Comparaison de plusieurs stratégies de maîtrise de la santé mammaire en Suisse

Résumé Article “A multiform randomized field trial evaluating strategies for udder health improvement in swiss dairy herds.” Tschopp A., Reist M., Kaufmann T., Bodmer M., Kretzschmar L., Heiniger D., Berchtold B., Wohlfender F., HArisberger M., Boss R., Strabel D., Cousin M-E., Graber H.U., Steiner A., van den Borne B.H.P. Journal of Dairy Science, 2014, (98):840-860.

L’objectif de cette étude menée en Suisse était de comparer 3 différentes stratégies d’accompagnement des éleveurs pour maîtriser la santé mammaire (en comparaison avec un groupe « témoin négatif » sans accompagnement).

Dans ce but, les auteurs ont mené cet essai dans 100 élevages, 25 par stratégie. Les élevages ont été sélectionnés au hasard parmi ceux ayant plus de 12 vaches, des concentrations en cellules somatiques (CCS) entre 200 et 300 000 cell/mL dans le lait de tank, et plus de 11 contrôles mensuels de contrôle laitier. L’allocation à l’une ou l’autre des stratégies se faisait au hasard. Les éleveurs étaient questionnés a priori sur la stratégie parmi les 4 qui leur plaisait le plus, mais ils n’étaient pas forcément versés dans ce groupe selon le tirage au sort. L’ensemble des élevages faisait l’objet de 2 visites diagnostic aboutissant à un report envoyé sous 40 jours en moyenne listant les causes et facteurs de risque potentiels ainsi que quelques recommandations.

Les 4 stratégies testées consistaient en :

  • Groupe négatif contrôle (NC) : aucun accompagnement ni même de rapport durant une année.
  • Groupe positif contrôle (PC) : un rapport de visite initial était envoyé, sans autre accompagnement, mais l’éleveur pouvait contacter les membres de l’étude.
  • Groupe Etude (VET) : un rapport de visite initial était envoyé et l’éleveur bénéficiait de visites mensuelles de son vétérinaire. Après chaque test de contrôle laitier, l’éleveur recevait une liste des animaux d’intérêt (traitement, CMT, bactériologie et antibiogramme) avec des recommandations adaptées aux différentes situations.
  • Groupe Etude (SG) : un rapport de visite initial était envoyé et les éleveurs étaient invités à participer à des groupes d’éleveurs durant le suivi tous les 2 mois : des éléments de connaissances et d’échanges de pratiques étaient discutés.

Durant l’étude, 4 critères ont été suivis :

  • la prévalence de vaches passant mensuellement au-dessus de 200 000 cell/mL
  • le degré d’observance des mesures préconisées
  • la proportion de nouvelles infections
  • le taux de mammites traitées (des analyses individuelles étaient à faire systématiquement sur chaque vache avec un contrôle CCS > 150 000 cell/mL)

Il en ressort les résultats principaux suivants :

  • Sur l’ensemble des recommandations préconisées, 44% ont été mises en oeuvre complètement, 23% partiellement et 33% n’ont pas été mises en oeuvre. Le degré d’observance ne dépendait pas du groupe (NC, PC, VET, SG). Le plus faible taux d’observance a été dans le domaine de la machine à traire. Les éleveurs qui ont été versés dans le groupe d’étude qu’ils souhaitent a priori ont eu un degré d’observance plus important.
  • Aucune diminution en dessous de 200 000 cell/mL pour le lait de tank n’a été observée, quel que soit le groupe, pour les éleveurs déjà au-dessus de 200 000 cell/mL au début de l’étude. En revanche, l’incidence de nouveaux élevages passant au-dessus de 200 000 cell/mL a été plus faible dans les groupes avec aide (PC, VET, SG), par rapport au groupe « témoin négatif », soulignant un effet préventif bénéfique de l’accompagnement.
  • Concernant le taux de mammites traitées, un an après le lancement, le nombre de traitement était le plus faible dans le groupe accompagné par des groupes d’éleveurs (SG).

En conclusion, il ressort dans les conditions de cette étude que l’amélioration en une seule année des CCS dans les troupeaux suivis a été plus compliquée à atteindre qu’attendu par les auteurs, y compris dans les stratégies très intenses d’accompagnement. Les réunions de groupes d’éleveurs semblent être une alternative prometteuse, notamment pour réduire le recours aux antibactériens. L’adhésion de l’éleveur à la stratégie choisie a priori est une clé importante pour s’assurer de l’observance.

GP FR/ORUM/0617/0077