Brèves de traite – septembre 2021

ANTIBIORÉSISTANCE : présence de SARM dans le lait de tank

Dans le contexte laitier britannique, la prévalence des SARM (souches de staphylocoque doré résistantes à la méticilline) a globalement diminué en 5 ans (5 % des élevages), ainsi que celle des souches potentiellement zoonotiques (< 1 %) ; mais la publication a souligné une forte diversité des gènes de résistance à la méticilline. L’objectif de cette étude était d’établir la prévalence ainsi que les caractéristiques des SARM (incluant celles à potentiel zoonotique) dans les élevages laitiers d’Angleterre et du Pays de Galles. L’enquête a été réalisée entre 2015 et 2016 dans 363 élevages laitiers. Des prélèvements de lait de tank avaient pour objet d’isoler puis de caractériser par séquençage les isolats de staphylocoques résistants. Dans 5 % des fermes (prévalence en baisse par rapport à l’enquête précédente réalisée en 2011-2012), ont été isolées des souches résistantes à la méticilline appartenant à 6 espèces de staphylocoques (dont Staphylococcus aureus). Ce sont les allèles mecA et mecC qui ont été le plus fréquemment caractérisés à partir de ces souches. Des souches de S. aureus résistantes à la méticilline (SARM) à caractère zoonotique ont été isolées dans 0,83 % des élevages. Enfin les auteurs ont mis en évidence un transfert horizontal de gènes mec entre les différentes espèces de staphylocoques. (Fisher & Paterson, Journal of Global Antimicrobial Resistance, 2020, 22 : 139-144).

TRAITE : Baisse de production laitière due aux traitements de mammites en robot de traite

Les pertes en lait, suite au traitement d’infections intramammaires, sont très variables (influence de la parité et du stade de lactation) : à l’échelle de la vache, entre 5 jours avant et jusque 30 jours après le premier traitement de mammite, les pertes de lait sont estimées en moyenne à 164 kg (avec une médiane à 101 kg). Les auteurs belges de cette publication ont analysé les pertes de lait à partir d’une base de 4 553 cas d’infection intramammaire de vaches laitières, ceci dans 41 élevages équipés de robots de traite.  Les pertes les plus importantes ont été observées sur les vaches multipares, au pic de lactation. En proportion, les pertes les plus importantes étaient relevées le jour du traitement, avec souvent un non-retour à une production laitière normale 30 jours après le début du traitement. Dans les deux tiers des cas, la production laitière était déjà affectée le jour du traitement. Les effets étaient par ailleurs différents selon les quartiers et selon le statut infecté ou non : les pertes ont été estimées à 50 et 59 kg respectivement pour les quartiers infectés avant et arrière versus 25 et 26 kg pour les quartiers non infectés avant et arrière. En moyenne, les pertes de lait (valeurs médianes) étaient 20 % plus importantes sur les quartiers infectés par rapport à ceux qui étaient sains. Cette étude confirme l’impact élevé des infections intramammaires sur la production laitière, avec de larges variations nécessitant un enregistrement par quartier dans les élevages équipés de robots de traite. (Adriaens et al, Livestock Science, 2021, bioRxiv preprint doi: https://doi.org/10.1101/2021.01.04.425263).

TARISSEMENT : conséquences à court et moyen terme du traitement sélectif

L’interdiction du traitement antibiotique systématique au tarissement et la mise en place d’une stratégie de traitement sélectif aux Pays-Bas sont associées à une réduction importante de la prescription d’antibiotiques sans impact sur la santé mammaire à une échelle nationale : c’est la conclusion d’une étude réalisée par des spécialistes néerlandais dont l’objectif était d’évaluer l’interdiction du traitement systématique au tarissement et l’adoption du traitement sélectif sur les niveaux d’antibiotiques prescrits au tarissement et sur la santé mammaire. Les auteurs ont comparé la période allant jusqu’à la date d’interdiction du traitement systématique (2013) avec la période consécutive (2014-2017). La base de données a inclus 17.000 élevages laitiers néerlandais pour 1,67 millions de vaches. Depuis l’interdiction de 2013, l’étude conclut à une diminution respectivement de 63 et 15 % sur l’usage des antimicrobiens au tarissement et pour les infections intramammaires au sens large. A été même observée une amélioration de six critères de santé mammaire entre 2014 et 2017. En revanche, une légère augmentation (+ 0,41 %), significative, de la proportion de vaches avec une concentration en cellules somatiques du lait (CCS) élevée (≥ 200.000 cellules/mL) a été notée. Le risque dans un élevage de dépasser 25 % de vaches multipares avec un CCS élevé en début de lactation suivante s’est accru (odds ratio = 1.23). (Santman-Berends et al, Journal of Dairy Science, 2021, 104 : 2, 2280-2289).

TARISSEMENT : influence de la durée de la période sèche sur quantité et qualité du lait lors de la lactation suivante

Les quantités de lait, les niveaux de protéines et de matières grasses du lait sont substantiellement plus faibles pour des durées de période sèche inférieures à 50 jours. C’est la principale conclusion d’une vaste étude rétrospective menée par des scientifiques américains qui ont analysé une base de plus de 1 million d’enregistrements de productions laitières sur plus de 7.000 élevages entre 2014 et 2015. Les vaches incluses dans l’étude avaient une durée de tarissement comprise entre 21 et 100 jours. Les auteurs ont développé des modèles prédictifs incluant la production de lait suivant la période sèche (305 jours « standard ») ainsi que les niveaux de MP et MG sur cette même lactation. Les déviations de quantité de lait produite étaient négatives et de manière croissante pour les durées de période sèche de moins de 50 jours : selon les modèles de prédiction, les baisses par lactation (en fonction de la durée de tarissement) s’échelonnaient entre 43 et 53 kg de lait (lactation 305 jours), entre 1,28 et 1,71 kg de matières grasses, entre 1,06 et 1,50 kg de matières protéiques. Au-delà du seuil de 50 jours de tarissement, ces niveaux augmentaient de manière positive et croissante, avec les valeurs les plus élevées pour une période sèche de 100 jours. (Pattamanont et al, Journal of Dairy Science, 2020, 104 : 486-500).

MAMELLE : relation entre déficit énergétique et infection intramammaire

Les vaches laitières ayant un déficit énergétique important en début de lactation ont une tendance à avoir de plus faibles valeurs de concentration en cellules somatiques (CCS) en comparaison de leurs congénères sans carence énergétique ; la relation entre déficit énergétique en début de lactation et apparition de mammites cliniques n’est pas claire. Des scientifiques de l’Université de Cornell (USA) ont analysé les données de 396 vaches laitières Holstein multipares provenant de 2 élevages situés près de New-York. Un déficit énergétique important était diagnostiqué notamment sur la base des critères analytiques suivants : β-hydroxybutyrate (BHB) sanguin ≥ 1.2 mmol/L, BHB dans le lait ≥ 0.14 mmol/L, Acides Gras Non Estérifiés du sang ≥ 0.55 mmol/L, pourcentage d’acides gras dans le lait ≤ 22,7 %. Le suivi de tous les paramètres biochimiques ou cellulaires (sang ou lait) s’est déroulé sur une période allant de 3 à 18 jours de lactation. La plus faible proportion de cellules somatiques du lait chez les vaches en déficit énergétique peut s’expliquer par une diminution de la réponse immunitaire au niveau de la glande mammaire. Ont été également observées des valeurs de CCS plus élevées chez les vaches multipares de parité égale ou supérieure à 4, en comparaison de vaches de rangs inférieurs. Les critères BHB dans le sang et dans le lait restent préférables aux autres paramètres dans l’appréciation de la relation entre déficit énergétique et CCS. (Bach et al, Journal of Dairy Science, 2020, 104 : 18432). Disponible à : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0022030220309346.

 SANTÉ : marqueurs biochimiques et troubles du péripartum

Les concentrations en β-carotène, rétinol et α-tocophérol peuvent servir de biomarqueurs pour appréhender le risque de trouble du post-partum chez la vache laitière. Une équipe américaine avait pour objectif d’évaluer l’association entre les concentrations sériques de β-carotène, rétinol et α-tocophérol et les maladies des vaches laitières autour du vêlage. Les auteurs ont analysé les données de 353 vaches provenant de 5 élevages sur une période de 3 ans. Les teneurs sanguines en critères biochimiques précédemment évoqués ont été mesurées sur une période allant de 3 jours avant jusqu’à 7 jours après le vêlage, puis mises en relation avec les troubles observés dans les 10 premiers jours de lactation (cétose, boiterie, mammite, métrite, rétention placentaire, pneumonie, fièvre de lait, déplacement de caillette). Les valeurs sanguines de ces 3 vitamines liposolubles étaient plus faibles en post-partum qu’en en pré-partum chez les vaches malades. De plus faibles teneurs en rétinol sanguin ont été observées chez les vaches atteintes de pathologie utérine et de cétose ; elles constituent également un facteur de risque significatif de contracter une des pathologies au cours du péripartum. Enfin la production laitière, sur la base d’une lactation standard 305 jours, est corrélée positivement avec des teneurs croissantes en α-tocophérol sérique, négativement avec les concentrations en β-carotène sanguin. (Strickland et al, Journal of Dairy Science, 2020, 104: 915-927).

 ÉLEVAGE BIO : productivité et efficience alimentaire

Cette étude comparant les 2 systèmes de production, conventionnelle versus biologique, conclut clairement à une moindre productivité ainsi qu’une plus faible efficience alimentaire pour les élevages conduits en agriculture biologique, ce qui peut interpeller sur la durabilité de ce mode d’élevage. C’est la principale conclusion des travaux de scientifiques de l’INRAE (Bordeaux et Clermont-Ferrand) qui ont compilé les publications comparant productivité et efficience alimentaire des élevages conventionnels et biologiques sur plusieurs productions (bovins laitiers, porcs, poulets de chair et poules pondeuses). Pour les vaches laitières, 20 publications ont été retenues et analysées. Sur la productivité (basée essentiellement sur la production laitière totale), la différence était significative avec un écart de 14 % en défaveur de l’élevage bio : les explications peuvent concerner la stratégie alimentaire (densité énergétique de la ration, durée de pâturage, …), les effets de races, la plus grande sensibilité aux maladies parasitaires notamment. En ce qui concerne l’efficience alimentaire, la différence était de 11 % également en défaveur de l’élevage bio, en lien avec une moindre utilisation de concentrés dans la ration (qui est donc moins énergétique), le mode et la conduite d’élevage. Par contre, l’élevage bio permet de diminuer le phénomène de compétition entre alimentation animale et alimentation humaine, en relation avec le mode et le type de ration des vaches. (Gaudaré et al, Environ. Res. Lett., 2021, 16 : 024012).

 ÉCONOMIE : impact des boiteries chez les vaches laitières primipares

L’impact des boiteries sur la production laitière des vaches primipares et sur la rentabilité économique de l’élevage est significatif à tous les stades de lactation, en particulier pendant la phase de transition (1-21 jours de lactation). La marge brute, qui intègre les coûts supplémentaires associés aux boiteries (comme les frais vétérinaires et les coûts liés à la reproduction), est toujours inférieure à la marge sur coût alimentaire. Ce sont les conclusions d’une étude longitudinale rétrospective réalisée sous l’égide de la Faculté Vétérinaire de St Hyacinthe (Canada), intégrant plus de 15.000 vaches primipares réparties dans 120 élevages entre 2003 et 2014. Les productions laitières cumulées étaient de 811 à 1 290 kg inférieures pour les vaches « boiteuses » par rapport aux vaches saines, avec une réduction de même échelle pour les rendements laitiers en matières grasses et protéiques. Des pertes plus élevées ont été évaluées en utilisant le critère de la marge brute (de −599 $ à −837 $ US), qui intègre tous les coûts liés à la boiterie. Les pertes en termes de production laitière étaient plus faibles lorsque les seuils de 100 et 305 jours de lactation ont été appliqués (à savoir en intégrant les seules vaches réformées avant ces 2 stades de lactation évoqués). Pourtant, les vaches « boiteuses » en milieu et fin de lactation ont connu des niveaux de pertes significativement élevés sur les critères de performances techniques et économiques calculés. Les taux plus élevés de réforme précoce chez les vaches primipares malades indiquent que toutes les vaches doivent être incluses dans un modèle d’évaluation du coût global des boiteries, et pas seulement les vaches qui vont au bout de leur lactation (base corrigée à 305 jours). (Puerto et al, Journal of Dairy Science, 2020, 104 : 19585).

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