Le stress thermique pénalise aussi la reproduction des élevages bovins en France

Dans les pays chauds, le stress thermique constitue l’un des principaux facteurs explicatifs de la baisse de fertilité observée chez les vaches laitières. Son impact est particulièrement marqué chez les femelles fortes productrices dont la capacité à tolérer les plus fortes températures est amoindrie, en particulier du fait de leur ingestion supérieure.

Le stress thermique est le plus souvent quantifié à l’aide de l’index THI (Temperature Humidity Index) calculé avec la formule de Kendall & Webster : THI = (1.8T+32) – ((0.55- 0.0055H) x (1.8T – 26)), avec T = température ambiante en degrés Celsius, et H = % d’humidité relative. Dans plusieurs études, il est considéré que la situation de stress thermique est présente dès que le THI atteint des valeurs ≥ 72, le seuil de 72 pour le THI équivalant à une température de 25°C et une humidité relative de 50%.

Niveau de stress thermique

Même si la plupart des études concernant le stress thermique ont été conduites dans des zones à climat chaud, tropical ou subtropical (Floride, Mexique, Sud-Ouest des USA, Australie, Israël), les valeurs de THI supérieures à 72 peuvent être atteintes sous des latitudes à climat plus tempéré. Une étude conduite en Allemagne en 2014 dans des conditions climatiques analogues à celles de la France  en témoigne : la valeur du THI a dépassé 72 au cours de 162 des 756 jours suivis, avec des conséquences défavorables sur les performances de reproduction. Pourtant,  la température horaire relevée pendant 2 ans et demi n’a jamais atteint 30°C.

C’est à partir d’une valeur du THI de 73 que la baisse de fertilité a été très prononcée. Pour une humidité relative de 80%, cette valeur de 73 pour le seuil du THI est atteinte dès lors que la température est au moins égale à 24°C, soit des conditions non exceptionnelles en pays tempéré.

Taux de gestation (%)

Les effets défavorables du stress thermique sur la reproduction ont été observés même pour des expositions courtes (1 heure) lorsqu’elles ont lieu le jour de l’insémination. Pour autant, en climat tempéré, le taux de gestation semble plus pénalisé suite à une longue exposition, avant ou après l’IA, plutôt qu’après l’atteinte ponctuelle d’une valeur élevée. Ce constat est cohérent avec le fait que les valeurs élevées du THI sont préjudiciables pour les follicules en cours de développement, bien avant la date d’ovulation, ainsi qu’en période post fécondation et péri-implantatoire de l’embryon.

Les vaches fortes productrices supporteraient moins bien les fluctuations du stress thermique (différences de température entre le jour et la nuit, variations marquées entre saisons) caractéristiques des zones tempérées que le stress thermique quasi continu des régions tropicales. D’où l’importance de soustraire autant que possible les vaches à l’effet du stress thermique, et donc à ses fluctuations, en zone tempérée : mise à disposition de zones ombragées, installation de dispositifs de ventilation voire de brumisation, …

La mise en œuvre de ces mesures préventives prend toute son importance avec l’augmentation constatée des températures estivales au cours des 20 dernières années en France.

D’après SCHÜLLER & al. Theriogenology 2014, 81 : 1050-1057