Quel est l’impact des outils de monitoring sur la gestion de la production laitière, de la qualité du lait et de la reproduction en troupeaux de vaches laitières ?

L’objectif de cette étude menée aux Pays-Bas était d’investiguer le bénéfice technique d’outils de détection ou de monitoring, dont disposent les éleveurs, sur des paramètres de production laitière, de concentrations en cellules somatiques et de reproduction.

Dans ce but, les auteurs ont dans un premier temps conduit une enquête par internet afin de recenser les fermes équipées d’outils de monitoring ou non, et de décrire la nature des outils disponibles en ferme. Parmi les répondants, 414 éleveurs ont donné leur autorisation pour fournir leurs données sanitaires et de reproduction. Parmi ces 414 éleveurs, 152 étaient équipés d’outils de monitoring et 262 n’en avaient aucun. Le fait de disposer d’un robot de traite ou non était le principal élément différenciant de la présence plus ou moins forte d’outils de monitoring.

En élevage laitier équipé de robot de traite, les outils « qualité du lait » étaient les plus présents : conductivité, colorimétrie, température du lait, podomètres et outils de mesure de la rumination. En élevage en traite conventionnelle, les activité-mètres, podomètres et outils de mesure de la rumination étaient les plus présents.

Les auteurs ont ensuite décrit et comparé les niveaux de production laitière, les concentrations en cellules somatiques et les performances de reproduction (intervalle vêlage – IA1 et âge au premier vêlage) entre les élevages, avec ou sans outil de monitoring, et aussi dans les élevages équipés, en distinguant la période précédant et celle suivant l’arrivée d’outils de monitoring.

Ci-après les principaux résultats suivants de cette étude :

  • Les caractéristiques des élevages inclus sont présentées dans le tableau ci-dessous :
  • Le niveau sanitaire et technique des élevages était déjà avant équipement plutôt bon.
  • Les élevages avec robot de traite avaient des CCS plus élevées (12 000 cell/mL en moyenne) après leur équipement en outils de monitoring relatif à la détection des mammites tandis que les élevages en traite conventionnelle enregistraient une baisse de CCS (10 000 cell/mL en moyenne) dans les années suivant l’arrivée de ce type d’outils.
  • Suite à l’arrivée d’outils de monitoring, les élevages en traite robotisée ont eu une augmentation de la production laitière (+189 kg/vache/an) tandis que les élevages en traite conventionnelle ont connu une baisse de leur production laitière (-428 kg/vache/an). Cette baisse du niveau de production laitière consécutive à l’achat d’outils de monitoring dans les élevages en traite conventionnelle était très probablement à relier avec la survenue en parallèle d’un changement majeur dans ces élevages (nouvelle étable, nouvelle salle de traite), faisant que la baisse de production consécutive à ce changement majeur n’était pas compensée par le recours à des outils de monitoring.
  • L’utilisation de systèmes de détection d’œstrus n’a pas conduit à une amélioration des paramètres de reproduction, et ce, que ce soit dans des élevages en traite robotisée ou des élevages en traite conventionnelle.

En conclusion

Il ressort dans les conditions de cette étude que le bénéfice des outils investigués pouvait différer selon le système d’élevage (avec ou sans robot de traite). Par contre, les systèmes de détection des chaleurs n’amélioraient, dans aucun cas, les performances de reproduction. Parmi les raisons invoquées pour s’équiper, la réduction du temps de travail était la plus importante. Ainsi, le bénéfice économique lié à l’équipement en outil de monitoring serait, dans les conditions de cette étude, davantage lié à la réduction du temps de travail plutôt qu’à l’amélioration des critères sanitaires ou de reproduction.

Référence:

Résumé Article “Effect of sensor systems for cow management on milk production, somatic cell count and reproduction”

Steeneveld W., Venooij J.C.M., Hogeveen H.

Journal of Dairy Science,2015, (98): 3896-3905