Dynamique d’infection en période sèche et performances ultérieures en lactation

Il est important d’enregistrer la dynamique d’infection en période sèche (à savoir l’existence ou non d’une infection entre le dernier contrôle cellulaire avant tarissement et le premier contrôle cellulaire après vêlage), car cela permet au producteur d’adapter ses pratiques de conduite du tarissement. Cependant, peu d’études ont décrit l’impact de cette dynamique d’infection sur les performances au cours de la lactation suivante. Certains auteurs ont montré que des quartiers chroniquement infectés en période sèche ont un risque plus élevé de développer une mammite clinique dans les quatre premiers mois de lactation. Pourtant les risques de développer des mammites cliniques sur des quartiers nouvellement infectés ou récemment guéris diffèrent de ceux observés pour des quartiers sains.

Ces observations au niveau des quartiers méritent d’être confirmées au niveau des vaches. En raison des perturbations du système immunitaire en période de transition, afin d’étudier la dynamique d’infection en période sèche, il faudrait prendre en compte la mesure des Concentrations en Cellules Somatiques (CCS) au deuxième test « cellules » après vêlage pour mieux évaluer les performances durant la lactation suivante.

La présente étude menée par la Faculté Vétérinaire de Gand (Belgique) a eu pour objectif de décrire la dynamique d’infection en période sèche sur un grand nombre de vaches laitières issues d’élevages commerciaux en utilisant les données de CCS avant tarissement et après vêlage, puis de quantifier les effets de cette dynamique sur l’évolution des CCS, des niveaux de production laitière ainsi que sur l’incidence des mammites cliniques et les risques de réforme lors de la lactation suivante, en prenant en compte le CCS du deuxième contrôle après vêlage.

Des données ont été collectées sur 739 vaches laitières Holstein provenant de 33 élevages flamands qui suivent le programme DHI (« Dairy Herd Improvement », incluant la détermination des CCS). Les élevages effectuaient tous un traitement systématique au tarissement et la plupart utilisaient aussi des obturateurs à ce même moment. Chaque vache, pour être incluse dans l’étude, devait avoir un enregistrement DHI avant tarissement et deux enregistrements DHI après vêlage. Le seuil de CCS, à partir duquel une vache était considérée comme infectée, était de 200 000 cellules par ml de lait.

Les principaux résultats de cette étude en élevage ont été les suivants :

  • Infection pendant la période sèche : 12,6 % des vaches considérées comme saines avant le tarissement ont contracté une infection intramammaire pendant la période sèche. 66,9 % des vaches considérées comme infectées au tarissement ont guéri de leur infection durant la période sèche. La dynamique d’infection pendant la période sèche augmente significativement le CCS de la vache, les risques de mammite clinique et de réforme à la lactation suivante.
  • Évolution du CCS : les vaches avec une infection pendant la période sèche, soit nouvelle, soit récemment guérie, soit chronique ont de plus fortes valeurs de CCS que les vaches saines durant la lactation. Par contre, aucune association n’a été mise en évidence entre niveau de production laitière et présence d’une infection en période sèche. Les plus faibles taux cellulaires ont été mesurés chez les vaches saines durant la période sèche avec un faible CCS (< 200 000 cellules par ml) au deuxième contrôle après vêlage. Enfin les vaches saines en période sèche et qui le restent en début de lactation ont les plus faibles taux cellulaires durant toute la lactation par rapport aux vaches infectées au tarissement, au vêlage ou en début de lactation.
  • Mammites cliniques et réforme : les vaches qui ont guéri d’une infection présente au tarissement et les vaches avec infection chronique ont plus de risques de développer une mammite clinique (risque multiplié respectivement par 2,22 et 2,89) ; les vaches à infection chronique sont plus enclines à être réformées lors de la lactation suivante (risque multiplié par 3,68).

En conclusion

Cette étude de terrain souligne l’importance d’un bon management de la santé de la mamelle durant la lactation afin d’éviter une infection au tarissement, plutôt que de guérir une infection durant la période sèche, ceci pour optimiser la santé mammaire pendant la lactation suivante.

Référence : Résumé Publication “Infection dynamics across the dry period using Dairy Herd Improvement somatic cell count data and its effect on cow performance in the subsequent lactation.” Lipkens Z., Piepers S., Verbeke J., De Vliegher S. Journal of Dairy Science. 2018, 102 : 640-651.

GP-FR-NON-211100044