Les données de la lactation permettent-elles de prédire l’évolution du statut de la mamelle durant la période sèche ?

L’objectif de cette étude menée au Royaume-Uni était de déterminer si les données de la carrière laitière des vaches (concentrations en cellules somatiques (CCS), production, parité…) pouvaient permettre de prédire les chances de guérison ou le risque d’infection de la mamelle durant la période sèche.

Dans ce but, les auteurs ont utilisé les données issues de la carrière laitière (CCS, production laitière, Parité) des vaches inscrites au contrôle laitier sur la période 1994-2014. Les vaches étaient ensuite classées au moment de leur tarissement comme éligibles à une nouvelle infection si leur dernier contrôle CCS était < 200 000 cell/mL et éligibles à une guérison si leur dernier contrôle de CCS était > 200 000 cell/mL. Seules les vaches pour lesquelles on disposait durant leur lactation d’au moins six contrôles ont été intégrées dans l’étude (au moins cinq contrôles durant une lactation n et au moins le premier de la lactation n+1).

Le premier contrôle durant une lactation devait survenir dans les 40 premiers jours de lactation. Pour chaque vache, la proportion de contrôles CCS < 200 000, > 400 000 ou > 600 000 cell/mL durant la lactation était calculée.

Les probabilités de guérison (pour les vaches considérées infectées au dernier contrôle) et de nouvelles infections (pour les vaches considérées saines au dernier contrôle) durant la période sèche ont été estimées en fonction des profils de CCS durant la lactation en cours et la précédente, selon la parité, la production laitière au dernier contrôle, la durée de la lactation, la durée de la période sèche et la valeur de CCS au dernier contrôle.

Au final, les données de plus de 46 000 lactations ont été utilisées provenant de près de 25 000 vaches issues de 114 troupeaux pour près de 25 000 vaches (valeur médiane en jours de lactation de 326 au moment de pratiquer le tarissement, interquartiles : 295 – 379 ; durée médiane de période sèche de 58 jours, interquartiles : 48 – 73 ; production laitière journalière médiane de 14 kg lors du dernier mois de lactation, interquartiles : 9,8 – 18,5 ; parité médiane de 3, interquartiles : 2 – 5).
Il en ressort les résultats principaux suivants :

  • Concernant la guérison des infections intramammaires existantes au moment du tarissement :
    • Les chances de guérison durant la période sèche des vaches infectées étaient significativement diminuées lorsque les proportions de contrôles CCS > 200 000 cell/mL ou > 400 000 cell /mL augmentaient. Ainsi, les probabilités de guérison mammaire étaient deux fois moindre pour les vaches ayant moins d’un quart de leurs contrôles < 200 000 cell/mL par rapport aux vaches infectées, mais ayant trois quarts de leurs contrôles < 200 000 cell/mL durant la lactation en cours.
    • De même, les chances de guérison diminuaient au fur et à mesure que la proportion de contrôles CCS > 200 000 cell/mL augmentait durant la lactation n-1 (lactation précédente).
    • Il a été noté une moindre probabilité de guérison en lien avec l’augmentation de la production laitière au moment du tarissement.
    • Les vaches primipares ou en deuxième lactation avaient une probabilité plus grande de guérir que les vaches à trois lactations et plus.
    • Au final, les chances de guérison des infections intramammaires diminuent avec leur chronicité.
    • La durée de période sèche n’a pas été un facteur déterminant sur les chances de guérison mammaire.
  • Les facteurs identifiés comme diminuant le risque de nouvelles infections durant la période sèche ont été :
    • Une faible proportion de contrôle CCS > 200 ou 400 ou 600 000 cell/mL durant la lactation se terminant.
    • Une production laitière faible au moment du tarissement
    • Une parité faible (1 ou 2), et un stade de lactation moins avancé au moment du tarissement (risque augmenté de 1,16 pour chaque tranche de 100 jours de lactation).
    • En revanche, aucun effet de la durée de période sèche sur le risque de nouvelles infections mammaires n’a été mis en évidence.

En conclusion

Il ressort dans les conditions de cette étude que certains profils de vaches ont moins de chances de guérir de leur infection intramammaire ou plus de risques de s’infecter durant la période sèche (vaches chroniquement infectées, produisant beaucoup de lait au tarissement, ou de parité élevée plus sujettes à un statut sanitaire de leur mamelle défavorable).

La connaissance de ces profils peut permettre de limiter les traitements antibiotiques et d’envisager plus vite la réforme de certaines vaches, ou bien d’amener l’éleveur à gérer spécifiquement ces animaux « à risque », en portant notamment une attention particulière à leurs conditions de logement, au niveau de production visé lors du tarissement et à la qualité du traitement hors lactation.