Brèves de traite – octobre 2019

TRAITEMENT : aspects économiques du traitement sélectif au tarissement

L’impact économique d’une amélioration de la santé de la mamelle, à travers l’incidence des mammites cliniques et le niveau de comptage de cellules somatiques (CCS), est plus important que l’effet du type d’approche de traitement au tarissement : c’est la principale conclusion de cette publication néerlandaise dont l’objectif était d’identifier le meilleur scénario de réduction des coûts liés aux mammites en période de tarissement. La réduction des cas de mammite clinique semblait plus intéressante d’un point de vue économique que la diminution des taux cellulaires (CCS). La différence en termes économiques était faible entre les deux approches de traitement au tarissement (systématique versus sélectif), même si l’avantage sur les différents types d’élevages laitiers étudiés est en faveur de l’approche « individualisée ». Le profit lié à une approche de traitement sélectif au tarissement est d’autant plus grand que l’incidence des mammites cliniques et des CCS élevés est faible. L’intérêt économique n’est pas un argument en faveur de la réduction des antimicrobiens chez la vache tarie par application d’un traitement sélectif au tarissement. (Scherpenzeel et al, Journal of Dairy Science, 2017, 101 : 1530-1539).

NUTRITION : restriction alimentaire et baisse de production laitière

Une restriction alimentaire sur des vaches en lactation est associée à un taux élevé d’exfoliation des cellules épithéliales mammaires : l’objectif de cette publication issue de la collaboration entre des équipes française (INRA) et suisse était de clarifier les mécanismes expliquant la baisse de production laitière consécutive à une restriction alimentaire des vaches laitières. Les vaches étaient nourries soit ad libitum (lot témoin), soit à 80 % du niveau « à volonté » sur une période de 29 jours en début de lactation puis revenaient toutes à 100 % du niveau ad libitum sur une phase de 35 jours. L’impact de la restriction alimentaire sur la production laitière a été évalué à 3 kg de lait par jour ; mais aucun effet n’a été mesuré sur les taux de prolifération et d’apoptose au niveau du tissu mammaire, ainsi que sur l’expression des gènes impliqués dans la production de lait. Par contre, le taux quotidien d’exfoliation des cellules épithéliales mammaires a été 65 % plus élevé sur les vaches restreintes par rapport aux vaches « à volonté ». Enfin, aucune différence n’a été observée sur la production laitière et le taux d’exfoliation cellulaire entre les 2 lots après le retour à une alimentation ad libitum. (Herve et al, Journal of Dairy Science, 2018, 102 : 1-16).

DIAGNOSTIC: tests de diagnostic d’une infection mammaire à   Staphylococcus aureus

La PCR quantitative en temps réel sur laits de mélange comme test de screening en routine, la culture bactérienne sur laits de quartier en test de confirmation : ce sont les recommandations pratiques en élevage issues de cette récente publication danoise pour le diagnostic des infections mammaires à Staphylococcus aureus.  En effet, sensibilité et spécifité sont significativement diminuées pour les prélèvements de lait à l’échelle de la vache en comparaison du quartier, de manière plus accentuée pour la culture bactérienne en comparaison de la PCR en temps réel (qPCR). Cependant, l’obtention de prélèvements de laits de mélange (par vache) étant plus facile et moins coûteuse en élevage, la plus forte sensibilité de la méthode qPCR (par rapport à la bactériologie classique : 82,7 % versus 62,2 %) mérite son utilisation en test de screening de routine. (Toft et al, Preventive Veterinary Medicine, May 2019, In press).

REPRODUCTION : profils métaboliques et performances de reproduction

Les profils métaboliques précédant la mise à la reproduction différent significativement entre vaches laitières primipares ou multipares et génisses nullipares. Des chercheurs canadiens ont réalisé des profils métaboliques sur vaches laitières (entre 3 semaines avant et 12 semaines après vêlage) et génisses (dans les 4 semaines précédant la mise à la reproduction). Au niveau performances, a été mise en évidence une tendance à un plus faible taux de gestation chez les primipares et multipares en comparaison des nullipares. Il existe des différences significatives sur certains marqueurs métaboliques et oxydatifs entre vaches laitières et génisses :  acide β-hydroxybutyrique, acides biliaires, cholestérol total, lipoprotéines à faible et haute densités (LDL, HDL) (plus élevés chez les vaches) ; glucose, triglycérides, lipoprotéines à très faible densité (VLDL) (plus élevés chez les génisses). Le pouvoir antioxydant mesuré par la méthode FRAP s’est révélé plus élevé chez les vaches par rapport aux génisses. (Schuermann et al, Theriogenology, 2019, 131 : 79-88).

LOCOMOTION : boiteries, comportement de couchage et météorologie sur les vaches en pâturage

L’effet du statut sanitaire en termes de boiterie sur le comportement de couchage des vaches laitières en conditions de pâturage est significativement associé aux précipitations (pluies). C’est une étude de terrain réalisée au Brésil en partenariat avec une équipe canadienne qui arrive à cette conclusion, soulignant l’importance des conditions météorologiques (pluies) sur le comportement de couchage en relation avec le score de boiterie. Les vaches à boiterie « chronique » ont des temps et nombres d’épisodes de couchage réduits lors de journées pluvieuses par rapport à des journées sans précipitations.  Les précipitations sont associées d’une part à une réduction du temps journalier consacré au couchage ainsi qu’au nombre moyen d’épisodes de décubitus par jour, mais d’autre part à une augmentation de la durée moyenne de chaque épisode. (Thompson et al, Journal of Dairy Science, 2019, 102 : 6373-6382).

BIEN-ÊTRE : impact d’un contact prolongé vache-veau sur comportement, bien-être et productivité

 Un contact prolongé entre vache et veau post-vêlage aurait des effets défavorables en termes de stress aigu lié à la séparation et de niveau de production laitière à court terme, favorables en termes de comportement social, de bien-être et de croissance du veau : des universitaires anglais et canadiens ont réalisé une revue bibliographique très large sur les conséquences comparées d’une séparation précoce (dans les heures ou jours suivant le vêlage, technique majoritairement appliquée en élevage laitier) et d’un contact prolongé entre vache et veau. Les conclusions de cette méta-analyse sont parfois difficiles à tirer sur les critères de comportement ou de bien-être animal à long terme. En revanche, un contact prolongé (période de têtée allongée) entre mère et veau n’aurait un impact négatif que sur la quantité de lait produite seulement sur la période d’allaitement, mais pas sur la carrière laitière à moyen ou long terme. Les autres bénéfices de cette extension de contact vache/veau seraient d’ordre comportemental (interactions sociales chez le veau) et zootechnique (croissance pondérale du veau). Un contact mère/veau limité diminuerait la réponse aiguë quant au stress lié à cette séparation précoce. (Meagher et al, Journal of Dairy Science, 2019, 102, 5765-5783).

SOCIOLOGIE : consommation de produits laitiers et santé humaine

 La consommation de produits laitiers est associée à un plus faible risque de mortalité et d’apparition de maladies cardiovasculaires majeures au sein de populations diverses au niveau géographique : c’est la conclusion globale d’une étude épidémiologique internationale qui a étudié des populations d’individus âgés de 35 à 70 ans, provenant de 21 pays différents sur les 5 continents (soit plus de 136.000 personnes).  Une consommation quotidienne de 2 portions de produits laitiers (lait, yaourt, fromage) par rapport à l’absence de consommation est associée à un moindre risque sanitaire sur les critères suivants : mortalité totale, mortalité d’origine cardiovasculaire ou non, maladies cardiovasculaires majeures et « attaques ». Cet impact favorable est également observé en cas d’ingestion quotidienne d’une seule portion de lait ou de yaourt en comparaison de l’absence de consommation. (Dehghan et al, Lancet, 2018, 392,2288-2297).

IMMUNITE : management, climat et qualité du colostrum 

La qualité du colostrum est plus influencée par la quantité produite de ce « premier lait » et la parité que par la longueur de la période de tarissement et les conditions climatiques (température, humidité) : l’objectif de l’étude menée par l’Université de Vienne (Autriche) a été d’évaluer l’influence des conditions climatiques (température ambiante et humidité relative) sur la qualité du colostrum, en parallèle avec d’autres facteurs de management (parité, état corporel, période de tarissement, ration antepartum, niveau de production laitière, TB et TP, concentration en cellules somatiques du lait, …). Les auteurs ont collecté des données sur 1.381 vaches laitières Holstein, sur une période d’un an (août 2014 à août 2015). Le colostrum était récolté dans l’heure suivant le vêlage. Qualité et quantité de colostrum étaient évaluées à l’aide d’un réfractomètre Brix. La qualité du colostrum augmentait avec la parité et la longueur de la période de tarissement, diminuait avec la quantité de colostrum, l’humidité relative et le nombre d’heures pour lequel l’index température-humidité (THI) était élevé. Une analyse basée sur la régression linéaire a classé les différents facteurs selon l’importance de leur influence sur la qualité du colostrum : quantité de colostrum, parité, durée de la période sèche, facteurs climatiques (température, humidité). (Zentrich et al, Journal of Dairy Science, 2019, 7453-7458).

MAMMITES : impact des mammites à Streptocoques et Colibacilles sur   les performances de reproduction

Les mammites induites par des Streptocoques altèrent plus significativement la fertilité des vaches laitières (et donc le pourcentage de femelles en fin de lactation qui ne deviennent pas gestantes) que celles provoquées par des Colibacilles : deux études épidémiologiques menées par des scientifiques israéliens ont inclus respectivement 52.202 vaches laitières Holstein provenant de 178 élevages, 778 femelles laitières issues de 6 élevages. Etaient séparées les vaches infectées (mammites) avant la 1ère IA soit par des Streptocoques (lot STR), soit par Escherichia coli (lot ECO) ; des lots témoins non infectés étaient conservés.  Etaient notamment mesurés en termes de reproduction le taux de gestation après 1ère IA (P/1stAI) et le taux de gestation à 300 jours de lactation (PREG300). Dans les 2 études, le critère PREG300 a été significativement inférieur pour les vaches infectées STR en comparaison des vaches infectées ECO. Le critère P/1stAI avant et après cyclicité était également plus bas dans le lot STR comparé au lot ECO, ceci dans la seconde étude. Enfin la prévalence des infections utérines postpartum était plus élevée chez les vaches infectées STR, même si aucune différence au final avec le lot ECO a été relevé sur les critères P/1st AI et PREG300. Enfin le nombre moyen d’IA par gestation était plus élevé pour les lots infectés (mammites) que pour le lot témoin non infecté. (Lavon et al, Journal of Dairy Science, August 2019, In press).

VEAU LAITIER : lactoferrine, diarrhées et mortalité des veaux laitiers

La lactoferrine n’apporte aucun bénéfice dans le traitement des diarrhées du veau laitier : c’est la conclusion d’un essai clinique randomisé conduit par l’Université de l’Ohio dans 5 élevages laitiers de cet état américain. L’objectif était de confirmer ou non l’intérêt de la lactoferrine (protéine assurant le transport du fer et présente par ailleurs dans le colostrum) dans le traitement des diarrhées néonatales du veau laitier. Au total, 485 veaux de moins de 21 jours, diagnostiqués avec une diarrhée modérée à sévère ont été répartis dans 2 lots : lot traité (lactoferrine per os : 3 grammes de poudre dans 30 ml d’eau), lot témoin (30 ml d’eau par voie orale), ceci pendant 3 jours consécutifs. Le suivi sanitaire a été assuré dans les 35 jours suivant le diagnostic. L’âge moyen des veaux à l’inclusion était de 11 jours, pour une fréquence moyenne de 51-52 % de diarrhées sévères pour les 2 lots. La fréquence de la clinique (diarrhée, déshydratation, abattement, signes respiratoires) après traitement n’était pas différente entre les 2 lots. Aucune différence n’a été observée sur la mortalité (et la réforme dans les 120 jours suivant le diagnostic) entre les lots traité (10,7 %) et témoin (9,9 %). (Pempek et al, Journal of Dairy Science, August 2019, 102, In press).

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