L’utilisation d’un répulsif contre les mouches à base de deltaméthrine peut réduire les infections mammaires des vaches laitières en élevage intensif

Peu d’informations sont disponibles quant à la relation entre la présence de fortes populations de mouches de diverses origines et la variété de germes transmis à la mamelle et responsables de mammites dans les élevages bovins laitiers fort producteurs, dans la région méditerranéenne (conditions climatiques tempérées). En raison de l’impact sanitaire et économique des mammites, de la difficulté de les maîtriser en élevage, il semblerait utile de réduire les populations de mouches afin de minimiser leur rôle dans la transmission de bactéries pathogènes comme E. coli et Staphylococcus aureus.

L’objectif de cette étude grecque réalisée dans un élevage de vaches laitières conventionnel était d’étudier l’effet possible d’un agent répulsif contre les mouches à base de deltaméthrine sur le taux de contamination des germes majeurs impliqués dans les infections mammaires, durant le pic saisonnier de présence des insectes.

L’essai a été mené, entre mai et juin 2016, dans un élevage de 150 vaches laitières de race Holstein. Ont été sélectionnées 55 vaches multipares, élevées dans ce même élevage et qui ont été réparties en 3 groupes : 25 vaches « traitées » avec une spécialité à base de deltaméthrine (1 administration sur le dos en « pour on »), 20 vaches « témoins » élevées dans la même case (administration d’un placebo dans les mêmes conditions), 10 vaches « témoins non traitées » mais élevées dans une case séparée. Ont été enregistrées les données météorologiques, les comptages de mouches par observation directe, les espèces de mouches capturées via des pièges et identifiées, les comptages cellulaires (SCC) et le profil bactériologique à partir des prélèvements de lait. Des tests statistiques paramétriques et non paramétriques ont été réalisés sur la plupart de ces données enregistrées.

Les principaux résultats de cette étude sont les suivants :

  • L’application de deltaméthrine a réduit significativement de 88 % la population de mouches 6 heures après le traitement. L’effet répulsif observé dans le groupe traité est resté significatif lors de contrôles à long terme (10 et 20 jours après traitement).
  • L’espèce la plus prévalente de mouche a été Musca domestica (73.6 % des isolements).
  • Les analyses microbiologiques de départ sur les mammites ont révélé la prédominance des infections à Staphylococcus aureus puis de Staphylocoques coagulase-negative (CNS) puis de colibacilles.
  • Les courbes d’AUC (Area Under Curve), à savoir taux d’isolement bactérien (CFU/ml) en fonction du temps, soulignent une différence significative en terme de réduction des infections de la mamelle en faveur du groupe traité avec la deltaméthrine par rapport au groupe témoin (même enclos), ceci aussi bien pour aureus que pour les CNS et E. coli, en considérant la période 0-30 jours post-traitement.
  • Le comptage cellulaire (SCC) des vaches traitées a diminué significativement sur la période 0-30 jours, alors même que l’on observait une augmentation du taux cellulaire des vaches témoins (même enclos) dans les 20 premiers jours post-traitement.

En conclusion

Cette étude, dans les conditions d’un élevage bovin laitier conventionnel suivi en période à risque maximal pour la pression en mouches, montre d’abord qu’une population abondante de ces insectes joue un rôle significatif dans le développement des infections mammaires, soulignant le rôle des mouches comme vecteurs possibles des agents pathogènes responsables des mammites. Après administration d’une molécule à activité insecticide, la deltaméthrine, on observe une réduction de l’infestation liée aux mouches puis une réduction des pathogènes responsables de mammites ainsi que des comptages cellulaires : le contrôle des mouches en élevage devrait être inclus dans une stratégie de contrôle des mammites chez les vaches laitières.

Résumé Publication “Fly repellency using deltamethrin may reduce intramammary infections of dairy cows under intensive management.” Arsenopoulos K., Triantafillou E., Filioussis G., Papadopoulos E. Comparative Immunology, Microbiology and Infectious Diseases. 2018. 61 : 16-23.

R-GP-FR-NON-190200051