Pertes économiques liées aux mammites en élevage bovin laitier

Le contexte de l’étude des pertes économiques liées aux mammites en élevage bovin laitier

L’estimation du coût des mammites de la vache laitière varie selon :

  • les études publiées, particulièrement en fonction de l’étiologie,
  • du degré d’atteinte clinique,
  • des types de pertes intégrées dans le coût,
  • des niveaux de prix et des méthodes d’évaluation économique.

En tant que trouble de la santé le plus fréquent en élevage laitier, les mammites induisent des coûts et des pertes d’exploitation, du fait :

  • des analyses bactériologiques (identification de la ou des bactéries responsables, antibiogramme),
  • des analyses cytologiques (comptage cellulaire dans le lait) à réaliser pour poser le diagnostic,
  • des traitements antibiotiques et autres,
  • du surcroît de travail pour l’éleveur,
  • de la destruction du lait pendant la durée de la maladie et après le traitement,
  • de l’abattage éventuel de l’animal…

Les auteurs français (équipes de recherche de Toulouse) ont réalisé une méta-analyse d’articles en langue anglaise étudiant les pertes économiques liées à des mammites bovines, publiés jusqu’en juin 2019 dans trois bases (PubMed, ISI Web of Science, Google Scholar). À partir d’un total initial de 1 566 articles, ils en ont sélectionné seulement neuf, représentant 82 observations. Dans les critères d’inclusion d’un article, figurait notamment la possibilité de distinguer les résultats de mammites cliniques de ceux relatifs aux mammites subcliniques.

Les résultats de l’étude sur l’impact économique de la mammite

Les résultats majeurs issus de cette méta-analyse ont été synthétisés en fonction d’une estimation de pertes économiques par cas de mammite clinique sur une vache laitière :

  • L’étiologie influence significativement les pertes par cas de mammite clinique.
  • La perte moyenne, toutes étiologies publiées confondues, s’élève à 224 € par cas.
  • L’impact financier moyen est de 101 € pour des mammites dues à des bactéries Gram + et de 457 € pour celles provoquées par des bactéries Gram –. Par contre, ne sont pas prises en compte les conséquences à long terme des mammites, qui sont plus importantes pour les infections à bactéries Gram + que pour les mammites à germes Gram – (efficacité des traitements, infection chronique).
  • Les pertes calculées ont été de 74, 79, 121 et 428 € par cas de mammite due respectivement à Staphylococcus aureus, Staphylococcus coagulase-négative, StaphylococcusStreptococcus spp. et Escherichia coli.
  • L’estimation des pertes dépend aussi de la prise en compte des coûts de diagnostic et de la réduction de l’ingéré alimentaire, paramètres liés aux conséquences des mammites cliniques.
  • La valorisation de divers postes de coût (travail, médicaments, réforme) influence significativement l’estimation des pertes par cas de mammite clinique.
  • Les différences observées entre publications sont également dues à une prise en compte rare ou absente de certains critères en relation avec les mammites cliniques et ayant un impact économique comme les conséquences sur la reproduction, le diagnostic avant traitement, le prix du lait, le coût du travail supplémentaire…

En conclusion

La présente étude a consisté en une estimation des pertes économiques engendrées par les mammites cliniques de la vache laitière, ceci d’après une méta-analyse de neuf publications intégrant 82 observations. Les pertes directes en euros liées aux mammites à germes Gram – sont nettement plus importantes que celles dues aux infections à bactéries Gram +, mais ne prennent pas en compte les effets à long terme de la mammite. Il est par ailleurs difficile de conclure quant aux paramètres qui influencent le plus ces niveaux de pertes. Pour les auteurs, il y a nécessité de standardiser l’évaluation des pertes engendrées par cette pathologie.

Référence : Résumé Publication “The Use of Meta-Analysis for the Measurement of Animal Disease Burden: Losses Due to Clinical Mastitis as an Example.” Raboisson D., Ferchiou A., Pinior B., Gautier T., Sans P., Lhermie G. Frontiers in Veterinary Science. 2020, 7 : 149.

GP-FR-NON-211100044