Est-ce que la survenue d’une mammite clinique en première lactation est prédictive de la survenue ultérieure de mammites et d’une moindre longévité dans le troupeau ?

L’objectif de cette étude menée aux Etats-Unis était d’évaluer l’effet de la survenue d’une mammite clinique durant les 100 premiers jours de la première lactation sur la probabilité de survenue ultérieure de mammites et sur la longévité de la vache dans le troupeau.

Dans ce but, les auteurs ont utilisé les données de vaches issues de 5 troupeaux de l’état de New-York. Pour évaluer l’effet d’une mammite clinique dans les 100 premiers jours sur la survenue de mammites durant la carrière de la vache, seules les vaches ayant terminé leur carrière (morte, réformée, vendue ou fin d’étude) ont été incluses dans l’analyse, soit 14.440 vaches (modèle mixte généralisé). Pour étudier l’impact d’une mammite clinique dans les 100 premiers jours de la première lactation sur le risque de réforme, les auteurs ont utilisé un modèle d’analyse de survie sur près de 25.000 vaches des 5 troupeaux. En complément d’information, il n’a pas été pris en compte l’étiologie bactérienne de la mammite clinique.

Parmi les nombreux résultats, on peut en retirer les points principaux :

  • Près de 90% des vaches de l’étude n’ont pas eu de mammite clinique durant les 100 premiers jours de la première lactation.
  • Les vaches atteintes ont eu jusque 4 mammites cliniques durant les 100 premiers jours de lactation, mais la majorité de ces vaches ont eu une seule mammite (8,6% des animaux) ou 2 (1,1% des animaux) durant cette période 0-100 jours.
  • Durant leur carrière laitière, les vaches (mortes ou réformées ; base = 14.440 animaux) ont eu entre 0 et 25 épisodes de mammites cliniques. Au niveau de la répartition, 56% des vaches n’ont jamais eu de mammite clinique ; pour les 44% restantes, près de la moitié (soit 21 % du total des vaches) n’ont eu qu’un épisode clinique, un quart (10 %) en ont eu 2 et un huitième (5 %) en ont eu 3.
  • Durant l’étude environ 10% des vaches sont mortes (le plus souvent sur des périodes proches des premier et second vêlages) et près de la moitié des vaches ont été réformées.
  • La durée de la carrière laitière était en moyenne de 2 ans après le premier vêlage.
  • En comparaison avec les vaches n’ayant pas eu de mammite clinique durant leurs 100 premiers jours de première lactation, les animaux ayant connu un seul épisode de mammite clinique avait une probabilité 1,5 fois plus forte d’avoir une mammite clinique durant le reste de leur carrière laitière. Ce risque augmentait avec le nombre de mammites durant les 100 premiers jours de première lactation (risque multiplié par 1,7 pour 2 mammites et par 2,6 pour 3 mammites).
  • En ce qui concerne l’impact sur la longévité, le risque de réforme était augmenté de 34% pour chaque cas additionnel de mammite durant les 100 premiers jours de la première lactation.

Au final

On peut conclure que, dans les conditions de cette étude, la survenue de mammites durant les premiers 100 jours de la première lactation augmente la probabilité de survenue ultérieure de mammites durant la carrière productive de la vache d’au moins 50% (selon le nombre initial de mammites). De même, plus la vache a de mammites cliniques dans les 100 premiers jours de lactation, plus le risque de réforme anticipée est important (risque augmenté de 34% pour chaque cas de mammite supplémentaire dans les 100 premiers jours de première lactation). Ces résultats ne font que renforcer le besoin de prévention des mammites chez les primipares ainsi qu’aider l’éleveur à prendre les décisions optimales au niveau économique quant à la réforme des vaches.

Résumé Article “Does clinical mastitis in the first 100 days of lactation 1 predict increased mastitis occurrence and shorter herd life in dairy cows ?”

Hertl J.A., Schukken Y.H., Tauer W., Welcome F.L., Gröhn Y.T.

Journal of Dairy Science. 2018. 101 : 2309-2323.

GP/FR/ORUM/1118/0073