Quelles sont les pertes associées aux augmentations de concentrations en cellules somatiques dans les élevages laitiers aux USA ?

L’objectif de cette étude menée aux USA était, dans un premier temps, d’évaluer conjointement l’effet de plusieurs facteurs individuels et de troupeau sur la production laitière, notamment l’influence des concentrations en cellules somatiques (CCS). Dans un second temps, les auteurs voulaient évaluer l’impact économique de situations CCS dégradées (perte de production laitière principalement).

Dans ce but, les auteurs ont utilisé les données issues de 10 mois consécutifs de contrôles laitiers (caractéristiques des vaches, CCS, production laitière, TP, TB). La base de données a été constituée de façon à avoir pour chaque vache 10 contrôles consécutifs, le premier étant le premier de la lactation. Dans un premier temps, un modèle explicatif de la production laitière a été élaboré, basé sur des variables « vaches » (dont CCS) et « troupeau ».

Les auteurs ont considéré, sur la base d’études antérieures, différentes valeurs seuils de CSS comme indicateur de mammites (100 000, 200 000 et 300 000 cell/mL). Dans un deuxième temps, l’impact économique de CCS élevées (durée notamment des contrôles > seuil indicateur) a été estimé sur la base de leur impact sur la production laitière (prix du lait durant l’étude de 0.45 dollar US/kg).

Il en ressort les résultats principaux suivants :

  • Au final, ce sont ainsi 5 415 940 observations issues de 541 954 vaches sur 11 740 fermes qui ont été analysées. La production moyenne par vache par contrôle était de 34.71 kg/jour. La moyenne des CCS sur l’étude était de 197 690 cell/mL avec une moyenne de 1,5 mois par vache au-dessus de 100 000 cell/mL. 22% des vaches appartenaient à des troupeaux de plus de 1000 vaches.
  • Au-delà des effets classiques attendus sur la production laitière (type parité, mois de lactation), l’impact des CCS sur la production a été estimé. 23% des vaches observées ont présenté au moins un mois > 100 000 cell/mL (16% > 300 000 cell/mL). Comme attendu, plus le nombre de contrôles au-delà de 100 000 cell/mL était important, plus grande était la perte en lait (tableau ci-dessous) (même logique pour des seuils de 200 et 300 000 cell/mL)
  • En conséquence, plus le nombre de contrôles au-delà de 100 000 cell/mL était élevé, plus l’impact économique était important (cf tableau). C’est bien le côté cumulatif de situations dégradées de CCS qui s’avère le plus pénalisant, confirmant que la persistance de CCS au-delà de 100 000 cell/mL est néfaste économiquement.

Effet estimé du nombre de contrôles consécutifs supérieurs à 100 000 cell/mL sur la production laitière (en kg)

En conclusion

Il ressort, dans les conditions de cette étude, que plus que l’incidence c’est la persistance de contrôles mensuels au-delà de 100 000 cell/mL (donc en quelque sorte de mammites chroniques) qui est le plus pénalisant économiquement. La prévention et la détection précoce suivie d’un traitement adapté sont donc bien la clé pour limiter au maximum l’impact économique des des situations cellulaires dégradées.

Résumé Article “Estimating milk yield and value losses from increased somatic cell count on US dairy farms.” Hadrich J.C., Wolf C.A., Lombard J., Dolak M. Journal of Dairy Science, 2018, (101) :1-8.

GP/FR/ORUM/0618/0044