Prévalence et facteurs de risque des mammites subcliniques des primipares en Suisse

L’objectif de cette étude menée en Suisse était d’évaluer la prévalence de mammites subcliniques chez les vaches primipares suisses, d’en étudier les facteurs de risque et d’en étudier également les conséquences, lors de leur première et de leur seconde lactation. Dans ce but, les auteurs ont utilisé les bases de données disponibles des races Pie-Rouge suisse, Brune et Holstein. Au final, les données de 166 518 primipares étaient disponibles.

Les données mensuelles de concentrations en cellules somatiques (CCS) sur une période de 3 ans ont été analysées. La prévalence de mammites subcliniques chez les primipares a été évaluée à partir du nombre d’animaux présentant une CCS > 100 000 cellules/mL.

La probabilité d’avoir une mammite clinique lors du premier contrôle lors de la lactation a été évaluée par régression logistique, en prenant en compte l’ensemble des facteurs de risques suivants : facteurs génétiques, caractéristiques morphologiques, région géographique, saison de vêlage et composition du lait. Les auteurs ont également observé le devenir durant la première et deuxième lactation des primipares incluses.

Ils ont notamment comparé le groupe des primipares avec une faible CCS (<100 000 cellules/mL)  au premier contrôle de leur première lactation (Groupe 1) avec le groupe des primipares avec une forte CCS lors de leur premier contrôle (Groupe B).

Il en ressort principalement les résultats suivants :

  • L’échantillon était composé de 54.3% de Holstein, 31.9% de Brunes et 13.87% de Pie-Rouge suisses.
  • Sur la période 2006-2010, la prévalence de mammites subcliniques chez les primipares était de 20,6%.
  • En comparaison aux vaches Pie-Rouge, les Holstein (OR 1.62) et les Brunes (OR 1.15) avaient significativement plus de risque d’avoir une mammite subclinique.
  • Les animaux avec un potentiel génétique « production laitière » élevé avaient plus de risque de développer une mammite subclinique. Les primipares de  races à vocation mixte avaient moins de risque de développer des mammites subcliniques.
  • Les vaches avec un profil génétique axé sur la conformation de la mamelle avaient moins de risque de développer une mammite subclinique.
  • La zone géographique ou la saison de vêlage n’avaient aucune influence.
  • Les vaches avec un rapport TB/TP élevé avaient un risque accru de mammite subclinique (OR 1.97).
  • Lors de la première lactation, 9,5% puis 12,9% des vaches du Groupe 1, et 46,2% puis 45% des vaches du Groupe B, avaient une CCS > 100 000 cellules/mL au deuxième contrôle puis au troisième contrôle. Ainsi, la prévention des infections dès le début de la lactation est cruciale.
  • Lors de leur deuxième lactation, la probabilité d’avoir au moins un des trois premiers contrôles avec une CCS > 100 000 cellules/mL était de 60% pour les vaches du groupe 1 et 100% pour les vaches du groupe B. La prévalence de mammites subcliniques en première lactation influe donc grandement les résultats de CCS en deuxième lactation.
  • Un an et 2 ans après le premier prélèvement, ce sont respectivement 18,5 et 35.2% des vaches du groupe A qui avaient quitté le troupeau tandis que 24,1 puis 42.8% des vaches du groupe B avaient été réformées.

En conclusion

Il ressort dans les conditions de cette étude que la prévalence de primipares ayant des concentrations en cellules somatiques supérieures  à 100 000 cellules/mL (plus de 20%). Les auteurs concluent au besoin de combiner la sélection vers la production laitière avec la prise en compte de la santé mammaire. Les résultats de CCS en première lactation influent grandement les résultats en seconde lactation, et interviennent dans la politique de réforme ultérieure des vaches.

Référence : Résumé Article “Mastitis in dairy heifers: prevalence and risk factors” Bludau M.J., Maeschli A., Leiber F., Steiner A., Klocke P. The Veterinary Journal, 2014, (202) :566-572.