DIAGNOSTIC : troubles péripartum et marqueurs métaboliques
La concentration de cortisol pilaire (CCP) n’est pas associée à la survenue de maladies métaboliques ou infectieuses chez la vache laitière, mais pourrait être un marqueur du stress métabolique et du stress thermique, sachant que la perte d’état corporel et l’index température-humidité (THI) sont positivement corrélés avec la CCP. Par ailleurs, les vaches atteintes de maladies autour du vêlage présentent une concentration sanguine en « insulin-like growth factor-1 » (IGF-1) plus faible ; cependant ni l’IGF-1 ni les autres marqueurs métaboliques ne sont corrélés à la CCP. L’objectif de cette étude scientifique suisse était d’explorer la dynamique de la CCP chez les vaches malades et saines de huit semaines ante-partum à huit semaines post-partum. Vingt-quatre vaches gestantes ont été suivies du tarissement jusque 8 semaines après le vêlage. Les poils de la queue ont été collectés afin de mesurer le taux de cortisol à cinq moments différents de la période d’étude. Des prélèvements sanguins permettaient d’analyser divers marqueurs métaboliques (IGF-1, β-hydroxybutyrate, acides gras non estérifiés). En plus des effets précédemment évoqués, a été noté un effet « race » au niveau de la CCP, avec des teneurs significativement supérieures pour la race « Brown Swiss » par rapport à la race Holstein. (Tekin et al, Research in Veterinary Science 2023, 158 : 134-140 ; https://doi.org/10.1016/j.rvsc.2023.03.016).
SANTE : mortalité des vaches laitières et nécropsie
Les affections de la mamelle, suivies des troubles digestifs, des troubles associés au vêlage et des troubles de la locomotion sont les principales causes de la mortalité des vaches laitières par diagnostic nécropsique. La présente étude a également démontré l’importance et le rôle essentiel de ce type de diagnostic post-mortem dans la détermination des causes de mort des vaches laitières. Cette étude menée par des chercheurs de l’Université d’Helsinki (Finlande) s’est fondée sur l’autopsie de 319 vaches laitières au niveau d’une unité d’équarrissage, tout en recueillant les commémoratifs d’élevage avec le diagnostic établi in vivo. Près de la moitié des mortalités ont eu lieu dans les 30 premiers jours suivant le vêlage, avec, sur cette période, 64 % de vaches mortes dans les 5 premiers jours. Les causes principales de mortalité étaient les mammites (27 %) et les troubles digestifs (15%) pour 14% de cause inconnue. La nécropsie a permis de modifier le diagnostic initial de la mortalité dans 18 % des cas. Pour les vaches mortes pour lesquelles l’éleveur n’avait pas d’idée sur les causes, la nécropsie a permis de mettre en évidence le motif de mortalité dans 88 % des cas, ce qui confirme l’intérêt du diagnostic nécropsique. (Hagner et al, Journal of Dairy Science, 2023, 106 (4): 2846-2856 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-22466).
TRAITE : fréquence quotidienne de traite et reproduction
La plupart des avantages d’une seule traite quotidienne sur la reproduction de la vache laitière concernent le début de lactation, très probablement via des modifications de la production laitière, de l’état corporel et de la réduction de la balance énergétique négative avant la mise à la reproduction. C’est une des conclusions de cette étude menée en Nouvelle-Zélande sur 2.562 troupeaux en 2017. L’analyse s’est effectuée en séparant plusieurs groupes : une seule traite sur la lactation entière, deux traites sur la lactation entière, une seule traite puis 2 traites à partir de l’insémination, 2 traites puis une seule à partir du pic de lactation, 2 traites puis une seule en fin de lactation. De manière générale, la fertilité était meilleure pour les vaches traites une seule fois pendant la lactation par rapport aux vaches traites 2 fois, avec notamment des intervalles plus courts (IV-IA1, IV-IAf, IA1-IAf). La fertilité a également différé selon la parité, les vaches de parité 3 et 4 étant significativement plus fertiles que les primipares, les plus mauvais résultats étant enregistrés chez les vaches les plus âgées (parité ≥ 5). (Brasier et al, Journal of Dairy Science, 2023, 106 (10): 7191-7202 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-23176)
TARISSEMENT : administrer un obturateur de trayon avec un antibiotique au tarissement ?
Cette revue bibliographique réalisée sous forme d’une méta-analyse conclut qu’une administration simultanée d’un obturateur de trayon et d’un antibiotique par voie diathélique réduit le risque de nouvelles infections intramammaires après vêlage en comparaison de la seule administration de l’antibiotique (Odds Ratio = OR = risque relatif rapproché = 0,70). Les auteurs canadiens ont identifié 16 études comparant l’administration seule ou associée à un antibiotique par voie locale au tarissement sur la prévalence ou l’incidence de nouvelles infections en début de lactation, ceci entre 1976 et 2020. Les résultats variaient selon l’agent pathogène responsable de la mammite en lactation. Ainsi les meilleurs résultats de prévention de nouvelles infections intramammaires en associant obturateur et antibiotique ont été observés avec les germes suivants : Streptococcus dysgalactiae (OR = 0,47), Streptocoques non « dysgalactiae » (OR = 0,60), Corynebacterium spp. (OR = 0,68), E. coli (OR = 0,62) et les Staphylocoques « coagulase-negative » (OR = 0,85). (Afifi et al, Preventive Veterinary Medicine, 2023, 213 : 105864 ; https://doi.org/10.1016/j.prevetmed.2023.105864).
PRODUCTION : production, qualité du lait et marqueurs métaboliques de santé
Cette étude montre que les variations de certains marqueurs métaboliques sanguins sont fortement associées aux caractéristiques de la production laitière, au pourcentage de lactose et d’urée dans lait, et qu’elles sont corrélées avec les critères de qualité technologique du lait. C’est une conclusion générale de cette étude observationnelle conduite par des équipes de scientifiques italiens sur la base d’un screening de 1.369 vaches laitières hautes productrices de race Holstein. Les auteurs ont analysé une série de 21 biomarqueurs du sang en les reliant à des paramètres de production laitière, de composition du lait et de qualité technologique du lait. Plus spécifiquement, des teneurs sanguines croissantes en métabolites proinflammatoires et constitutifs du stress oxydatif (céruloplasmine, haptoglobine, myéloperoxydase, …) ainsi que la réduction de quelques protéines de phase aiguë (albumine, paraoxonase) étaient associées à une diminution de la production laitière et du contenu énergétique quotidien du lait, une réduction du pourcentage de lactose et de la teneur d’urée dans la lait. (Giannuzzi et al, Journal of Dairy Science, 2023 ; 106 : 23546 ; https://doi.org/10.3168/jds.2023-23546).
MAMMITES : diversité des souches et transmission des pathogènes mammaires
Staphylococcus epidermidis et Staphylococcus hemolyticus ne sont pas des agents pathogènes mammaires qui répondent au modèle contagieux et leurs durées moyennes d’infection sont courtes, ce qui ne justifie pas a priori l’administration d’un traitement antibiotique intramammaire en cas de mammite. En revanche, les mammites induites par les 3 autres agents pathogènes mis en évidence dans l’étude ont une durée d’infection plus longue et rentrent en grande partie dans un modèle contagieux. Les auteurs ont suivi entre juin et octobre 2020 un élevage suédois de 250 vaches laitières avec des prélèvements de lait de quartier tous les 14 jours. Les souches bactériennes isolées lors d’infections intramammaires ont été séquencées. La diversité des souches dépendait du germe incriminé : 5 souches pour S. aureus avec une seule souche responsable de 80 % des infections avec cette bactérie ; 46 et 69 souches respectivement pour Staphylococcus epidermidis et Staphylococcus hemolyticus. Pour les 3 germes précités, la durée d’infection était respectivement de 80, 28 et 22 jours. La probabilité d’une infection persistante pour Streptococcus dysgalactiae et Streptococcus uberis était respectivement de 59 % (au-delà de 84 jours) et 53 % (au-delà de 70 jours). (Woudstra et al, Journal of Dairy Science, 2023, 106 (6) : 4214-4231 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-22942).
IMMUNITE : marqueurs métaboliques néonataux et performance ultérieure de la vache
Les cytokines pro-inflammatoires et les protéines de phase aiguë (APP) mesurées pendant la période néonatale peuvent être considérées comme de potentiels indicateurs de la santé et de la production des futures vaches laitières. La réponse inflammatoire en première semaine de vie serait plus corrélée à la réussite de la reproduction ultérieure, alors que la réponse inflammatoire sur les deuxième et troisième semaines de vie aurait plus d’influence sur les performances ultérieures de la vache laitière (croissance pondérale, âge au premier vêlage). Une équipe de scientifiques estoniens a suivi 117 veaux laitiers femelles d’un même élevage durant les 3 premières semaines de vie, en prélevant du sang chaque semaine pour doser des APP (haptoglobine, protéine sérum amyloïde A) et des cytokines pro-inflammatoires (IL-6, TNF-α). Les animaux ont été suivis jusqu’à leur première lactation afin de collecter des données de reproduction et performances. Parmi les nombreux résultats, les auteurs ont mis en évidence une corrélation négative entre la concentration en haptoglobine en deuxième semaine de vie et le gain moyen quotidien à 1 an d’âge. Les concentrations de cytokines pro-inflammatoires en première semaine de vie étaient associées à des risques plus élevés de problèmes reproducteurs en première lactation. (Loch et al, Journal of Dairy Science, 2021, 106 (9) : 6353-6364 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-22669).
ECONOMIE : longévité des vaches et performance économique du troupeau laitier
La longévité des vaches laitières (âge à la réforme, production laitière globale jusqu’à la réforme) n’est pas significativement associée à la marge brute des élevages laitiers néerlandais : les élevages avec une longévité élevée des vaches ne performent économiquement ni mieux ni moins bien que les élevages avec une longévité plus faible. Les économistes des Universités d’Utrecht et Wageningen ont analysé une base de données incluant 855 élevages laitiers entre 2007 et 2016. Un groupe de spécialistes de l’Université de Wageningen (Pays-Bas) a travaillé sur les données de 10.719 troupeaux laitiers néerlandais entre 2007 et 2016 avec les moyennes suivantes en termes de performances : âge des vaches à la réforme (5,87 ans), production laitière sur la carrière (31,87 tonnes/vache), taille moyenne d’élevage (89 vaches), marge brute (24,80 €/100 kg de lait). L’âge moyen des vaches à la réforme est resté stable sur 10 ans. La marge brute était plus élevée dans les élevages avec un sol sableux (versus non sableux : + 0,56€/100kg de lait), avec traite conventionnelle (versus robotisée : + 0,52€/100 kg de lait), avec un autorenouvellement (versus : achat du prétroupeau à l’extérieur : + 1,02€/100 kg de lait). (Vredenberg et al, Frontiers in Veterinary Science, 8 : 646672 ; https://doi.org/10.3389/fvets.2021.646672).
GP-FR-NON-240600018
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