Alimentation des génisses, croissance et performances ultérieures de reproduction

Dans les systèmes d’élevage laitier avec vêlages saisonniers, selon les auteurs de la publication, les génisses ont généralement leur premier veau à un âge d’environ 24 mois. La première insémination peut être retardée pour les jeunes femelles nées en fin de période de vêlage, notamment si un poids suffisant n’est pas atteint (en moyenne 360 à 380 kg dans nos conditions d’élevage ; Le Cozler et al, 2008).

Cette étude a été conduite conjointement par Agrocampus Ouest (Rennes), l’Ecole Supérieure d’Agriculture (Angers) et l’Institut de l’élevage (Le Rheu). Le but était d’explorer les effets de programmes alimentaires en période d’élevage, avec un objectif de premier vêlage entre 20 et 27 mois d’âge, sur la croissance, les performances de production et reproduction de femelles laitières Holstein aux stades « nullipare » et « primipare ». L’hypothèse de départ était la suivante : dans une stratégie de vêlage groupé à l’automne, les génisses nées en fin de saison peuvent rattraper en croissance des femelles nées plus tôt et ainsi être inséminées sur une même période (à un poids vif d’environ 370 kg).

En tout, 217 génisses laitières Holstein nées sur une période de 3 ans, (en saison) avec des vêlages s’étalant de septembre à février, ont été suivies jusqu’à la synchronisation des œstrus (12 à 15 mois d’âge). Elles ont été réparties après la naissance en 3 groupes : deux groupes avec les futures génisses nées entre septembre et fin novembre, dont le premier (SD) recevait un régime alimentaire « témoin » sur 1 an et le deuxième (ID1) un régime alimentaire « intensif » jusque 6 mois (puis « témoin » de 6 à 12 mois) ; le troisième groupe (ID2 : femelles nées après la fin novembre) recevait un régime « intensif » jusqu’à 1 an d’âge. Sur la période du sevrage à 6 mois, la quantité de concentré était limitée à 2kg de matière sèche par animal et par jour pour le groupe SD ; les femelles des 2 autres groupes (ID1 et ID2) pouvaient consommer le concentré à volonté.

Parmi les nombreux résultats fournis par cette expérimentation, on peut retenir les plus importants :

  • Sur une base globale de 175 génisses ayant vêlé, celles nées tardivement (groupe ID2) ont rattrapé en partie en termes de croissance les femelles des 2 autres groupes (SD et ID1) : la différence de poids vif a été en moyenne de près de 42 kg au premier vêlage (501 versus 542 et 534 kg).
  • On n’a pas observé de différence significative entre les 3 groupes quant aux performances de reproduction : intervalle œstrus 1ère IA, taux de réussite à la 1ère IA, taux de gestation.
  • Une fois primipares, les femelles nées tardivement ont eu tendance à produire moins de lait que les autres vaches (différence de 400 kg sur la lactation entière). Cependant, aucune différence n’est constatée à ce stade sur poids vif, état corporel, ingéré alimentaire et qualité du lait.

Un classement des femelles laitières a été réalisé a posteriori en fonction de l’âge à la 1ère insémination. Ainsi les génisses inséminées en moyenne à 12,5 mois d’âge par rapport à celles inséminées à 14 ou 15,5 mois ont eu :

  • Une meilleure croissance,
  • Un pic de première lactation moins élevé (différence de 1,5 kg/jour),
  • Les mêmes performances de production : quantité de lait sur la lactation entière, qualité du lait, poids vif, état corporel et ingéré alimentaire.

En conclusion, il est possible, via le régime alimentaire en période d’élevage, de permettre aux génisses nées en fin de saison de vêlage de rattraper en termes de croissance les femelles nées plus tôt, ce qui entraîne un âge au premier vêlage plus précoce, sans dégradation des performances de reproduction et production. Augmenter la croissance de génisses laitières diminue leur âge à la puberté, réduisant ainsi leur âge au premier vêlage et raccourcissant donc la période d’élevage non productive.

Résumé Publication “Effects of feeding treatment on growth rates and consequences on performance of 1 primiparous Holstein dairy heifers.”

Le Cozler Y., Jurquet J., Bedere N.

bioRxiv. September 2019. Preprint.

GP-R-FR-NON-191100042