Quelles sont les interactions alimentation-immunité chez la vache laitière ?
L’objectif de cette revue est d’aborder les liens entre alimentation et immunité et d’en déduire des stratégies alimentaires à même de prévenir l’incidence des troubles métaboliques et infectieux, notamment en peripartum. Cette revue aborde les mécanismes immuns chez la vache et les interactions alimentation-troubles immunitaires. C’est cette dernière partie qui sera résumée ci-dessous.
Bilan énergétique négatif et immunité
Il est démontré qu’un bilan énergétique négatif (BEN) et une concentration en AGNE trop élevée sont associés à une capacité diminuée des neutrophiles (avec une incidence plus élevée de rétention placentaire et de métrite). Cet effet ne se retrouve qu’en peripartum m et pas sur des vaches en milieu de lactation. L’interaction entre BEN et hormone de croissance plus marquée lors du part pourrait contribuer à cette différence de fait sur l’immunité mise en évidence uniquement autour du part. Favoriser une ingestion forte dès le début de lactation en gérant bien la période sèche est ainsi essentielle ainsi que d’éviter des vaches trop grasses au vêlage.
Les acides gras comme source d’énergie
Une immunité fonctionnelle (innée comme acquise) requiert de l’énergie et en conséquence des apports énergétiques importants, notamment en peripartum où de nombreux phénomènes inflammatoires et de stress oxydatif surviennent et consomment de l’énergie. Par exemple, lors de mammite à E. coli, le taux de lipolyse augmente dans les adipocytes, résultant en une concentration élevée d’AGNE, AGNE qui peuvent être utilisés pour produire du glucose, énergie indispensable au fonctionnement du système immunitaire. Toutefois, de trop fortes concentrations de glucose, notamment en peripartum, peuvent aboutir à des réactions inflammatoires aberrantes, et excessives. Il semble de plus que, chez les bovins, les cellules immunitaires soient moins compétitives vis-à-vis de l’utilisation du glucose que les cellules des acini mammaires, amenant ainsi à une utilisation du glucose de façon préférentielle pour la production laitière par rapport à l’activation du système immunitaire. Eviter les situations d’hyperglycémie est donc nécessaire.Les acides gras et les signaux intra-cellulaires
La nature des acides gras peut affecter la réponse immunitaire, notamment par leur influence sur les membranes cellulaires, leur composition et leur stabilité. Ainsi, une intégrité cellulaire est nécessaire notamment à la bonne activation de certaines cytokines (comme la CD14 par exemple). Certains AG polyinsaturés comme l’EPA (eicosapentaenoic acid) et le DHA (docosahexaenoic acid) ont une activité anti-inflammatoire. A l’inverse, certains AG saturés (acide palmitique par exemple) semblent activer l’inflammation.
Les acides gras comme substrats d’oxylipides
Une autre voie par laquelle les AG agissent est en régulant la production d’oxylipides qui régulent les mécanismes de l’inflammation. De fait, des stratégies alimentaires basées sur l’apport par exemple d’acides gras poly-instaurés atténue la production de PGF2alpha dans l’endomètre, avec pour conséquence une meilleure santé utérine en post-partum. Des animaux ayant reçu des rations enrichies en AG n-6 ont eu une meilleure réponse en phase aigüe de l’inflammation et une fonction améliorée des neutrophiles.
Les oligoéléments, stress oxydatif et immunité
Des carences vitaminiques ou en oligoéléments (OE) sont démontrées être en lien avec une incidence plus élevée de troubles en post-partum. S’agissant des OE, c’est notamment par leur rôle anti-oxydant notamment dans les réactions de stress oxydatifs, particulièrement présents autour du part (rôle notamment du sélénium, vitamine D, vitamine A).
Résumé Article “Nutritional strategies to optimize dairy cattle immunity.” Sordillo L.M. Journal of Dairy Science, 2016, (99):4967-4982.
GP FR/ORUM/1217/0111