Brèves de traite – juin 2020

MAMMITES : biomarqueurs urinaires des mammites subcliniques

L’urine des vaches laitières peut être utilisée avant l’entrée en période de tarissement, avec une précision élevée, pour estimer leur prédisposition aux mammites subcliniques. L’objectif de l’étude canadienne était de suivre des métabolites urinaires avant, pendant et après l’apparition de mammites subcliniques chez des vaches laitières. Les auteurs ont inclus en tout 20 vaches « témoins » et 6 vaches atteintes de mammite subclinique.  Une méthode d’analyse qui combine les performances de la chromatographie en phase liquide et de la spectrométrie de masse a mesuré 186 métabolites urinaires à divers moments : 8 et 4 semaines avant vêlage, lors du diagnostic de mammite et 4 puis 8 semaines après vêlage. Au total, 5 métabolites urinaires, particulièrement la diméthylarginine (SDMA), ont été associés à la pathologie mammaire et ont été retrouvés à tous les stades de contrôle. Ces biomarqueurs urinaires pourraient être utilisés dans le screening des vaches laitières autour du vêlage pour le suivi et le diagnostic des mammites subcliniques. Un nouveau test potentiel de diagnostic en élevage pourrait aider le vétérinaire dans sa décision de prescrire un traitement sélectif au tarissement. (Zwierzchowski et al, Research in Veterinary Science, January 2020, in press).

 VEAU LAITIER : une forte prévalence de cryptosporidies à potentiel zoonotique

La forte prévalence d’infection des veaux français avant sevrage par des cryptosporidies à caractère zoonotique confirme que ces animaux doivent être considérés comme une source réelle d’infection et un réservoir potentiel pour les infections humaines à Cryptosporidium parvumL’objectif de cette étude réalisée par des équipes françaises était de détecter, isoler et typer des cryptosporidies (Cryptosporidium spp.) à partir de prélèvements fécaux de veaux infectés avant sevrage (≤ 45 jours d’âge) en France. Des fèces de 35 veaux diarrhéiques infectés ont été collectés dans 26 élevages laitiers répartis dans 6 départements (Est, Centre et Sud de la France). La présence des oocystes était révélée au microscope par une méthode basée sur l’immunofluorescence. Puis les échantillons positifs étaient analysés par PCR et un séquençage était opéré pour déterminer les espèces. Sur les 35 prélèvements, 31 se sont révélés positifs, dont 30 ont permis d’identifier Cryptosporidium parvum. Enfin, 27 prélèvements, soit 90 % des isolats de C. parvum, ont conduit à la caractérisation de 2 sous-types : IIa (24/27) et IId (3/27), qui sont connus pour être à fort caractère zoonotique. Cette étude souligne une forte prévalence ainsi qu’une diversité moléculaire élevée des isolats de cryptosporidies, d’où la nécessité de réaliser des enquêtes épidémiologiques dans d’autres régions françaises pour confirmer ces observations. (Mammeri et al, Veterinary Parasitology, Regional Suties and Reports, 2019, 100323).

TRAITE : évaluer le comptage cellulaire sur les vaches hors lactation

Une concentration significativement supérieure en cellules somatiques est mise en évidence dans les sécrétions mammaires des vaches hors lactation par rapport au lait (vaches en lactation) ; la dilution de ces sécrétions influence la précision des estimations quantitatives en cellules. Ce travail de collaboration entre 3 universités américaines visait à évaluer les méthodes de quantification des cellules somatiques, développées à l’origine pour le lait, dans leur capacité à réaliser le comptage cellulaire sur les sécrétions mammaires de vaches hors lactation. Deux expérimentations ont été conduites sur des vaches de races Holstein et Jersiaise taries et non gestantes : la première a analysé 222 sécrétions mammaires diluées au 1:10 et quantifiées soit au microscope, soit avec le compteur cellulaire DCC (DeLaval) ; la seconde a concerné 72 sécrétions mammaires diluées au 1:50 et analysées avec les 2 méthodes précédemment évoquées mais aussi à l’aide d’un autre compteur commercial : Fossomatic FC (Foss). Au final, la meilleure concordance entre quantification des cellules somatiques par analyse microscopique et à l’aide d’un compteur commercial a été trouvée pour la technologie Fossomatic, après une dilution au 1:50. Il conviendrait cependant d’affiner le taux de dilution optimal pour quantifier les cellules des sécrétions mammaires « hors lactation ». En pratique, le développement d’une méthode standardisée de quantification des cellules somatiques, via un compteur automatique rapide, sur les sécrétions de vaches « hors lactation » (génisses, vaches taries), favoriserait la détection de mammites sur ce type de femelles.(Enger et al, Preventive Veterinary Medicine, 2020, 174, 104775).

REPRODUCTION : étiologie des avortements dans les troupeaux laitiers danois

Les infections par des Protozoaires, dont essentiellement la néosporose, sont la cause majoritaire d’avortement dans les troupeaux laitiers danois et constituent la seule étiologie reliée à un caractère abortif potentiellement épizootique. Les données de l’Institut National Vétérinaire Danois, issues des analyses sur prélèvements d’avortons (43-260 jours de gestation) ou de morts-nés (≥ 260 jours de gestation), ont ainsi concerné 162 cas d’élevage entre janvier 2015 et juin 2017. Dans la majorité des cas, le fœtus entier était récupéré, mais seuls la tête et les organes fœtaux étaient envoyés au laboratoire. L’étiologie exacte des avortements n’a pu être déterminée que dans 52 cas, soit pour 33 % des cas étudiés avec la répartition suivante : protozooses (19 %), Trueperella pyogenes (3%), Staphylococcus aureus (2%) et Escherichia coli non hémolytique (2%). Dans 38 % des cas, une inflammation du placenta ou des organes fœtaux a été observée, sans identification d’une étiologie précise. Il n’a pas été mis en évidence d’avortement en lien avec la brucellose ou l’infection par le virus du BVD. Pour 92 % des 116 élevages, sur la période d’étude, moins de 3 avortons par élevage ont été soumis au laboratoire. (Wolf‑Jäckel et al, Acta Veterinaria Scandinavica, 2020, 62 : 1).

ENVIRONNEMENT : évolution de l’impact environnemental de la production laitière en    Californie

L’empreinte carbone de la production laitière en Californie a été considérablement réduite au cours des 50 dernières années, avec une diminution de 45 % de la quantité de gaz à effet de serre par kg de lait. L’objectif des scientifiques de l’Université de Davis (Californie) était d’évaluer l’impact environnemental de la production laitière régionale (émissions de gaz, utilisation des ressources en eau et surfaces agricoles) sur une période de 50 ans (1964-2014). La production de gaz carbonique (CO2) générée par 1 kg de lait (corrigé par les niveaux en énergie et protéine) a été réduite, en fonction des modèles, de 45,0 à 46,9 % sur la période d’étude. Il en a été de même pour l’émission de méthane (par kg de lait « corrigé »), diminuée de 54,1 à 55,7 % entre 1964 et 2014. La baisse a été moindre pour les gaz à effet de serre issus des effluents (- 8,7 à 11,9 %). L’utilisation des ressources a été moins intensive : pour l’eau (- 88,1 à 89,9 %) grâce à une meilleure exploitation (management et génétique des cultures végétales) ; pour la terre (- 89,4 à 89,7 %) grâce à une amélioration importante des rendements des cultures. En ce qui concerne la production laitière par vache, ce sont la génétique, la conduite de l’alimentation et la gestion de la santé qui ont significativement contribué à la réduction des émissions de gaz et à l’amélioration de l’usage des ressources en eau et surfaces agricoles. (Naranjo et al, Journal of Dairy Science, 2019, 103, 16576).

NUTRITION : supplémentation en choline et performances en lactation

Une supplémentation en choline protégée durant la période de transition améliore les performances des vaches laitières (niveau de production et qualité du lait) durant la lactation.  L’objectif de cette méta-analyse réalisée par une équipe américaine était d’évaluer les effets d’une supplémentation en choline protégée (« bypass » au niveau du rumen), notamment en phase prépartum, sur la production et la santé des vaches laitières en période de lactation. En complément, les auteurs souhaitaient identifier la dose optimale en choline et la variation des effets de la supplémentation en fonction des niveaux en énergie et acides aminés de la ration. Dans les expérimentations retenues pour l’étude, la dose de choline protégée variait de 5,6 à 25,2 grammes par jour, pour une durée de supplémentation respectivement de 22 jours et 57 jours en périodes pré-et post-partum. Augmenter la supplémentation en choline en période de transition permet d’accroitre l’ingéré en matière sèche avant et après vêlage, le niveau de production laitière, les taux butyreux et protéique du lait ; un autre effet serait la réduction des risques de rétention placentaire et de mammite. La dose optimale de choline supplémentée est estimée à environ 12,9 grammes par jour.  Cependant, une diminution des effets de la supplémentation en choline sur les performances laitières a été rapportée avec l’accroissement des teneurs en méthionine des régimes post-vêlage. La majorité des publications concernaient les vaches multipares : il conviendrait d’explorer les effets de cette supplémentation sur les primipares. (Arshad et al, Journal of Dairy Science, 2019, 103 : 282-300).

SANTE : marqueurs métaboliques des pathologies du péripartum

L’albumine et le cholestérol plasmatiques sont les principaux prédicteurs métaboliques des maladies de transition (autour du vêlage) chez la vache laitière :  c’est la principale conclusion d’une étude conduite entre octobre 2014 et septembre 2015 dans un élevage brésilien de 700 vaches laitières en stabulation libre (niveau de production laitière = 8.000 kg par lactation).  L’objectif de l’expérimentation était de déterminer et comparer la valeur prédictive de marqueurs métaboliques sanguins (Acides Gras Non Estérifiés, β-hydroxybutyrate, cholestérol, albumine et calcium) des maladies de la période de transition des vaches laitières. Au total, 126 primipares et 182 multipares ont été suivies sur les aspects zootechnique et sanitaire de 3 semaines avant jusque 4 semaines après vêlage. L’incidence des pathologies dans cet élevage a été la suivante, indépendamment de la parité : 27 % pour les métrites, 17 % pour les rétentions placentaires, 15 % pour les mammites. L’incidence des hypocalcémies subcliniques a été significativement plus élevée chez les multipares par rapport aux primipares. Pour les vaches multipares, les concentrations plasmatiques en albumine ont été prédictives : 2 semaines avant le vêlage pour les métrites ; 1 et 2 semaines avant la part pour les retentions placentaires. Le cholestérol plasmatique s’est révélé un bon prédicteur des mammites, lors des contrôles réalisés 1 et 2 semaines avant puis le jour du vêlage. (Ruprechter et al, Research in Veterinary Science, 2018, 118 : 191-198).

BREBIS LAITIÈRE : mammites subcliniques et production laitière

Les pertes estimées en production laitière suite à des épisodes de mammites subcliniques varient de 2,6 à 43,1 % en fonction de la sévérité de l’infection, du niveau de production, des agents pathogènes en cause et de l’atteinte de la mamelle (unilatérale ou bilatérale).  Les auteurs espagnols ont effectué une synthèse des connaissances scientifiques sur les conséquences des mammites subcliniques sur la production et la technologie du lait de brebis. Les conséquences défavorables de cette pathologie mammaire sur la production laitière sont croissantes avec l’avancée de la lactation. Lors d’une infection intramammaire unilatérale, une compensation en termes de production laitière estimée en moyenne à 6,6 % est citée par les auteurs pour la glande non infectée, ceci en comparaison de mamelles de brebis saines. Au niveau de la qualité du lait, les mammites subcliniques entrainent une diminution de la concentration de lactose et du ratio caséine/protéine du lait, ainsi qu’un accroissement de la protéolyse. La baisse du lactose est associée à une augmentation du pH du lait, ce qui affecte la technologie laitière. Au niveau des fromages, on observe, suite aux épisodes de mammites, une baisse de la matière sèche ainsi que des taux de matières utiles (grasses et protéiques). (Marti-de Olives et al, Small Ruminant Research, December 2019, In press).

ANTIBIORÉSISTANCE : profil d’antibiorésistance de souches de S. aureus isolées de mammites cliniques

La prévalence de la multirésistance aux antibiotiques de souches de Staphylococcus aureus isolées à partir de mammites cliniques est globalement faible.  L’objectif de la publication était de déterminer le profil de sensibilité aux antibiotiques, la présence de gènes de résistance et de virulence de 93 souches de Staphylococcus aureus isolées de mammites dans 6 pays (Allemagne, Italie, USA, Argentine, Brésil, Afrique du Sud). L’évaluation des CMI a été réalisée vis-à-vis de 16 antibiotiques différents. La recherche de 6 gènes de résistance et de 6 gènes associés de virulence a été effectuée grâce à des techniques PCR. Les profils de résistance les plus élevés ont été observés pour la pénicilline (19,4 %) et l’érythromycine (22,6 % dont 17,2 % « intermédiaire »). La sensibilité s’est révélée élevée pour les céphalosporines (96,8 %) et à l’association amoxicilline-acide clavulanique (100 %). Les gènes de résistance les plus fréquemment isolés ont été les gènes blaZ (46,2 %) et erm (32,3 %).  Quant aux gènes de virulence, la prévalence la plus élevée a été observée pour les gènes hla (100 %), hlb (84,9 %) et sea (65,6 %). La détection de gènes de résistance aux antimicrobiens ne correspondait pas toujours avec l’apparition d’une résistance phénotypique aux antibiotiques en élevage. (Monistero et al, Journal of Dairy Science, January 2020, 10, In press).

BIEN-ÊTRE : hiérarchisation des facteurs de stress thermique 

La température de l’air est le facteur de stress thermique qui a le plus d’effets physiologiques défavorables sur la vache laitière, contrairement à la vitesse du vent qui influe peu sur ces paramètres. Les auteurs américains ont utilisé des algorithmes afin d’évaluer l’influence de facteurs de stress thermique « chaud » (température de l’air, humidité relative, rayonnement solaire, vitesse du vent) sur les réponses physiologiques des vaches laitières (rythme respiratoire, températures cutanée et vaginale). La base de données étudiée provenait d’une étude réalisée par l’Université de Davis en Californie, sur 19 vaches laitières Holstein, avec des mesures et enregistrements sur une période de 21 jours. La hiérarchisation des facteurs de stress thermique, seuls ou en interactions, a conclu à l’importance en premier lieu de la température de l’air par rapport aux 3 autres paramètres physiologiques mesurés. Cette prédominance est très marquée pour le rythme respiratoire et la température cutanée ; pour la température vaginale, on peut souligner également l’impact élevé de la température de l’air en association avec l’humidité relative, ainsi que du rayonnement solaire seul. Ces résultats peuvent permettre aux éleveurs d’anticiper des situations de stress lié à de fortes chaleurs par des mesures adaptées. (Gorczyca et al, Computers and Electronics in Agriculture, 2020, 168, 105124).

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