Caractéristiques physiques et comportementales des vaches laitières selon leur concentration cellulaire somatique

Les mammites subcliniques entraînent des pertes économiques, à l’échelle d’un troupeau, supérieures à celles induites par les formes cliniques d’infection mammaire. Explorer les pratiques de conduite d’élevage permettant de réduire l’incidence des mammites subcliniques est essentiel aussi bien d’un point de vue économique que sur le plan du bien-être animal.

Objectif de l’étude portant sur les CCS élevées

L’étude canadienne présente avait pour principal objectif d’examiner les associations de paramètres physiques et comportementaux (état corporel, hygiène, couchage, locomotion, production laitière) avec le niveau de comptage cellulaire (CCS = Concentration en Cellules Somatiques du lait). Ensuite, les auteurs souhaitaient identifier les raisons expliquant les enseignements souvent non concluants de la bibliographie quant aux relations entre facteurs liés à la vache et CCS élevées.

L’hypothèse de départ était qu’un comptage cellulaire élevé chez une vache laitière était associé à un score haut ou bas d’état corporel, une hygiène insuffisante, un moindre couchage, des boiteries plus fréquentes et une diminution de la production laitière.

L’étude, conduite entre mars et octobre 2016, a inclus des vaches laitières Holstein provenant de 14 élevages de l’Ontario (taille comprise entre 50 et 268 femelles laitières). Chaque élevage était visité sur un total de 3 périodes d’observation (séparées de 5 semaines), avec 2 interventions par période (séparées de 7 jours : prélèvement + analyse de lait selon le programme régional DHI puis visite d’élevage), jusqu’à la réalisation de 3 prélèvements de lait au total.

En fonction des analyses de lait, les vaches étaient réparties, selon la parité et le stade de lactation, en « paires » : une vache avec un taux élevé de CCS (≥ 200.000 cellules/ml) et une vache avec un faible comptage cellulaire (≤ 100.000 cellules/ml). Sur ces vaches, des capteurs évaluaient le comportement de couchage. Étaient également mesurés le score de boiterie (1 à 5), l’hygiène des pattes, des flancs et de la mamelle (notation de 1 à 4) et l’état corporel (score de 1 à 5).

Une interprétation statistique a été réalisée sur l’ensemble de ces données : le calcul notamment d’Odds Ratios (OR = critère proche du risque relatif) permettait d’évaluer des facteurs de risque de certaines caractéristiques physiques et comportementales des vaches laitières sur le niveau de CCS.

Résultats de l’étude : quel lien entre les facteurs liés à la vache et les CCS élevées ?

Les principaux résultats obtenus par les auteurs de la publication sont les suivants :

  • Au total, 370 vaches à CCS élevée (moyenne = 572.000 cellules/ml) et 382 vaches à CCS basse (moyenne = 37.000 cellules/ml) ont été incluses dans l’analyse finale.
  • Les vaches à CCS élevée produisaient en moyenne 2,2 kg de lait par jour en moins par rapport aux vaches à bas comptage cellulaire.
  • Un état corporel insuffisant (score ≤ 2,5) était significativement associé à un fort niveau de CCS (OR = 1,57). En revanche, un excès d’état (note ≥ 4) n’était pas associé un comptage cellulaire élevé.
  • Temps de couchage, hygiène insuffisante des pattes et score de boiterie élevé n’ont pas été significativement corrélés à un niveau élevé de CCS.
  • Par rapport à des vaches avec un état corporel normal (score = 3-3,5), les vaches trop maigres se caractérisaient par une réduction de temps de couchage (- 27,2 minutes/jour), une hygiène dégradée au niveau des parties basses des pattes (OR = 2,64).

En conclusion, l’état corporel insuffisant des vaches laitières en lactation a été la principale variable associée significativement à un comptage cellulaire élevé. Ces résultats suggèrent que toute pratique d’élevage (nutrition en priorité) permettant de réduire le risque de « vaches maigres » contribue à améliorer la santé de la mamelle et le bien-être des animaux.

AD-FR-NON-190700032