Le monitoring du comportement circadien de la vache peut être un indicateur précoce de chaleurs ou de maladie

Résumé Article “Early modification of the circadian organization of cow activity in relation to disease or estrus.” Veissier I., Mialon M-M., Sloth K.H. Journal of Dairy Science, 2017, (100) :3969-3974.

L’objectif de cette étude au Danemark était d’évaluer si un rythme circadien à l’échelle de la vache pouvait être reconstitué à partie des données générées par un nouvel outil de monitoring basé sur la localisation en temps-réel. Dans un deuxième temps il s’agissait le cas échéant de savoir si le monitoring en continu de cette activité circadienne pouvait être un outil précoce de détection des chaleurs ou de maladie.

Dans ce but, les auteurs ont utilisé les données générées par un outil (Cow View, GEA Farm Technology) qui permet de mesurer en continu la position individuelle de chaque vache, le tout dans un troupeau commercial danois de 350 vaches laitières, dont la production moyenne annuelle était supérieure à de 10 000 L de lait.

Les données de localisation ont été enregistrées durant 5 mois, de même que les données sanitaires (boiteries, mammites…) et les évènements type oestrus. Les données de localisation ont été utilisées afin d’en inférer le comportement circadien de la vache (couché, s’alimentant, ou dans les couloirs), en aboutissant à un score d’activité, pondéré par les différentes activités (-0.15 repos, 0.12 couloir et 0.34 alimentation).

Les variations circadiennes ont été estimées grâce à 2 indicateurs, l’écart-type entre le niveau d’activité au cours des différentes heures de la journée et la racine carré moyenne des différences successives de ces valeurs. Les auteurs ont vérifié l’exactitude des données générées par les boucles animales par des mesures de positionnement sur des endroits fixes.

Il en ressort les résultats principaux suivants :

  • Les événements analysés ont porté sur 297 cas d’oestrus, 206 boiteries, 30 cas de mammites, 10 métrites, 5 cétoses et 2 cas de coliques. Il y a eu également près de 52 000 jours de contrôle sans événement tel qu’oestrus ou maladie.
  • Comme attendu, l’activité était maximale de 8h à 22h, et minime la nuit. Le premier pic d’activité était observé vers 10h, le deuxième vers 17h, ces pics correspondant au moment de nettoyage des logettes. Le rythme d’activité était plus erratique chez les vaches atteintes de mammites et de boiteries.
  • Les résultats confirment l’atteinte de l’activité circadienne, que ce soit lors d’oestrus ou de maladies telles que boiteries et mammites.
  • De façon contre-intuitive, les vaches atteintes de mammites avaient une hyperactivité toute la journée (cf tableau). Par rapport aux vaches contrôle, les vaches boiteuses étaient également plus actives la nuit. Ces hyperactivités traduisent probablement une profonde modification budget temps de la vache due à la douleur.
  • Par contre, un à deux jours avant la détection de l’événement par l’éleveur, on note le plus souvent une diminution de l’activité de l’animal, donnée qui pourrait alors être utilisée comme une alerte spécifique et précoce de maladie.
  • Les résultats associés à l’oestrus sont ceux attendus.

Tableau : Niveau d’activité moyen de vaches laitières, en relation avec l’oestrus et les maladies dans un troupeau de 350 animaux suivis durant 5 mois, et ce selon le statut et le moment de détection de l’événement par l’éleveur.

En conclusion, il ressort, dans les conditions de cette étude, que les modifications circadiennes de l’activité (mesurées ici par un système de localisation en temps réel) sont prometteuses pour la détection d’éléments physiologiques ou pathologiques. Le monitoring s’ouvre ainsi au-delà d’une maladie spécifique à l’évaluation du bien-être en général.

GP FR/ORUM/1217/0111