Une autre façon de travailler avec les éleveurs pour le vétérinaire ruminant

Par Olivier CRENN, Clinique Vétérinaire Sud Mayenne

Le monde rural est en pleine mutation. Les exploitations grandissent, se spécialisent dans les productions, sont guidées par les nouvelles technologies. Les éleveurs sont de plus en plus formés et compétents dans leur domaine.

Et le véto dans tout ça, il fait quoi ?

Il doit « suivre » même si je n’aime pas ce terme car lorsque l’on suit on est déjà dépassé. Il se doit donc de devancer et anticiper. Le vétérinaire praticien a toute sa place dans les fermes d’aujourd’hui et de demain. D’un grand obstétricien et chirurgien le vétérinaire est devenu aussi un médecin et « le roi de la seringue ». Dans
notre activité l’urgence existera toujours mais elle diminue.

En cause : la compétence des éleveurs qui s’accroit (moins de petites visites), la génétique qui évolue (moins d’obstétrique), le développement des actions préventives (vaccinations, management, alimentation…) ? Et finalement, c’est aussi cela qui est motivant si le vétérinaire devient acteur de ces actions.

Pour y parvenir, il est nécessaire de construire une réelle relation de confi ance avec l’éleveur ou le manager de la ferme. Cette confiance passera bien entendu par notre métier de base (médecine et chirurgie) mais aussi par le fait de devenir l’interlocuteur privilégié dans l’élevage du fait de notre pluridisciplinarité. Cela
nécessite de s’intéresser à plusieurs domaine comme la reproduction, l’alimentation, la production laitière et la qualité du lait, le management des veaux, l’économie de la ferme, l’évolution à court et à long terme de l’élevage.

Il n’y a rien de plus gratifiant que d’être interrogé par l’éleveur sur ses projets d’investissement. Là, un vrai partenariat se crée. Cela passe par la mise en place d’une contractualisation de prestation qui sera adaptée en fonction de chaque structure mais surtout en fonction des besoins de l’éleveur.

L’image du véto s’en trouve changée

Fini d’appeler l’éleveur en numéro masqué, ces éleveurs-là disposent de la ligne directe (numéro de portable) et surtout n’en abusent pas. Il y a moins de relation mercantile à partir du moment où le partenariat reste le maître mot, mais il n’y a pas moins de business. Évidemment, les prix des médicaments doivent être dans le marché mais surtout le vétérinaire devient un décisionnaire de l’élevage et se fait payer pour son savoir et ses conseils. Enfin, le développement du marché de la diététique et de l’hygiène doit tenir une place dans les structures vétérinaires. Quel plaisir de travailler de la sorte, je ne conçois plus mon métier sans ces suivis et cette place privilégiée au sein des élevages.

Article extrait du MSD Mag n°15 – Mai 2018. Retrouvez l’intégralité du magazine ici.