Facteurs de stress sociaux et impact sur l’immunité et la santé des vaches laitières en péripartum

L’objectif de cette revue de la littérature menée par des chercheurs aux Etats-Unis, où la taille des troupeaux laitiers fait que les animaux sont souvent gérés en lots avec des changements fréquents, était de faire le point sur l’impact de facteurs de stress classiquement rencontrés par les animaux (regroupement, surdensité par exemple amenant à la fois des modifications de comportement, de la compétition pour l’eau, l’aliment, l’espace).

Que retenir de cette revue ?

En cas de surdensité (souvent définie comme nombre de vaches > nombre de places en logettes ou longueur <60 à 76 cm par animal à l’auge selon les référentiels nord-américains), le comportement des animaux est modifié. Lorsque la densité augmente (au-delà de 100%) ou lorsque l’accès à l’auge est réduit, le temps passé debout augmente, le temps à s’alimenter diminue de même que le temps couché. Augmenter l’espace à l’auge diminue les comportements agonistiques entre animaux. Une augmentation du temps debout et une diminution du temps couché sont connus comme des facteurs de risque de boiteries d’origine mécanique. Toutefois, on ne dispose que de peu d’études pour quantifier l’impact de la surdensité ou de la diminution de l’accès à l’auge sur les paramètres biologiques et de santé. Quelques études rapportent des concentrations en cellules somatiques (CCS) plus faibles, un TB plus élevé et une production laitière augmentée lorsque la longueur/animal à l’auge augmente.

Plusieurs études rapportent qu’au moment du regroupement de nullipares avec des multipares, les nullipares avaient un temps plus faible d’alimentation, un temps plus long pour approcher l’auge et une concentration plus élevée d’AGNE. Les rares études portant sur les impacts santé ne rapportent pas d’effet ou des résultats contradictoires mais elles présentent de nombreux biais méthodologiques.

Les animaux suite à un changement de lot ont un temps d’alimentation plus faible, se font bouger plus souvent de l’auge par les congénères et quelques études rapportent une baisse de production laitière. Certains auteurs conseillent du coup de ne pas changer la composition du lot de taries dans les 28 jours précédant le vêlage. Une stratégie basée sur le moins de changement de lots possible pour les animaux est à privilégier.

L’impact du rang social (qui est souvent associé au rang de lactation) ne semble pas si évident sur les fonctions biologiques. Les résultats des études ne sont pas convergents et encore une fois présentent de nombreux biais. Certains auteurs suggèrent même que les vaches soumises dépensent finalement moins d’énergie (en acceptant la situation) que les vaches dominantes en constante dépense d’énergie pour conserver la hiérarchie et rechercher de la nourriture. En témoignent des concentrations souvent plus élevées en cortisol (pouvant prédisposer à la résistance à l’insuline) sur des vaches dominantes. Au final, compte-tenu de ces résultats divergents, les auteurs concluent que pour minimiser l’installation de comportements agonistiques trop fréquents et de dominance trop marquée, il est nécessaire, lors de construction de tout nouveau bâtiment, de veiller à prévoir un accès suffisant à l’alimentation à l’auge, un nombre suffisant d’abreuvoirs et de places de couchage.

En conclusion

Il ressort dans les conditions de cette revue que bien que les facteurs de stress sociaux aient été plus étudiés ces 10 dernières années, leur impact précis sur l’immunité et la santé des animaux de début de lactation reste largement méconnu. Les auteurs concluent toutefois à la nécessité d’éviter la surdensité en période sèche et en début de lactation et de ménager au mieux les animaux durant les phases de regroupement et de changement de lots. Les auteurs insistent donc sur la nécessité de bien gérer les transitions et notamment l’inclusion des nullipares sans donner toutefois trop de pistes applicables dans nos systèmes avec un nombre de vaches plus faible.

Résumé Article “Social stressors and their effects on immunity and health of periparturient dairy cows” Chebel R.C., Silva R.B., Endres M.I., Ballou M.A., Luchterhand K.L. Journal of Dairy Science, 2016, (99):3217-3218

GP FR/ORUM/0218/0022