Quelle est l’association entre le temps passé à ruminer et la santé des animaux avec leur production laitière en début de lactation ?

L’objectif de cette étude menée au Canada était d’étudier l’association entre le temps de rumination (TR) et l’état santé des animaux couplé à leur production laitière et la composition du lait, et ce, en début de lactation, période la plus sujette aux troubles de santé et à de grandes variations de rumination.

Dans ce but, les auteurs ont utilisé les données issues de 339 vaches laitières en provenance de 4 fermes de l’Ontario. Ces 339 vaches se répartissaient entre 107 primipares, 112 multipares en 2nde lactation et 120 multipares en 3ème lactation et plus. Le temps de rumination était monitoré en continu sur les 28 premiers jours de lactation, et ce depuis 4 semaines avant la date attendue de vêlage (Hi-Tag, SCR Engineers). Le temps de rumination était ainsi connu en minutes/jour.

Les vaches étaient traites 3 fois par jour, et dans 2 fermes, la production laitière était enregistrée quotidiennement (n=170). La composition du lait de chaque vache (TP, TB) faisait aussi l’objet d’une analyse hebdomadaire. Enfin, la présence de cétose subclinique (attestée par une mesure du bétahydroxybutyrate ≥ 1,2 mmol/L) était testée une fois par semaine sur la durée de l’étude. Enfin, les troubles sanitaires suivants étaient enregistrés durant l’étude : rétention placentaire, fièvre de lait, métrite, mammite.

A l’issue du suivi, les vaches étaient classées dans 4 catégories :

  • Vaches saines cliniquement et sans cétose subclinique (S),
  • Vaches traitées pour au moins un trouble de santé autre que cétose subclinique (M),
  • Vaches avec cétose subclinique sans autre trouble de santé (C),
  • Vaches avec cétose subclinique et au moins un autre trouble de santé (C+).

L’association entre le temps de rumination et le statut de santé avec la production laitière (n=170) ou la composition du lait (n=339) a ensuite été décrite.

Il en ressort les résultats principaux suivants :

  • La répartition dans les catégories sanitaires était la suivante :
    • Groupe S : 139 vaches,
    • Groupe M : 50 vaches,
    • Groupe C : 197 vaches,
    • Groupe C+ : 53 vaches
  • La production laitière a augmenté, quelle que soit le groupe d’animaux, au fil des 4 premières semaines de lactation tandis que TP et TB diminuaient.
  • Le temps de rumination moyen était pour les primipares de 442 +/- 116 minutes, pour les secondes lactations de 488 +/- 122 et de 488 +/- 108 pour les 3 troisièmes lactations et plus. Une association positive entre le temps de rumination et la production laitière a été trouvée (+0,006 kg +/- 0,003 kg lait par minute de rumination en plus) pour les primipares, (+0,005 kg +/- 0,004) pour les secondes lactations.
  • Une association négative a été trouvée entre le temps de rumination et la composition du lait chez les vaches en troisième lactation et plus (TB abaissé de 0,002 g/kg +/- 0,0006 par minute de rumination en plus).
  • Les vaches du groupe C ou C+, donc en cétose subclinique, avec ou sans signes clinique avaient un teneur en protéines du lait diminuée (perte de 0,11 à 0,13 g/kg en moyenne) en comparaison aux vaches saines.
  • Les vaches en seconde lactation et en cétose subclinique produisaient moins de lait que les vaches saines.

En conclusion

Il ressort, dans les conditions de cette étude, que le temps de rumination était associé positivement à la production laitière en début de lactation et ce, quelle que soit la parité. A l’inverse, le temps de rumination était négativement associé au taux butyreux et au ratio TP/TB chez les vaches en 3ème lactation et plus.

Résumé Article “Association of rumination time and health status with milk yield and composition in early lactation” Kaufman E.I., Asselstine V.H, LeBlanc S.J, Duffield T.F, DeVries T.J. Journal of Dairy Science, 2018, (101) :1-10. GP/FR/ORUM/0618/0044