L’état émotionnel des vaches est modifié négativement lors de mammite à E. Coli induite expérimentalement

L’objectif de cette étude menée en France était de décrire l’état émotionnel de vaches soumises à une induction expérimentale de mammite à E. coli à travers la mise en oeuvre d’une évaluation qualitative comportementale (QBA = « Qualitative Behavior Assessment » en anglais) pour tester sa pertinence, de même que de croiser sa relation avec 9 autres indicateurs plus classiques (cliniques).

Pour ce faire, les auteurs ont suivi 6 vaches Holstein soumises à une mammite à E. coli reproduite par infusion bactérienne dans un quartier sain. L’évolution de la mammite était suivie par bactériologie et mesure des concentrations en cellules somatiques (CCS).

En parallèle, un QBA était réalisé de même qu’un examen clinique, le recueil de données de type accéléromètre, la mesure en continu de la température ruminale ainsi que des mesures du taux de cortisol (stress) et de marqueurs de l’inflammation (haptoglobine, serum amyloïd A = SAA, TNF et Interleukine), tous ces paramètres en 10 temps expérimentaux : avant inoculation T0, en phase pré-clinique (8h post-inoculation), en phase aiguë (T+12, 16 et 24h), en phase de rémission (T+32, T+40, T+56, T+64, T+80h). L’évolution des paramètres a été décrite au cours du temps et une analyse en composante principale a permis d’explorer les résultats du QBA.

Il en ressort les résultats principaux suivants :

  • Le suivi des résultats cliniques et physiologiques a confirmé la réussite de l’inoculation bactérienne sur les 6 vaches avec toutefois des variations dans l’intensité des paramètres, comme attendu, entre vaches.
  • L’analyse en composante principale a permis d’expliquer près de 60% de la variabilité totale observée du QBA (de ses 17 items) avec deux axes principaux. La première composante (35% de la variabilité) allait d’un bloc « actif/vigoureux/heureux/joyeux » à « souffrant/léthargique/abattu ». La deuxième composante (23% de la variabilité) menait d’un état « craintif/tendu/anxieux » à « confiant/détendu/calme ». Au fur et à mesure de l’avancée de la mammite (pré-clinique vers phase aiguë), ces composantes se dégradaient, reflétant un état « souffrant/léthargique/abattu » et « craintif/tendu/anxieux ». Au fur et à mesure de la phase de rémission, les comportements se normalisaient. Les auteurs ont trouvé des relations notamment entre critères cliniques et physiologiques d’une part et l’expression des comportements d’autre part (sur les deux composantes principales). Ainsi, plus élevés étaient le score clinique de la mamelle, la température interne (rumen), les marqueurs de l’inflammation, plus les scores du QBA pour la première composante étaient bas (abattement, léthargie, souffrance). La deuxième composante était plus particulièrement affectée par des valeurs élevées en SAA : plus ces valeurs étaient hautes, plus l’animal était calme (en lien avec le moment du pic correspondant au début de la rémission). Par contre, le comportement de couchage n’était pas corrélé aux scores obtenus au QBA.

Au final

Il ressort, dans les conditions de cette étude, que l’expression comportementale, évaluée à travers une évaluation qualitative, a permis de détecter un état négatif léthargique et de souffrance dans la phase aiguë de la mammite et d’objectiver également lors de la phase de rémission des comportements positifs (calme, confiant/relaxé). Les résultats confirment, si besoin était, de l’atteinte au bien-être de telles affections et laisse entrevoir également une utilisation potentielle de l’évaluation comportementale qualitative par les éleveurs et les vétérinaires pour détecter le plus précocement les mammites.

GP/FR/ORUM/0818/0055