Infection mammaire persistante ou nouvelle infection de la mamelle ?

La mammite clinique dite « récurrente » (selon la terminologie anglo-saxonne) contribue à environ la moitié de toutes les infections ayant un impact économique dans l’industrie laitière : elle peut être causée par une nouvelle infection de la mamelle ou bien par une infection persistante faisant suite à un traitement antérieur.  Elle entraîne une réduction de la production laitière, un risque accru de mortalité et de réforme.

Ces deux types d’infection (persistante ou nouvelle) conduisant à une mammite récurrente ne peuvent clairement être distingués par les méthodes de diagnostic « standard » ; pourtant les stratégies de contrôle diffèrent considérablement selon la nature de l’infection.

L’échec thérapeutique est souvent à l’origine de l’infection mammaire persistante ; la gestion de celle-ci passe par :

  • la réalisation d’un antibiogramme,
  • une adaptation du traitement initial (posologie, …),
  • une thérapie additionnelle ou la réforme de la vache.

Une nouvelle infection mammaire peut être provoquée par la même souche que celle à l’origine de la première infection, ou bien au contraire par une souche différente ; dans ce dernier cas, il y aura donc eu guérison bactériologique de la mammite précédente. Ce sont des mesures globales d’hygiène de l’animal et de l’environnement qui doivent être appliquées pour éviter une nouvelle infection.

L’objectif principal de cette publication est d’étudier la présence et la distribution des agents pathogènes dans les cas de mammites persistantes ou de nouvelles infections mammaires.

La caractérisation des isolats bactériens est réalisée lors du premier cas d’infection mammaire (bactériologie sur gélose au sang et à l’esculine), puis lors des mammites suivantes, ceci à l’échelle de la vache et du quartier. Quand l’espèce bactérienne se révèle être la même lors du premier cas d’infection mammaire puis des épisodes suivants, un test d’amplification génique (RAPD PCR) est réalisé afin de comparer les isolats bactériens.

Des prélèvements de lait provenant de cas cliniques de mammite ont été recueillis dans trois élevages laitiers du nord de l’Allemagne entre 2011 et 2015. Au total, 2043 cas d’infection mammaire diagnostiqués ont été examinés à l’échelle du quartier : 1598 (78,2%) concernaient une première mammite et 445 (21,8%) des mammites récurrentes. Parmi les infections récurrentes, 145 (32,6%) avaient pour origine la même espèce bactérienne que les premières infections. Le test RAPD PCR a confirmé que l’on mettait en évidence le même isolat bactérien dans 49 cas (11%) des infections récurrentes.

Concernant les espèces bactériennes isolées, Streptococcus uberis était le pathogène le plus fréquent, suivi de E. coliStaphylococcus aureus, les Staphylocoques « coagulase negative » (SCN), Streptococcus dysgalacties, les autres coliformes ; Trueperella pyogenes était le pathogène mammaire le moins isolé. Les fréquences de récurrence et de persistance variaient selon les espèces bactériennes. Ainsi, pour Streptococcus uberis, la récurrence infectieuse était fréquente (sans doute à cause d’une origine essentiellement environnementale), mais la persistance dans la mamelle était faible. Pour Staphylococcus aureus, les taux de récurrence et de persistance étaient élevés. Les plus fortes fréquences de récurrence et persistance ont été observées respectivement pour S. aureus et T. pyogenes.

L’étude présente conduite dans des élevages laitiers allemands a montré qu’environ un tiers des infections mammaires récurrentes (au cours de la même lactation) étaient dues à la même espèce bactérienne, et à la même souche bactérienne dans 11% des cas. Persistance et récurrence des infections mammaires varient selon l’espèce bactérienne. Ainsi, Streptococcus uberis, pathogène mammaire le plus souvent isolé dans cette étude, a une fréquence élevée de récurrence, mais faible pour la persistance. Une meilleure prévention des réinfections et une optimisation des traitements est nécessaire pour un contrôle efficace des mammites cliniques récurrentes.

Résumé Publication “Recurrent mastitis–persistent or new infections?”.Wente N., Griegera A.S., Klockea D., Paduchc J.H., Zhanga Y., Leimbacha S., tho Seetha M.,Mansion-De Vriesa E.M., Mohrb E., Krömkere. Veterinary Microbiology, 2020, 244: 108682.

GP-R-FR-NON-201200015