Elevage de précision chez les vaches laitières : un focus sur la détection des chaleurs
Résumé Article “Precision livestock farming for dairy cows with a focus on œstrus detection.” Mottram T. Animal, 2016, (10): 1575-1584
L’objectif de cette revue réalisée par un chercheur anglais était de faire le point sur les outils de monitoring ou méthodes aujourd’hui indisponibles, dans le contexte de l’élevage de précision, ayant une visée de détection des chaleurs. L’auteur aborde aussi très rapidement la détection des troubles de santé (mammites via le robot notamment, boiteries via les pédomètres ou tapis de pression, troubles métaboliques via la mesure de la rumination ou du pH ruminal mais de façon très succincte). Le résumé ne s’intéressera ici qu’aux outils de détection des chaleurs.
Systèmes de détection des chaleurs
Détecteurs électroniques de chevauchement
L’auteur rapporte une étude ayant permis, sur 30 génisses, de détecter 1 génisse de plus en chaleur avec ce système, en comparaison à 2 périodes d’observation de 45 minutes (une matin, une soir) : durée peu rencontrée en élevage.
L’auteur remarque déjà que souvent, les éleveurs s’équipant sont souvent ceux ayant déjà de bonnes performances de détection des chaleurs.
Podomètres
Avec une spécificité recherchée très bonne (proche de 100%), les études disponibles rapportent des sensibilités d’environ 70%. Le nombre de pas seul n’est pas un indicateur assez sensible, notamment compte-tenu du manque d’expression de l’œstrus de certains animaux. Ces systèmes sont également très dépendants de la fréquence à laquelle les données collectées sont transmises à la base et analysées pour permettre de déclencher l’IA dans le bon intervalle.
Colliers
Ces colliers mesurent l’activité (avec un accéléromètre 3D le plus souvent) et éventuellement la rumination également. La détection est meilleure lorsqu’on combine activité et rumination (gain de l’ordre de 14 points de sensibilité). Les études rapportent en comparaison à la mesure du taux de progestérone des sensibilités de l’ordre de 77% pour une spécificité de 99%
Température du lait
Compte-tenu de l’espace entre traites (moment de la mesure de T°) et du côté fugace de l’augmentation de température, les études concluent au fait que le mesure 2 fois/jour de la T° du lait n’est pas pertinente.
Production laitière
Cette piste a été abandonnée, trop peu sensible et spécifique.
Température de la peau
Des travaux avaient été conduits u début des caméras infra-rouge. A l’époque, les résultats peu encourageants et la difficulté perçue de mettre en place ce système en élevage avaient conduit les auteurs à considérer cette mesure non pertinente.
Mesures combinées
Une étude basant la détection des chaleurs sur la combinaison des critères suivants (activité, température du lait, production de lait et ingestion) rapporte un gain de sensibilité: Se à 87% et Sp de 97%. Une autre étude a combiné les données de production laitière et de fréquence de traite (Se de 67%). Les études convergent pour dire qu’en combinant les données, la sensibilité augmente (comme pour les colliers mesurant activité et rumination) mais cela pose le problème de devoir équiper les animaux de plusieurs outils ou de disposer de plusieurs données en continu et facilement accessibles.
Nez électronique
Compte-tenu du rôle joué par certaines phéromones et l’émission de certains composés par les vaches en chaleur, des essais, non concluants à ce jour, ont été menés. Cette piste ne semble plus d’actualité.
Mesure du taux de progestérone
Kit de détection
La détection de progestérone (dans le lait ou le sang) est souvent utilisée comme méthode de référence pour évaluer la sensibilité et la spécificité des outils de détection des chaleurs. Les performances annoncées sont ainsi souvent proche de 100% car on considère cela comme la méthode de référence. L’utilisation de la mesure du taux de progestérone pour décider des IA est associée à une meilleure fertilité dans toutes les études. La problématique, en routine, est de disposer de la matrice biologique à analyser. Le lait est la matrice la plus aisée à collecter régulièrement (au moins une fois par jour) et ce encore plus en système robot. La mesure du taux de progestérone permet également de détecter les vaches en anœstrus (ex < 4ng/mL à 30 jours post-partum)
Outils mesure de la progestérone
L’auteur parle ici des systèmes qui estiment le taux de progestérone via la mesure d’autres paramètres ou d’autres méthodes que la simple titration.
Il s’agit du type d’outil développé aujourd’hui dans le système Herd Navigator. Ce système associe le prélèvement automatique de lait et le mesure de 5 paramètres dont la progestérone. L’auteur de cette revue note que peu d’études scientifiques sont publiées sur ce système. Il rapporte néanmoins dans les quelques études disponibles, des taux de détection des chaleurs de 95 à 97% dans 3 fermes laitières au Danemark (avec de fait une diminution de l’intervalle vêlage-IA fécondante de 20 jours la première année et de 94 et 99% dans deux fermes hollandaises). Les taux de gestation augmentent également dans ces fermes (la progestérone étant utilisée également comme marqueur de gestation). Un auteur rapporte que certains éleveurs équipés de ce système ont stoppé le recours au diagnostic par palpation des gestations économisant ainsi 250€/Vache. Le cout de l’équipement, le consommable et l’amortissement ne sont toutefois pas évoqués par l’auteur.
GP FR/ORUM/0217/0024