Influence de la méthode d’arrêt de traite (tarissement brutal vs progressif) sur la survenue de mammites et les pertes de lait

L’objectif de cette étude menée aux USA était d’étudier l’effet de la méthode d’arrêt de la traite (brutal vs progressif) sur les infections intra-mammaires et les pertes de lait.

Dans ce but, les auteurs ont sélectionné durant 2 ans des vaches saines, entre 7 et 14 jours avant la date prévue de tarissement. Ces vaches étaient réparties dans 5 troupeaux laitiers de l’Ohio (4 en Holstein, 1 en Jersiaise). Elles étaient habituellement traites 3 fois par jour. Les auteurs ont comparé un tarissement brutal vs un arrêt progressif consistant à réduire la semaine avant le tarissement la fréquence à une fois par jour (mise en lot par semaine de tarissement).

Les vaches prévues pour être taries dans la même semaine ont toutes été alloués au même groupe (soit arrêt de la traite brutale le jour du tarissement, soit traite quotidienne durant les 7 jours précédant le tarissement).

Sept à 14 jours avant tarissement un prélèvement aseptique de lait suivi de bactériologie était effectué afin de connaitre le statut infectieux de chaque quartier. Ce même prélèvement était effectué également lors de la dernière traite avant tarissement et de nouveau dans les 7 jours suivant le vêlage suivant. Les vaches intégrées dans le groupe « arrêt progressif de la traite » étaient observées durant la semaine de traite mono-quotidienne, afin de repérer d’éventuelles pertes de lait.

Les données ont ensuite été analysées selon le groupe (« tarissement brutal » vs « tarissement progressif »). La probabilité pour un quartier de s’infecter a ensuite été modélisée selon la méthode de cessation de la traite.

Il en ressort les résultats principaux suivants :

  • Le suivi a intégré 328 vaches dans le groupe « tarissement progressif » et 353 vaches dans le groupe « tarissement brutal » (durée de période sèche de 53 jours en moyenne pour les 2 groupes).
  • Au final, les données issues de 1086 quartiers de 285 vaches ont pu être analysées.
  • La production laitière au jour du tarissement était plus faible dans le groupe avec arrêt progressif (13,2kg) en comparaison au groupe arrêt brutal de la traite (19,8kg). En effet, dans la dernière semaine de lactation, il a été noté une baisse de lait de 33,4% (+/- 1,5%) dans le groupe « tarissement progressif » et de seulement 4,3 % (+/- 1,4 %) dans le groupe « tarissement brutal » (différence significative). Dans les 2 cas, notons que la production est supérieure à la recommandation énoncée par le NMC (10 à 12kg idéalement).
  • L’incidence d’infections intra-mammaires de l’ordre de 13 à 15% était identique, quelle que soit la méthode de cessation de la traite.
  • Dans le groupe « tarissement progressif », 14% des vaches ont eu durant la semaine précédant le tarissement des pertes de lait (8% des quartiers). Le plus souvent, il n’y a eu qu’une seule fois des pertes observées (dans 73% des cas). Après tarissement, 5% des quartiers (16% des vaches) du groupe cessation graduelle ont perdu du lait, dans 2/3 des cas une seule fois. Dans le groupe « tarissement brutal », il a été observé des pertes de lait sur 4,6% des quartiers et 8,9% des vaches. Aucune différence significative entre les groupes n’a été notée.
  • Concernant la probabilité d’observer des pertes de lait avant tarissement, les facteurs significativement associés étaient une production laitière plus importante au moment du tarissement (risque augmenté de 30% tous les 4,5kg au-delà de 18kg), ce pour les quartiers taris de façon graduelle. Les vaches en fin de 3ème lactation et plus (intégrité du canal sans doute altérée) étaient également plus à risque (3 fois plus de risque). Après tarissement, les facteurs associés à un risque plus élevé de pertes de lait étaient identiques. Une tendance cependant se dégageait, indiquant un risque plus élevé pour les vaches à tarissement graduel, ce, de façon surprenante.
  • Chez les primipares, la cessation brutale de la traite ainsi que l’observation de pertes de lait après tarissement augmentait le risque de nouvelles infections intra-mammaires. A contrario, chez les multipares, la cessation graduelle était plus à risque pour l’apparition de nouvelles infections intra-mammaires.

En conclusion

Il ressort, dans les conditions de cette étude, que, comme attendu, l’arrêt progressif de la traite diminue le niveau de production au tarissement. Cependant, dans cette étude, le niveau de production au tarissement n’avait pas d’effet sur le risque de survenue de mammite dans la lactation suivante contrairement à ce qui est pourtant retrouvé dans la plupart des études. A noter que cet arrêt progressif de traite était différemment vécu selon l’âge des animaux : il s’avérait bénéfique pour les primipares et plus à risque pour les multipares. Les auteurs concluent que les méthodes d’arrêt de traite en vue du tarissement pourraient être adaptées par groupes d’animaux, en fonction de leur parité. Ce système bien sûr est plus facilement envisageable dans des troupeaux de grande taille.

Résumé Article “Intramammary infections and mik leakage following gradual or abrupt cessation of milking.” Gott P.N., Rajala-Schulz P.J., Schuenemann G.M., Proudfoot K.L., Hogan J.S. Journal of Dairy Science, 2016, (99): 4005-4017

GP/FR/ORUM/0518/0039