Impact des mammites cliniques et subcliniques sur la sensibilité à la douleur chez les vaches laitières

L’objectif de cette étude menée au Brésil était de décrire un éventuel abaissement du seuil de tolérance à un stimulus nociceptif (ici thermique) au niveau des membres arrières sur des vaches atteintes de mammites cliniques ou subcliniques.

Dans ce but, les auteurs ont sélectionné 90 vaches laitières jersiaises et un diagnostic de leur santé mammaire a été réalisé. Les vaches étaient alors considérées :

  • saines au niveau mammaire si CMT négatif, CCS < 200 000 cell/mL et absence de signes cliniques
  • atteintes de mammites cliniques (signes d’inflammation mammaire et atteinte éventuelle de l’état général)
  • ou atteintes de mammites subcliniques légères (CCS > 200 000 cell/mL sans altération du lait)
  • ou atteintes de mammites subcliniques modérées (CCS > 500 000 cell/mL sans altération du lait)

Le seuil de douleur a été déterminé à l’aide d’un algésimètre basé sur un stimulus nociceptif thermique. Une plus grande sensibilité à la douleur a alors été recherchée sur les membres arrières en comparant vaches saines et mammiteuses et aussi entre membres ipsilatéral et controlatéral au quartier atteint lors de mammite.

Il en ressort les résultats principaux suivants :

  • Sur les 90 vaches suivies, 32 ont été jugées saines, 20 étaient en mammite subclinique légère, 31 en modérée et 7 en mammite clinique.
  • Les seuils de sensibilité thermique sont décrits ci-dessous :
  • Ainsi, le seuil était significativement abaissé lors de mammite clinique et subclinique modérée (tendance seulement pour les mammites subcliniques légères). De même le seuil était significativement abaissé sur le membre ipsilatéral en comparaison au membre opposé au côté du quartier atteint. Plus les CCS étaient élevées, plus le seuil diminuait (relation toutefois non linéaire).
  • Les résultats confirment ainsi la composante douloureuse des mammites y compris subcliniques en lien probablement avec l’inflammation chronique et la mise en place de phénomènes d’hyperalgésie voire d’allodynie (douleur en présence d’un stimulus n’entrainant normalement pas de douleur).

En conclusion

Il ressort, dans les conditions de cette étude, que les vaches présentant une mammite clinique ou une mammite subclinique modérée avaient un abaissement du seuil à la douleur, et ce de manière significative. L’intérêt de la prise en charge de la douleur lors de mammites, notamment subcliniques, semble ainsi renforcé si besoin était, au-delà de la simple prise en charge anti-infectieuse.

Référence : Résumé Article “Impact of subclinical and clinical mastitis on sensitivity to pain of dairy cows.” Peters M.D.P., Silveira I.D.B., Fischer V. Animal, 2015, (9) : 2024-2028. GP-FR-NON-211100044