Quel est l’impact économique des mammites subcliniques ?

L’objectif de cette étude menée au Brésil était d’estimer les pertes économiques dues aux mammites subcliniques à l’échelle du quartier, en comparant la production laitière des quartiers infectés et des quartiers controlatéraux sains. L’impact économique a été estimé en comparant les profits (lait produit x prix du lait) issus des quartiers infectés et sains.

L’étude :

Dans ce but, les auteurs ont utilisé les données de 650 vaches issues de sept troupeaux brésiliens. Les vaches ont fait l’objet d’un prélèvement de lait composite une fois par semaine, pendant trois semaines, pour avoir une mesure des taux (TB, TP) et des concentrations en cellules somatiques (CCS). La production laitière était mesurée également. La troisième semaine, un prélèvement de lait composite était effectué de façon aseptique pour réaliser un examen bactériologique. Les vaches étaient déclarées infectées de façon subclinique si elles avaient au moins deux contrôles sur 3 > 200 000 cell/mL et un isolement bactérien positif (> 10 colonies d’agent pathogène mineur ou > 3 colonies agent pathogène majeur environnemental ou au moins une colonie d’agent pathogène majeur à réservoir mammaire).

Quinze jours après pour les vaches infectées, des échantillons de quartiers étaient prélevés (taux et CCS) et la production laitière au quartier était mesurée. Lorsqu’une vache était déclarée infectée, une analyse bactériologique au quartier permettait d’identifier le ou les quartiers infectés. Une comparaison de la production laitière du quartier infecté était alors effectuée, selon le type de pathogène isolé (environnemental vs mammaire), avec la production laitière du quartier controlatéral sain.

Il en ressort les résultats principaux suivants :

  • Au total, 1915 échantillons de lait composite ont été collectés.
  • Sur les 611 échantillons analysés en semaine 3, 214 (35 %) ont permis un isolement bactérien alors que 397 (65 %) n’en ont pas permis. Parmi les résultats positifs, 100 révélaient la présence de pathogènes mineurs, 50 celle de pathogènes environnementaux et 41 celle de pathogènes à réservoir mammaire. Corynebacterium spp était le pathogène le plus fréquemment isolé (7,9 %), puis venaient par ordre décroissant les staphylocoques à coagulase négative (5,8 %), S. aureus (5,3 %), Str. uberis (4,6%), Str. agalactiae (3,9 %), des bactéries Gram-négative (2,9 %), Enterococcus spp (1,4 %) et Str. dysgalactiae (0,07 %).
  • Un total de 124 paires de quartiers infectés et controlatéraux sains a été constitué.
  • Aucun effet n’a été observé (CCS, taux, production) lorsque les quartiers étaient infectés par un pathogène mineur.
  • A contrario, les quartiers infectés par un pathogène environnemental avaient des CCS plus élevées (1 278 000 cell/mL vs 207 000 cell/mL) et une production moindre (3,1 vs 3,6 kg/quartier/traite). Aucun effet sur les taux n’était observé. Au final, la perte économique était estimée à 0,18 dollars US par quartier/traite.
  • Pour les quartiers infectés par des pathogènes majeurs à réservoir mammaire, on observait des CCS plus élevées dans les quartiers infectés (1 623 400 cell/mL vs 250 900 cell/mL), une production moindre en comparaison aux quartiers sains (2,8 vs 3,5 kg/quartier/traite) et une concentration en protéines plus faible. Au final, la perte économique était estimée à 0,22 dollars US par quartier/traite.
  • À l’échelle de la bactérie, les pertes ont été estimées entre 0,02 et 0,043 dollars US par quartier/traite. Les pertes les plus importantes ont concerné Enterococcus spp (0,43 dollars US par quartier/traite) et S. aureus (0,26 dollars US par quartier/traite).

En conclusion

Il ressort dans les conditions de cette étude que la production laitière était, comme attendue, plus faible dans les quartiers atteints de mammite subclinique en comparaison aux quartiers sains (entre ,07 et 1,4 kg/quartier/traite). L’impact économique était estimé entre 2 et 34 centimes d’euros par quartier et par traite. Ces résultats soulignent, s’il en était besoin, l’importance de maitriser les infections subcliniques.

Référence : Résumé Article “Bovine subclinical mastitis reduces milk yield and economic return.” Gonçalves J.L., Kamphuis C., Martins C.N.M.R., Barreiro J.R., Tomazi T., Gameiro A.H., Hogeveen H., dos Santos M.V. Livestock Science, 2018, (210) : 35-32.

GP-FR-NON-211100044