Des modifications relatives à la production et la santé de la mamelle persistent jusqu’à huit semaines après la mise en place d’un traitement intramammaire

L’objectif de cette étude menée au Danemark était de décrire les modifications de différents paramètres (production laitière, activité de la lactate déshydrogénase – LDH –, fréquence de traite et ratio de production laitière inter-quartiers) autour des cas de mammites cliniques traitées. De plus, l’impact du pathogène incriminé sur l’intensité et la persistance de la variation éventuelle de ces paramètres a été recherché.

Dans cet objectif, les auteurs ont utilisé les données issues de deux fermes équipées de robot de traite. Les données de 1 032 lactations de 795 vaches ont été analysées. Les données des 174 vaches atteintes et traitées pour mammite clinique ont été comparées à celles de vaches saines, sur une période allant de cinq semaines avant le traitement à huit semaines après sa mise en œuvre. Les bactéries responsables des mammites ont été recherchées. L’impact de l’espèce de pathogène sur les paramètres suivis a également été recherché.

Il en ressort les résultats principaux suivants :

  • 174 vaches ont été traitées pour mammite durant l’étude dont 116 multipares et 58 primipares.
  • 53 cas ont été attribués à S. aureus (préférentiellement sur les multipares), 49 cas à des staphylocoques coagulase négative (SCN) (en majorité chez des primipares), 26 à E. coli (principalement chez les multipares).
  • Chez les primipares, les niveaux de production laitière des animaux sains et atteints de mammite clinique étaient similaires jusqu’à 1 semaine avant l’apparition du cas. Ensuite, la production des primipares atteintes diminuait et restait inférieure durant toute la période d’observation.
  • Chez les multipares, les vaches atteintes de mammite clinique avaient trois semaines avant le cas une production plus forte que les multipares saines, mais celle-ci devenait inférieure dans la semaine précédant l’apparition du cas. Une tendance similaire était observée pour le ratio de production inter-quartiers.
  • L’activité de la LDH était similaire entre animaux sains et atteints de mammite clinique trois semaines avant le cas mais augmentait la semaine du traitement chez les animaux malades. Le retour au niveau basal de la LDH était observé chez les primipares traitées au bout de sept semaines. En revanche, le niveau de LDH restait plus élevé chez les multipares traitées, encore huit semaines après la mise en place du traitement.
  • La fréquence de traite (traite volontaire car ici, en système robot) était déjà plus faible chez les multipares atteintes de mammite clinique cinq semaines avant l’apparition du cas et était toujours différente huit semaines après le traitement. Chez les primipares, aucune modification n’a été notée sur ce paramètre.
  • Que ce soit chez les primipares ou les multipares, le ratio de production laitière inter-quartiers était significativement supérieur chez les animaux malades et traités, huit semaines après traitement, par rapport à la situation initiale (cinq semaines avant l’apparition de la mammite clinique).
  • L’intensité de ces modifications a été plus marquée chez les primipares lors d’infection par S. aureus. Concernant les SCN, la conséquence la plus importante était une production laitière moindre post-traitement. Pour E. coli, seules neuf vaches ont continué à être traites suite à l’épisode de mammite clinique (les autres vaches ont été réformées ou taries). Toutefois, ce sont sur ces vaches qu’ont été observées les plus fortes baisses de production laitière post-traitement (+ de 10%).
  • Les auteurs concluent que le temps nécessaire à une guérison/normalisation complète va bien au-delà du délai pour obtenir la guérison bactériologique ou du temps pendant lequel le lait est écarté.

En conclusion

Il ressort, dans les conditions de cette étude, que des changements (production, activité de la LDH, fréquence de traite) sont déjà perceptibles une à trois semaines avant l’apparition de la mammite clinique et de la mise en œuvre du traitement intra-mammaire. L’ampleur et la durée de persistance de ces modifications dépendent du pathogène incriminé mais peuvent persister jusqu’à huit semaines post traitement.

Ces résultats soulignent l’importance d’une prévention maximale des infections mammaires et de la précocité de leur détection, afin d’en minimiser l’impact, non seulement à court terme, mais aussi à long terme. Pour apprécier correctement l’impact d’une mammite clinique, il est important de l’évaluer à l’échelle de la vache et non pas à celle du troupeau. Les auteurs appellent à poursuivre les études permettant de mieux gérer les mammites cliniques, afin de limiter les pertes de production, favoriser la récupération totale des animaux atteints et assurer leur bien-être dans les semaines suivant l’épisode clinique.

Référence : Résumé Article “Changes in milk yield, lactate deshydrogenase, milking frequency, and interquarter yield ratio persist for up to 8 weeks after antibiotic treatment of mastitis.” Fogsgaard K.K., Lovendahl P., Bennedsgaard T.W., Ostergaard S. Journal of Dairy Science, 2015, (98) : 7686-7698.

GP-FR-NON-211100044