Quel est l’impact des mammites subcliniques sur l’intensité de l’émission de gaz à effet de serre et la profitabilité des vaches laitières en Norvège ?

L’objectif de cette étude menée en Norvège était d’évaluer si une meilleure maitrise des infections intra-mammaires sub-cliniques, mesurée par une baisse des concentrations en cellules somatiques (CCS), serait associée à une production moindre de gaz à effet de serre (du fait d’une meilleure efficience alimentaire par kg de lait produit) et à une profitabilité économique plus importante du fait d’un coût alimentaire mieux maitrisé et de réformes mieux gérées.

Dans cette optique, les auteurs ont utilisé de façon complémentaire deux modèles : un premier qui modélise les décisions et les taux de réforme (notamment en lien avec les pertes de production laitière liées aux CCS) et un second estimant les émissions gazeuses notamment en kg de gaz à effet de serre par kg de lait produit corrigé du Taux Protéique (TP) et du taux butyreux (TB). Les auteurs ont calibré les modèles sur la base de données démographiques issues d’une trentaine de troupeaux laitiers norvégiens (moyenne de 25 vaches par élevage et une production moyenne respectivement de 7021 et 6169 kg pour les multipares et primipares). Les auteurs ont lancé des simulations pour différents niveaux de CCS : 50 000, 200 000, 400 000, 600 000 et 800 000 cell./mL (sous l’hypothèse qu’aucun impact sur la production laitière n’était présent pour des CCS<200 000 cell./mL).

Il en ressort les résultats principaux suivants :

  • La réduction de production laitière était systématique lors d’augmentation des CCS dans tous les scénarii avec en moyenne de 0,4 à 0,9 kg/jour de lait (corrigé TP et TB) pour les primipares et de 1,2 à 2,4kg pour les multipares pour des variations de CCS de 50 000 à 800 000 cell. /mL.
  • De fait, les modèles rapportaient (en lien avec la baisse de la production) une baisse de l’ingestion allant de 1,4% à 2,8% pour les primipares et 3.3% à 6.6% chez les multipares, quand on passe de 200 000 à 800 000 cell./mL (CCS).
  • Les taux de renouvellement estimés par les modèles variaient de 31% (CCS 400 000) à 44% (CCS 800 000). Le rang de lactation moyen était de 2,7 pour les troupeaux à CCS faible (50 000) et de 2,3 dans les troupeaux avec 200 000 cell./mL pour remonter à 2,7 avec des CCS de 400 000 (optimisation du taux par le modèle).
  • L’excédent net financier était maximal pour des CCS de 200 000, légèrement supérieur (5%) à des CCS de 50 000, malgré une production moyenne moindre entrainant cependant un taux de réforme plus élevé. Tous les autres scénarii étaient moins profitables.
  • Les émissions totales de gaz à effet de serre (GES) étaient de 1,01kg et 0,95 kg CO²equivalent/kg de lait corrigé pour les primipares et les multipares respectivement. Ces émissions augmentaient, par rapport à une référence CCS de 50 000, de 3,3 % pour des CCS de 400 000, 3,6% pour des CCS de 600 000 et 3,7% pour des CCS de 800 000.
  • Les émissions de méthane d’origine digestive (« entérique ») augmentent avec les CCS (de 5 et 8% pour les CCS de 800 000 par rapport à 50 000 respectivement pour les primipares pour les multipares).

Au final

Il ressort dans les conditions de cette étude théorique que la réduction des CCS au sein d’un élevage (avec des CCS dégradées) s’accompagnerait à la fois d’une baisse de l’émission des gaz à effet de serre et d’une meilleur profitabilité grâce à une production laitière augmentée, une optimisation du taux de renouvellement et un coût alimentaire mieux géré. Il serait intéressant de poursuivre des recherches étudiant l’impact des maladies (associées notamment) sur les émissions de gaz à effet de serre.

Résumé Article “Impact of subclinical mastitis on greenhouse gas emissions intensity and profitability of dairy cows in Norway” Gülzari S.O., Ahmadi B.V., Stoot A.W. Preventive Veterinary Medicine. 2018. 150 :19-29.

GP/FR/ORUM/1018/0059