Association entre mammite subclinique, santé mammaire et qualité du lait

En cas de mammite subclinique (MSC), aucune anomalie visible du lait ou de la mamelle ne peut être mise en évidence, et des tests sont nécessaires pour détecter les réponses inflammatoires qui suivent l’infection intramammaire (IMI). La mammite subclinique est plus fréquente que la forme clinique. Elle est difficile à diagnostiquer et représente une source majeure d’infection pour les autres vaches du troupeau, entraînant des pertes importantes de production laitière. Dans ce contexte, les différences de qualité, de composition et d’aptitude fromagère du lait entre les échantillons de lait prélevés dans des quartiers sains et infectés de manière subclinique n’ont pas encore été évaluées chez les vaches Holstein.

L’objectif de cette étude italienne était d’investiguer les associations entre les infections intramammaires subcliniques et la composition du lait au niveau du quartier, les indicateurs de santé de la mamelle et les caractéristiques en relation avec la fabrication du fromage.

Les auteurs ont analysé une base de données de 450 vaches Holstein provenant de 3 troupeaux laitiers. Après un screening bactériologique préalable (T0 : identification des vaches infectées par Streptococcus agalactiae, Streptococcus uberis, Staphylococcus aureus, et Prototheca spp.), 613 prélèvements de lait de quartier ont été récoltés à 2 moments de la lactation, respectivement 2 (T1) et 6 semaines (T2) après T0. La concentration en cellules somatiques (CCS) était évaluée avec le choix d’un seuil d’infection à 200.000 cellules/ml.

Les principaux résultats de cette étude sont les suivants :

  • Tous les indicateurs de santé mammaire (comptage cellulaire somatique différentiel, comptage macrophages/lymphocytes/leucocytes polynucléaires, teneur en lactose, index caséine, pH, conductivité) étaient associés à une augmentation de la CCS, aux IMI, ceci à T1 et T2.
  • C’est à T2 que sont observées les plus fortes variations du taux de lactose pour CCS élevé et IMI (respectivement – 7 et – 5%), ainsi que de la conductivité (+9 et +8%).
  • C’est parmi les prélèvements négatifs en culture avec un CCS ≥ 200.000 cellules/ml qu’ont été trouvées les valeurs individuelles les plus élevées de CCS (maximum : 5.509.000 cellules/ml) ainsi que les numérations les plus fortes en polynucléaires neutrophiles, lymphocytes et macrophages à T1 et T2 (faux-négatifs en bactériologie ?). Mais en moyenne, le CCS de tous les prélèvements négatifs était inférieur à celui des prélèvements positifs (200.000 vs 689.000 cellules/ml). Le CCS est donc, pour les auteurs, un meilleur indicateur de la santé mammaire que la bactériologie.
  • En ce qui concerne l’aptitude fromagère, les échantillons de lait avec un CCS élevé ont montré la moins bonne fermeté du caillé à T1 et T2.
  • Des différences ont été observées entre les IMI à Streptococcus agalactiae et Prototheca spp., avec de plus grandes modifications défavorables de la qualité du lait et de l’aptitude fromagère pour l’infection à Prototheca spp., associée à l’élévation du pH et la moindre concentration en caséine du lait.

La dégradation de nombreux critères de la santé mammaire entre T1 et T2 peut s’expliquer par une augmentation de l’inflammation, avec une progression de la MSC vers une forme clinique ou un passage à l’état de mammite chronique.En conclusion, l’augmentation de la concentration en cellules somatiques du lait (CCS) et la présence d’infections intramammaires étaient associées à une réduction de la qualité du lait, à des changements dans les indicateurs de santé de la mamelle et à des effets défavorables sur les conditions de fabrication du fromage. L’écart entre les statuts bactériologique et inflammatoire confirme l’intérêt de la CCS comme indicateur

Résumé Publication “Quarter-level analyses of the associations among subclinical intramammary infection and milk quality, udder health and cheesemaking traits in Holstein cows.” Pegolo S, Tessari R, Bisutti V, Vanzin A, Giannuzzi D, Gianesella M, Lisuzzo A, Fiore E, Barberio A, Schiavon E, Trevisi E, Piccioli Cappelli F, Gallo L, Ruegg P, Negrini R, Cecchinato A Journal of Dairy Science, 2021, 105 : 21267 ; https://doi.org/10.3168/jds.2021-21267.