Détection des maladies infectieuses bactériennes dans le lait de tank

Tester des échantillons de lait est une stratégie pratique et rentable pouvant être mise en œuvre dans le cadre des programmes de surveillance des maladies infectieuses dans les élevages bovins laitiers.

Cependant, le diagnostic direct sur un tel support a l’inconvénient d’une faible sensibilité par rapport à des tests individuels au niveau des animaux, en raison de «l’effet de dilution», car le lait des animaux infectés est dilué avec le lait des vaches non infectées.

En outre, avec cette stratégie, il existe une variabilité substantielle en termes de définition de la maladie (par exemple, ce qui définit un troupeau positif ou un seuil de positivité en termes d’animaux infectés), d’interprétation des résultats des tests (par exemple, les valeurs de « cut-offs » spécifiques pour les échantillons de lait de tank), de cible des tests (par exemple, détection d’antigène ou d’anticorps ?), …

Une équipe canadienne (Université de Guelph) a entrepris une revue bibliographique des études de diagnostic des maladies infectieuses bactériennes des vaches laitières dans le lait de tank. Les auteurs ont également compilé les tests de diagnostic commercialisés pour le diagnostic sur lait de tank, ainsi que la liste des maladies concernées par une surveillance incluant le prélèvement d’échantillons de lait de tank.

Au final, ont été retenues 474 études, dont la moitié provenait des pays suivants : USA, Danemark, Italie, Iran, Royaume-Uni, Brésil et Canada. 575 bactéries étaient éligibles, avec 1 à 6 pathogènes inclus par étude. Les bactéries les plus souvent recherchées en termes de diagnostic étaient : Staphylococcus aureus (y compris les SARM), Streptococcus agalactiae, Mycobacterium avium ssp. paratuberculosis, Coxiella burnetii et Mycoplasma spp. Les méthodes diagnostiques les plus souvent citées ont été : la culture bactériologique, les tests Elisa, la PCR et la PCR en temps réel (RT-PCR).

Parmi les résultats les plus significatifs :

  • Paratuberculose : les tests PCR et ELISA ont démontré une sensibilité augmentée et une spécificité diminuée par rapport à la bactériologie classique ; la sensibilité, généralement faible à modérée (< 50%), a augmenté lorsque la prévalence intra-troupeau de l’infection était élevée. La spécificité des tests sur lait de tank était en général élevée.
  • Staphylococcus aureus : le test PCR avait une sensibilité plus élevée et une spécificité diminuée par rapport à la bactériologie pour détecter les troupeaux infectés par S. aureus, mais la méthode RT-PCR avait démontré une excellente spécificité pour détecter les troupeaux indemnes de staphylocoque doré.
  • Mammites à Streptococcus agalactiae : le diagnostic sur lait de tank a conduit à de bonnes performances en termes de sensibilité et spécificité. Cependant, les auteurs ont mis en évidence des incohérences en ce qui concerne la sensibilité de la bactériologie pour détecter les troupeaux infectés par ce streptocoque : cette variabilité était liée au profil des élevages et a surtout été relevée dans des fermes à fort taux d’infection ou à historique de formes cliniques de l’infection.
  • Fièvre Q : sur la base de quelques études, toujours sur lait de tank, la spécificité des diverses méthodes est faible à modérée (50-70%), alors que la sensibilité est très variable (32-98%).
  • Salmonelloses : Salmonella dublin était la salmonelle la plus recherchée dans le lait de tank ; Les performances des différentes méthodes étaient élevées et homogènes pour la spécificité (89-99%), très variables pour la sensibilité (50-100%). Cette variabilité était expliquée par la prise en compte ou non des génisses et veaux dans la définition du statut infectieux.

Conclusions

En conclusion, les méthodes de diagnostic de maladies infectieuses bactériennes des vaches laitières par le lait de tank présentent des performances variables, mais souvent une faible sensibilité pour une spécificité élevée. Une surveillance de ces infections bactériennes par des protocoles de diagnostic via le lait de tank nécessite en conséquence une répétition des prélèvements dans le temps sur les vaches laitières.

Résumé Publication “A scoping review of the testing of bulk milk to detect infectious diseases of dairy cattle: Diseases caused by bacteria.” Nobrega DB, French JE, Kelton DF. Journal of Dairy Science, 2022, 106 : 22395.