Relation entre mammites en début de lactation chez les primipares et carrière productive

Des durées de vie productive plus courtes ou plus longues chez les vaches laitières présentent des avantages et des inconvénients, en fonction de facteurs tels que la taille du troupeau, les performances des vaches (production de lait, reproduction, santé mammaire), l’état de santé, les prix du lait et de la viande, les coûts des aliments et les frais vétérinaires.

Le terme « réforme » peut désigner la mort ou la vente de la vache (abattage), ou les deux, selon l’étude. La combinaison de la mort et de l’abattage dans un seul code d’événement, même si des processus différents sont à l’origine de ces événements, peut entraîner une confusion et des estimations biaisées : la plupart des modèles d’évaluation de risques publiés ne font pas cette distinction entre ces deux causes de « réforme ».

Peu d’études publiées ont analysé l’impact de mammites cliniques (et leur étiologie) en début de carrière productive d’une vache laitière sur sa longévité en termes de production laitière, ou sa probabilité de mourir ou d’être réformée.

De nombreux auteurs s’accordent à définir le début de lactation comme les 100 premiers jours d’une lactation de vache.

L’objectif de cette étude observationnelle menée conjointement par des équipes néerlandaise (Université de Wageningen) et américaine (Cornell University) était d’évaluer l’association entre les mammites cliniques (avec isolement de Streptococcus spp., Staphylococcus aureus, Staphylococcus spp., Escherichia coli, Klebsiella spp., voire d’autres germes, ou sans isolement bactérien) survenant au cours des 100 premiers jours de première lactation d’une vache laitière et sa durée de vie productive totale, se terminant par la mort ou la réforme (pour abattage).

La base de données soumise à l’analyse a inclus 24.831 vaches laitières de race Holstein provenant de 5 troupeaux laitiers de l’état de New York entre 2004 et 2014. Les élevages étaient conventionnels, en stabulation libre, avec une conduite en groupes selon le mois de lactation, la production et le statut de reproduction. Les animaux ont été suivis du premier vêlage jusqu’à la mort, la vente ou la fin de l’étude en 2014.

Les performances moyennes étaient de 11.260 à 13.123 kg de lait par vache et par an (base 305 jours), de 137.000 à 262.000 cellules/ml en Concentration moyenne en Cellules Somatiques (CCS). L’analyse statistique a permis de calculer des rapports de risque (HR ou « hazard ratio », obtenu en divisant le taux de risque du groupe expérimental au temps voulu par le taux de risque du groupe témoin au même moment ; utilisé dans les analyses de survie).

Conclusions

Les principaux enseignements sont les suivants :

  • Sur la base totale, les taux de mortalité et de vente (réforme avec abattage) se sont élevés respectivement à 10 et 48,4% pendant la période d’étude (2004-2014).
  • Environ 10% des vaches ont été touchées par une mammite clinique dans les 100 premiers jours de leur première lactation. Ces infections cliniques sont causées essentiellement par le colibacille et les streptocoques, auxquels il faut ajouter les cas sans isolement d’agent pathogène au laboratoire.
  • Les mammites cliniques à E. coli en début de première lactation sont significativement associées à un taux de mortalité plus élevé (HR = 1,32). Au contraire de celles sans isolement de bactérie pour lesquelles le HR est de 0,66.
  • Les mammites à Streptococcus spp., Staphylococcus aureus, Klebsiella spp. ou sans isolement, étaient associées à des taux de risque de vente (réforme avec abattage) plus élevés (HR respectivement de 1,34 ; 1,60 ; 1,55 ; 1,42) par rapport à l’absence de cas de mammites cliniques dans les 100 premiers jours de lactation.
  • Une production laitière moyenne élevée sur la carrière d’une vache laitière était significativement associée à une légère augmentation du risque de vente (réforme).

En conclusion, la survenue de mammites cliniques dans les 100 premiers jours de lactation des vaches primipares constitue un facteur important pouvant expliquer un risque accru de réforme au sein du troupeau, avec des différences selon l’étiologie bactérienne des infections intramammaires : E. coli est principalement associé à un taux de mortalité plus élevé alors que Staphylococcus aureus est plus souvent lié à un taux accru de réforme (abattage).

Résumé Publication “Association of pathogen-specific clinical mastitis in the first 100 days of first lactation with productive lifetime: An observational study comparing competing risks models for death and sale with the Cox model.” Hertl JA, Schukken YH, Tauer LW, Welcome FL, Gröhn YT. Preventive Veterinary Medicine, 2023, 213 : 105879

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