Impact économique et épidémiologique de stratégies d’intervention face aux mammites cliniques à réservoir mammaire

Les mammites cliniques, fréquentes en élevage laitier, entraînent des pertes économiques considérables, affectent le bien-être des animaux et sont un motif principal de prescription d’antibiotiques, principalement par voie intramammaire.

Pour limiter l’antibiorésistance, il semble pertinent de chercher des stratégies d’intervention alternatives, comme par exemple la réforme des vaches. Parallèlement au choix de la stratégie (traitement antibiotique ou réforme), il est économiquement bénéfique de réduire la contamination bactérienne d’une vache à l’autre, en particulier lorsque le mode de transmission est « contagieux » (réservoir mammaire).

L’objectif de cette publication, fruit d’une collaboration entre des équipes danoise et néerlandaise, était d’évaluer différentes stratégies d’intervention face à des mammites cliniques contagieuses en se basant sur 2 approches distinctes (antibiothérapie et réforme).

La simulation a été réalisée sur un élevage laitier danois ayant une incidence de mammite clinique annuelle (essentiellement due à Staphylococcus aureus) cumulée de 21 %. Au total, 9 stratégies différentes d’intervention ont été sélectionnées dont 2 concernaient une augmentation de l’antibiothérapie (extension à 5 jours du traitement intramammaire, soit généralisée, soit sur les vaches les plus fortes productrices) et 6 se fondaient sur une politique de réforme en lien ou non avec un traitement antibiotique sélectif à la vache.

L’intervention de référence dans ce modèle était un traitement antibiotique de 3 jours par voie diathélique. La simulation économique a été envisagée pour une durée de 5 ans et intégrait les revenus liés à la vente du lait, les coûts relatifs à l’infection intramammaire (diagnostic, traitement, réforme) et enfin d’autres coûts (alimentation, réforme sur la base de taux cellulaires élevés, …).

Résultats de l’étude d’évaluation des stratégies d’intervention face à des mammites cliniques contagieuses

Les principaux résultats de cette étude en élevage ont été les suivants :

  • Incidence des mammites cliniques et subcliniques : d’un point de vue épidémiologique (réduction des cas cliniques), toutes les stratégies d’intervention ont permis de réduire le nombre de vaches « mammiteuses », avec une équivalence entre traitement de référence et traitement allongé sur vaches fortes productrices. Pour les autres stratégies, la tendance a été plutôt à une baisse des cas cliniques et subcliniques.
  • Impact économique : toutes les stratégies « expérimentales » testées ont entraîné un revenu net pour l’éleveur sensiblement supérieur à celui estimé pour la stratégie de référence (avec un écart maximal de 5 % environ).

Ce gain économique s’est révélé plus élevé pour les stratégies s’appuyant sur la réforme sélective associée ou non à un traitement antibiotique sélectif que pour l’extension à 5 jours du traitement antibiotique intramammaire. Par exemple, la stratégie s’avérant la plus rentable consistait à tester les vaches cliniquement atteintes via une analyse PCR sur lait pour identifier le germe pathogène ; puis il y avait une estimation de probabilité de guérison clinique d’après les données individuelles et sanitaires de l’animal ; sur ces bases, toute vache ayant moins de 75 % de chances de guérison était réformée et celle qui avait une probabilité de guérir supérieure à 75 % était traitée par un antibiotique intramammaire sur une durée de 3 jours.

  • Baisse des risques de transmission : d’autres moyens, tels que l’hygiène et la biosécurité, n’ont pas été intégrés dans cette étude, mais doivent évidemment jouer un rôle important d’un point de vue épidémiologique vis-à-vis des risques de contagion.


Face à des mammites cliniques contagieuses, particulièrement quand l’agent responsable est Staphylococcus aureus, les stratégies d’intervention spécifiques « à la vache » (associant réforme ciblée et traitement antibiotique intramammaire sélectif) peuvent être rentables économiquement à long terme, souvent plus qu’une démarche d’allongement du traitement antibiotique. Ces résultats tant économiques (revenu de la vente du lait) que sanitaires (nombre de cas de mammites) dépendent cependant du taux de transmission de la bactérie pathogène entre les vaches du troupeau laitier.

Résumé Publication “Economic and epidemiological impact of different intervention strategies for clinical contagious mastitis.” Gussmann M., Steeneveld W., Kirkeby C., Hogeveen H., Nielen M., Farre M., Halasa T. JOURNAL OF DAIRY SCIENCE. 2018, 102: 2, 1483-1493.

GP-R-FR-NON-200700031