Comparaison entre 2 stratégies de traitements antiparasitaires (total vs sélectif) de brebis à l’agnelage pour contrôler Haemonchus sp.

En Ontario, au Canada, l’haemonchose est souvent présente au printemps chez des brebis en fin de gestation et à l’agnelage. Une équipe de scientifiques canadiens a voulu étudier l‘intérêt du traitement sélectif des brebis à l’agnelage avec du closantel, une molécule récemment disponible au Canada, pour contrôler l’haemonchose chez les brebis et les agneaux, en l’associant avec le maintien de refuges parasitaires – population de parasites non exposés aux anthelmintiques – dans le contexte du développement de résistance des stongles gastro-intestinaux aux anthelmintiques.

Pour cela, les scientifiques ont mené une étude longitudinale sur 2 ans (2013 – 2014) dans laquelle ont été intégrées 6 fermes, 3 dans lesquelles toutes les brebis ont reçu à l’agnelage un traitement par voie orale avec du closantel (10 mg/kg) – groupe TT – et 3 dans lesquelles a été mis une stratégie de traitement sélectif des brebis à l’agnelage – groupe TS –.

Les brebis du groupe TS n’étaient traitées par voie orale avec du closantel (10 mg/kg) à l’agnelage que si au moins 1 des 4 conditions ci-après était observée :

  1. animaux venant de terminer leur 1ère saison de pâture
  2. animaux avec une note d’état corporel (NEC) ≤2
  3. animaux avec un indice FAMACHA ≤ 4
  4. brebis avec 3 agneaux

Des prélèvements d’herbe pour le dénombrement de larves L3 et des coproscopies ont été menées mensuellement sur 20 brebis et 20 agneaux dans chacune des fermes durant la période de pâturage (mai – octobre). Les traitements additionnels (fenbendazole ou ivermectine) et les mortalités attribuables au parasitisme ont été enregistrés dans chaque exploitation.
La moyenne arithmétique en œufs d’ H. contortus par gramme de fécès dans la phase de pré-traitement (mai 2013) variait selon les fermes entre 506 et 2 738.

Il en ressort les éléments suivants :

  • une réduction de 47% du nombre d’animaux traités dans le groupe TS par rapport à ceux du groupe T
  • pas de différence significative entre les 2 lots pour ce qui concerne le pourcentage de traitements anthelmintiques additionnels et de mortalités dues au parasitisme
  • un nombre généralement plus important de larves d’ H. contortus en début de saison la 1ère année de suivi pour les fermes TS par rapport aux fermes TT, mais pas de différence significative en fin de saison
  • pas de différence significative au niveau du nombre de larves d’ H. contortus durant la seconde saison de pâture

En conclusion, dans les conditions de l’Ontario, cette étude suggère, qu’il est possible de choisir une stratégie de traitement anthelminhique sélectif des brebis à l’agnelage au printemps pour contrôler l’haemonchose, lorsque des indicateurs fiables sont mis en œuvre pour identifier les animaux avec une forte excrétion fécale d’œufs et que l’on laisse des refuges parasitaires. Cela pourrait permettre de retarder l’apparition de résistance anthelminthique.

Résumé de l’article “Comparison of targeted selective and whole flock treatment of periparturient ewes for controlling Haemonchus sp. on sheep farms in Ontario, Canada”. WESTERS T and al. Small Rum. Res., 2017, (150): 102–110.

GP FR/ORUM/0817/008