié 68 cas d’infection en relation avec une origine professionnelle entre 2011 et 2019.
Le génotypage conduit à un isolement prédominant de C. parvum (76%) puis de C. hominis (3%). Les symptômes les plus courants de l’infection chez l’homme étaient la diarrhée (97 %), l’asthénie (83 %), les maux d’estomac (76 %) et les nausées (76 %). La durée moyenne des symptômes était de 12 jours (4 à 26 jours). L’infection humaine est significativement corrélée avec le contact avec des bovins (cela concerne 65% des cas), la présence d’une personne du cercle familiale atteinte de gastroentérite, un séjour dans sa propre maison de vacances. (Enborn et al, 2023, Acta Veterinaria Scandinavica, 65:25 ; https://actavetscand.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13028-023-00684-z).
GP-FR-NON-240100021
Nos dernières actualités en santé des ruminants
- La collecte laitière française en repli à cause de la météo depuis avril 2024Après un début d’année 2024 en timide évolution positive (1er trimestre à +0,5 % vs 2023 ; et notamment mars à +1,1 %), la collecte de lait repart à la baisse depuis avril, sous l’effet de la météo très humide.
- Le prix du lait est stable depuis plusieurs moisLe prix du lait de vache standard 38/32 toutes qualités reste stable autour de 450€ /1000 litres en avril 2024.
- Brèves de traite – juin 2024DIAGNOSTIC : troubles péripartum et marqueurs métaboliques La concentration de cortisol pilaire (CCP) n’est pas associée … Lire la suite