Brèves de traite – février 2021

 BREBIS LAITIERE : 1er cas de CODD en Allemagne

Cette publication décrit le premier cas, sur le continent européen (hors Royaume-Uni et Irlande), de dermatite digitée contagieuse ovinedans un troupeau de 850 brebis situé en Allemagne, avec des signes cliniques de boiteries sévères et l’isolement par PCR de pathogènes du genre TreponemaLa dermatite digitée contagieuse ovine (CODD en anglais), décrite pour la première fois en 1997, n’était jusqu’à maintenant commune en Europe qu’au Royaume-Uni et en Irlande, avec une proportion importante de fermes infectées (autour de 50 %). Des spécialistes de l’Université de Hanovre ont mis en évidence un premier cas de CODD dans un troupeau ovin de 850 brebis, situé en Saxe, avec un long historique de piétin (incidence des boiteries < 5 % en été 2017). Durant l’hiver 2017, 200 femelles, élevées en bâtiment, ont été brutalement affectées, avec des boiteries sévères en relation notamment avec des lésions de la corne du sabot pouvant aller jusqu’à son décollement. Les traitements usuels du piétin (parage, pédiluves à base de sulfate de zinc, spray local à base d’oxytétracycline) n’ont pas été suffisants pour empêcher la diffusion de l’infection. Des écouvillons interdigitaux réalisés sur des animaux cliniquement atteints et asymptomatiques ont permis d’isoler, par PCR, principalement des agents pathogènes du genre Treponema (phylogroupes T. mediumT. phagedenisT. pedis). (Tegtmeyer et al, Acta Veterinaria Scandinavica, 2020, 62 : 46 ; https://doi.org/10.1186/s13028-020-00544-0).

 

BIEN-ÊTRE : nature de la litière et qualité et hygiène du couchage des vaches

Il est important d’étudier les propriétés physiques, chimiques et biologiques des matériaux destinés à la litière des vaches laitières avant de décider d’une solution de couchage en élevage. Les matériaux constituant la litière dans les élevages de vaches laitières ont un effet significatif sur le bien-être et les performances des animaux. La litière influe sur la durée pendant laquelle les animaux restent couchés et, par conséquent, sur les processus de rumination et de production laitière. Les auteurs de la publication ont analysé 50 échantillons de 17 matériaux différents (conventionnels et alternatifs), produits dans 3 pays européens (Pays-Bas, Italie, Slovénie).  Deux types de configuration d’élevage ont été inclus : étables à litière accumulée, stabulations libres avec logettes. Les propriétés physiques des matériaux (humidité, porosité, densité, …) influent sur leurs propriétés chimiques (azote, carbone organique) et biologiques (comptage de bactéries dont les coliformes). Certaines litières couramment utilisées en élevage s’avèrent satisfaisantes sur les différents critères mesurés, comme par exemple la paille (orge, blé, triticale), la sciure de bois sèche ou les copeaux de bois. Les matériaux alternatifs qui se sont avérés les plus intéressants au niveau physique, chimique et biologique dans les 2 situations de logement ont été les cosses d’épeautre, la paille à base de Miscanthus, la litière de posidonies (Posidonia oceanica). (Ferreira Ponciano Ferraz et al, Journal of Dairy Science, 2020, 103 (9): 8661-8674).

 

  IMMUNITE : thermisation du colostrum, métabolisme glucidique et immunité du veau

La concentration du sérum en immunoglobulines G et A du veau laitier n’est pas modifiée par le traitement thermique du colostrum, ceci 24 heures après son administration. Seules des modifications sont observées sur les concentrations en enzymes impliquées dans le métabolisme glucidique, avec en parallèle une augmentation de la sécrétion d’insuline chez les veaux alimentés avec le colostrum thermisé. Une équipe de l’Université de Cornell (USA) a séparé 22 veaux laitiers Holstein en 2 groupes alimentés soit par du colostrum « brut », soit avec du colostrum traité thermiquement (60 minutes à 60 °C), à raison de 8,5 % du poids vif par sondage oesophagien 1 heure après la naissance. Des prélèvements sanguins ont été effectués sur les veaux 4, 8 et 24 heures après cette alimentation pour évaluer les concentrations sanguines en immunoglobulines (Ig G, Ig A par immunodiffusion radiale), enzymes, protéines et hormones (insuline, IGF-I). Il n’y a eu aucune différence observée entre les 2 groupes sur les concentrations sanguines en Ig G (entre 35 et 40 mg /ml à 24 heures) et Ig A (entre 1,5 et 2 mg/ml à 24 heures) pour les 3 temps de prélèvements. Des différences ont été observées entre les 2 groupes sur la sécrétion d’insuline (plus importante quand le colostrum est thermisé) et les niveaux d’enzymes et protéines impliquées dans le métabolisme glucidique (diminution des enzymes impliquées dans la glycolyse et la glycogénolyse). (Mann et al, Journal of Dairy Science, 2020, 103 (10) : 9384-9406).

 

 TRAITEMENT : traitement sélectif et différé des mammites cliniques

Une stratégie de traitement sélectif différé de mammites cliniques des vaches laitières, basée sur l’utilisation d’un test de détection de l’agent pathogène intramammaire à la ferme, peut permettre de réduire l’utilisation des antimicrobiens sans affecter les taux de guérison bactériologique ou clinique et sans influer sur la concentration en cellules somatiques au cours de la lactation. Le profil des mammites en Nouvelle-Zélande est dominé par les bactéries Gram- en bâtiment et les germes Gram+ en situation de pâturage. Mastatest® est un test permettant d’identifier la bactérie pathogène responsable de mammite ainsi que d’évaluer l’antibiosensibilité de ce germe, ceci avec un délai d’obtention des résultats de maximum 24 heures après le prélèvement.  L’objectif de cette étude menée par une équipe scientifique néozélandaise était d’évaluer l’intérêt de ce test dans une stratégie de réduction des prescriptions d’antibiotiques, via une approche sélective différée des traitements individuels en lactation. Au total, 6.467 vaches provenant de 7 élevages, ayant une mammite clinique modérée dans les 100 premiers jours de lactation, ont été réparties en 2 groupes : témoin avec traitement systématique et immédiat des quartiers atteints par voie diathélique ; expérimental avec traitement antibiotique différé à 24 heures en cas de détection d’une bactérie pathogène (Gram+) à l’aide du Mastatest®. Des prélèvements étaient renouvelés 21 jours après diagnostic d’infection sur les quartiers considérés. Les rechutes ou les réinfections dans les 60 jours ainsi que la concentration en cellules somatiques (CCS) ont été également évalués. Il n’y a eu aucune différence entre les 2 groupes sur les critères suivants : guérisons clinique et bactériologique, CCS et nombre de jours de retrait du lait. Les prescriptions d’antibiotiques ont baissé de 24 % dans le groupe expérimental (traitement sélectif différé). (Bates et al, Preventive Veterinary Medicine, 2020, 176 : 104915).

 

TARISSEMENT : modalités, santé de la mamelle et bien-être

Une réduction de la fréquence des traites (par exemple 1 fois par jour) sur une période de 5 à 7 jours avant le tarissement, mise en œuvre avec ou sans changement d’alimentation, diminue de manière adéquate la production de lait, accélère l’involution et améliore la santé de la mamelle et le bien-être de la vache. Un objectif d’un maximum de 15 kg de lait par jour au moment du tarissement est à recommander.  Ce sont les principales conclusions d’une revue bibliographique réalisée par des auteurs finlandais qui, sur un total de 465 publications, ont retenu 54 études publiées pour leur analyse. Stratégies de tarissement et conditions d’élevage différent entre les situations publiées : bâtiment, programme alimentaire, fréquence des traites, utilisation d’antibiotiques et obturateurs, … Pour autant, la production laitière au moment du tarissement est un facteur important dans une optique d’involution utérine, de stimulation de l’immunité, de santé de la mamelle et de bien-être. Diminuer le niveau de production de lait au tarissement pourrait s’envisager en réduisant l’énergie ingérée, mais on s’expose alors par cette restriction à du stress, de la faim et des désordres métaboliques. Réduire la fréquence des traites permet d’accélérer l’involution utérine, de diminuer les fuites de lait et de favoriser la formation des bouchons de kératine protecteurs vis-à-vis des infections en période sèche. (Vilar et Rajala-Schultz, The Veterinary Journal, 2020, 262 : 105503).

 

 PARASITISME : impact économique des principales helminthoses des ruminants en Europe

Le coût estimé des 3 principales helminthoses (nématodoses gastro-intestinales, douve du foie, bronchite vermineuse) s’élève, en France pour les élevages bovins laitiers, à 246,5 millions d’euros (dont 97 % liés à des pertes de production et 3 % en relation avec les coûts de traitement). Ces résultats sont extraits d’une publication internationale concernant 18 pays européens et portant sur l’impact économique des principales helminthoses des ruminants domestiques, sur la base de données consolidées en 2018. La filière bovine laitière représente en France 56 % des coûts annuels liés aux 3 principales helminthoses des espèces de ruminants domestiques. Pour la zone européenne « atlantique » (France, Belgique, Pays-Bas, Irlande, Royaume-Uni), le poids des différents parasites dans les coûts annuels est le suivant : environ 40 % pour la douve du foie, environ 35 % pour les nématodes gastro-intestinaux, moins de 10 % pour Dictyocaulus viviparus (les 15 % restant sont imputés aux coûts de traitement).  Le coût de la résistance aux nématodes gastro-intestinaux (principalement aux lactones macrocycliques) est estimé à presque 4,4 millions d’euros pour la filière bovine laitière française ; il n’existe pas de données disponibles pour le coût des résistances à Fasciola hepatica et Dictyocaulus viviparus. Enfin l’investissement en recherche publique sur le contrôle de ces helminthoses est évalué à 0,15 % de leur coût annuel estimé dans les 18 pays européens. (May et al, Veterinary Parasitology, 2020, 277 : 109016).

 

  ELEVAGE BIO : pas plus ou pas moins de troubles de la reproduction …

L’incidence des troubles de la reproduction en période de lactation dans les élevages biologiques certifiés est identique à celle observée dans les troupeaux laitiers conventionnels. Les facteurs de risques significatifs des affections reproductrices en élevage biologique sont la durée du tarissement, la durée de la préparation des vaches à la lactation (dernières semaines de gestation), la durée calculée de gestation et les troubles de santé autres que reproducteurs : ce sont les conclusions d’une étude rétrospective réalisée sur 3 ans (2016-18) dans 8 élevages laitiers biologiques certifiés du Colorado et du Texas, de taille variant de 900 à 6.000 vaches Holstein. L’incidence des divers troubles a été la suivante par ordre décroissant : endométrites cliniques, dystocies, métrites puerpérales, pyomètres, pertes fœtales tardives, rétention placentaire. Une durée courte de tarissement (< 30 jours) était significativement associée à un risque accru de rétention placentaire, métrites puerpérales et pertes fœtales. Pour la durée de gestation, une durée courte (< 270 jours) augmentait les risques de dystocie, rétention placentaire et métrite puerpérale ; alors qu’une gestation allongée (> 285 jours) favorisait les épisodes de dystocie, métrite puerpérale, endométrite clinique et réforme pour cause reproductive.  Enfin la saison de vêlage avait une influence sur métrites puerpérales, pyomètres et pertes fœtales en défaveur de l’été par rapport à l’hiver. (Manriquez et al, Journal of Dairy Science, 2020, 103 (11), 10797-10808).

 

 GENISSE : prédiction du poids corporel des jeunes génisses laitières

L’utilisation de la circonférence thoracique pour la prédiction du poids corporel des génisses laitières en période de pré-sevrage est une méthode valide : c’est la conclusion de l’étude menée par des scientifiques canadiens (Québec), dont l’objectif était de valider l’utilisation de la circonférence thoracique et d’autres mesures corporelles afin de prédire le poids corporel de génisses laitières avant sevrage. Au total, 329 génisses laitières (dont 250 de race Holstein), provenant de deux élevages laitiers, ont été suivies via des données collectées trois fois par semaine pendant les 3 premières semaines de vie puis toutes les deux semaines jusqu’au sevrage (à 76 jours d’âge). Trois méthodes ont été comparées : poids à la balance, mesures au garrot et aux hanches, circonférence thoracique. La circonférence thoracique a présenté la plus forte corrélation avec le poids corporel (r = 0,98).  C’est l’équation de prédiction du poids corporel (PC) en fonction de la circonférence thoracique (CT) utilisée localement au Québec qui s’est révélée la plus précise :  PC (kg) = 127,77 – 3.49 CT + 0, 03 CT2 (CT en cm). Enfin le GMQ varie en fonction du moment où il a été évalué : il doit être ajusté en fonction de la période de croissance (ou de l’âge de la génisse) au moment de la mesure : les gains moyens quotidiens de la période 21-35 jours, 35-49 jours et 49-63 jours étaient similaires et légèrement supérieurs à 1,00 kg/j ; en revanche, de 63 jours jusqu’au sevrage, le GMQ était en moyenne de 1,16 kg/j, significativement supérieur aux périodes avant 49 jours.   (Hasnaoui et al, CRAAQ – Symposium sur les bovins laitiers, 43ème édition, 2019, poster ; Hasnaoui M, Mémoire de Maîtrise en sciences animales, Université Laval, Québec, Canada).

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