Prédire au tarissement les affections de début de lactation à l’aide de marqueurs biologiques

Les vaches laitières subissent des modifications métaboliques et physiologiques considérables durant la phase de transition entre la fin de gestation et le début de lactation afin de préparer le vêlage et la production laitière. Il en résulte un risque accru de troubles de la santé comme les mammites, métrites, cétoses et déplacements de caillette. Souvent les méthodes de monitoring évaluant cet état de « stress métabolique » (métabolisme nutritionnel altéré + stress oxydatif + inflammation) sont mises en oeuvre de manière rétroactive, de quelques semaines avant jusqu’à quelques jours après vêlage.

L’objectif de cette étude réalisée dans des conditions de terrain aux USA était d’identifier au moment du tarissement des biomarqueurs précoces des affections, survenant lors de la  période de transition, en utilisant une approche de modèle prédictif.

L’étude prospective s’est déroulée dans 5 élevages laitiers américains. Les vaches ont été suivies du tarissement jusqu’à 30 jours post-vêlage. Un certain nombre d’affections et événements ont été enregistrés : mammite, métrite, rétention placentaire, cétose, boiterie, pneumonie, fièvre de lait, déplacement de caillette, avortement, mort du veau ou de la vache. Trois modèles prédictifs ont été élaborés : un pour chaque composante du stress métabolique (métabolisme nutritionnel, stress oxydatif et inflammation) et un dernier combinant les 3 composantes.

Les principaux résultats de cette étude sont les suivants :

  • L’échantillonnage final a intégré 277 vaches laitières, dont 189 multipares et 88 primipares.
  • La collecte des prélèvements sanguins s’est réalisée en moyenne 48 jours avant le vêlage.
  • L’incidence globale d’une atteinte par au moins un trouble de la santé caractéristique de la période de transition (mammite, métrite, cétose, boiterie,…) ou/et un autre évènement sanitaire défavorable (avortement, mort de la vache ou du veau) a été de 33,6 % : ainsi par exemple, 15 vaches ont eu 2 troubles de santé associés, 4 vaches en ont eu 3, 1 vache en a eu 4… Les affections les plus fréquentes ont été la cétose et la métrite (7 à 8 % pour chacune).
  • La prédiction moyenne du modèle combiné s’est avérée plus efficace que celle de chaque composante prise séparément.
  • Les biomarqueurs prédictifs des maladies de la période de transition (fin de gestation à début de lactation) les plus puissants et significatifs ont été les suivants :
    • Métabolisme nutritionnel : calcium
    • Stress oxydatif : potentiel antioxydant (AOP), alpha tocophérol
    • Inflammation : albumine, Serum Amyloid A (SAA), monocytes, ratio neutrophiles/lymphocytes
  • Numéro de lactation et saison sont des paramètres à prendre en compte aussi dans ces modèles de prédiction.

En conclusion

D’après cette étude, il apparaît possible de détecter dès le tarissement les vaches à risques d’affections de fin de gestation/début de lactation à l’aide d’un modèle prédictif associant un certain nombre de biomarqueurs du stress métabolique comme le calcium, l’alpha tocophérol, le potentiel antioxydant, la SAA, ainsi que des paramètres de la numération cellulaire (paramètres sanguins, monocytes, rapport neutrophiles/lymphocytes). Une détection précoce permet de mettre en place plus efficacement des mesures préventives des affections du vêlage et du début de lactation.

Résumé Publication “Predictive models for early lactation diseases in transition dairy cattle at dry-off.” Wisnieski L., Norby B., Pierce S., Becker T., Gandy J., Sordillo L. Preventive Veterinary Medicine. 2019. 163 : 68-78.

AD-R-FR-NON-190600002