Gestion de la fréquentation du robot pour des vaches menées en pâture
L’objectif de cette synthèse bibliographique réalisée par des Australiens était d’analyser et de discuter les facteurs affectant la fréquence et l’intervalle entre traites dans les troupeaux en traite robotisée, avec des vaches en pâture.
Les éléments principaux ressortant de cette analyse sont présentés ci-après.
- En système de traite conventionnelle, différentes études ont montré une augmentation de la production laitière lors d’augmentation de fréquence de traite (+15% ou + 3,5kg / jour en passant de 2 à 3 traites, jusque +20% en passant de 3 à 6 traites par jour). Pour une même fréquence de traite en système robot, compte-tenu de la plus grande variabilité de l’intervalle entre traites, une production laitière proportionnellement moindre est à attendre. Ainsi, un passage d’une fréquence de 2 traites à 2,5 traites par jour, associé à une modification du système de traite (passage d’une traite conventionnelle à une traite robotisée), serait associé à un gain de 10% de production laitière.
- En comparaison aux vaches conduites en bâtiment et traites au robot (moyenne de 2,3 à 2,9 traites par jour par vache, avec une production laitière oscillant entre 25 et 30kg de lait / vache / jour en moyenne), les vaches conduites en système pâturage intégral et traites au robot présentent une fréquence de traite moindre (plutôt en moyenne 1,3 à 1,9 traites par jour par vache) avec un intervalle entre traites allongé, principalement du fait de contraintes concernant la circulation des vaches. La production laitière semble moindre également (autour de 20kg / jour pour le peu d’études disponibles). L’impact de modifications d’intervalles entre traites sur la production laitière des vaches est mal documenté à ce jour.
Les auteurs recensent ensuite les facteurs maîtrisables ou non, supposés ou démontrés influencer significativement l’intervalle entre traites ou la fréquence de traite en système robot sur des vaches menées au pâturage :
- Le stade de lactation: peu d’études sont disponibles, mais il semblerait que les vaches en début de lactation aient une fréquentation plus élevée que leurs congénères, du fait de besoins alimentaires plus élevés, qu’elles satisfont en visitant plus souvent le robot.
- La parité: les primipares, bien qu’attendant plus devant la stalle, ont une fréquence de traite plus élevée que les multipares.
- La dominance: les vaches dominantes ont une fréquence de traite plus élevée (+18%), mais ne produisent pas plus (à moduler du fait de l’existence d’une seule étude).
- L’habituation au robot: il est essentiel d’habituer les génisses avant vêlage au passage dans la stalle, pour améliorer ensuite la fréquence de traite. Pour les vaches, les résultats divergent selon les études, mais il semblerait que l’habituation soit plus intéressante sur des vaches en fin de lactation ou des taries, avant vêlage. Les vaches en début de lactation sont certes plus motivées pour venir au robot, mais cela se traduit au final négativement en termes de production (ici système de pâture, avec parfois donc de longues distances à parcourir pour rejoindre le robot).
- Le climat: des études rapportent un trafic des animaux et une circulation compromise lors de mauvais temps (venteux, pluvieux).
- L’accès à l’eau: l’accès à l’abreuvement, via le robot notamment, constitue une incitation efficace, en particulier dans les systèmes en pâturage en région à stress thermique potentiel.
- L’accès à la pâture: la fréquence de traite diminue logiquement lorsqu’on augmente le temps alloué en pâture. Mais la possibilité d’offrir aux vaches plusieurs pâtures (chaque passage entre parcelles laissant le choix aux animaux d’aller éventuellement se faire traire), semble associée à une fréquentation du robot plus importante. Les rotations potentielles de pâtures sont primordiales pour un éleveur souhaitant travailler avec un robot en pâture.
- La distribution d’aliment: l’incitation alimentaire étant semble-t-il la plus efficace, distribuer via le robot des concentrés avant la traite devrait augmenter la motivation des animaux à venir au robot, mais les études semblent confirmer cela surtout pour les vaches hautes productrices.
- La gestion du temps par les vaches: les animaux broutant plus volontiers le matin et dans l’après-midi, cela est de nature à limiter les visites au robot à ces moments. De plus, le pâturage nécessite un temps d’alimentation plus élevé qu’en ration complète, laissant moins de temps aux animaux pour aller au robot.
- L’intervalle minimum entre traites: le passage forcé d’animaux étant plus compliqué en pâture, on observe fréquemment une fréquence inférieure aux objectifs. De plus, le refus du robot d’accepter une vache diffère davantage la prochaine visite à la stalle lorsqu‘elle est en pâture; en bâtiment, la circulation ramène la vache plus rapidement devant le robot.
- Guider « manuellement » les vaches vers le robot: il convient d’identifier les vaches pour lesquelles une augmentation de la fréquence de traite sera associée à une plus forte production (fortes productrices, vaches en début de lactation). Mais cette pratique est illusoire en système tout pâturage.
- La traite incomplète: ce phénomène est plus fréquent et a plus d’impact sur les vaches en pâture, leur fréquentation au robot étant moindre.
- La capacité du robot: une analyse fine doit être menée afin de savoir s’il convient d’augmenter plutôt le nombre d’animaux ou d’optimiser les réglages du robot afin de réduire l’intervalle entre traites pour maximiser la fréquentation; des études sont encore nécessaires sur ce point.
En conclusion
Il ressort de cette synthèse bibliographique une fréquence plus faible de fréquentation du robot dans les systèmes robot au pâturage en comparaison au système classique de robot en bâtiment. Il semble que les leviers à investiguer pour maximiser la fréquentation se situent dans la fréquence et la localisation des distributions d’aliment et la maximisation des capacités d’accueil du robot.
Référence : résumé Article “Milking frequency management in pasture-based automatic milking systems: a review”. Lyons N.A., Kerrisk K.L., Garcia S.C. Livestock science, 2014, (159):102-116.