Une conjoncture bien orientée mais des perspectives incertaines

La conjoncture laitière demeure favorable avec une demande soutenue , une offre moins abondante et un Brexit négocié (absence de droits de douanes et de quotas). Mais la rentabilité des élevages laitiers souffre de l’envolée du prix des aliments ; et le prix payé aux éleveurs va dépendre des négociations parfois difficiles dans le cadre de la loi EGALIM. De ce fait, les perspectives pour 2021 demeurent floues à l’heure actuelle, a fortiori avec l’évolution imprévisible de la crise du COVID, en lien avec l’émergence de nouveaux variants du virus plus contagieux.

 

Ralentissement de la collecte nationale depuis le début du 4ème trimestre 2020

Après des reculs modérés en octobre (-0,7 % /2019) puis novembre (-0,4 %), la collecte a reculé  de -1,4 % sur décembre 2020 / 2019, soit un recul de 0,9 % sur l’ensemble du dernier trimestre. D’après les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer, le repli atteindrait -3% sur janvier 2021, ce qui ramènerait la collecte à son bas niveau de début 2017.

Sur l’année civile 2020, la collecte nationale s’établit à 23,9 milliards de litres (24,6 millions de tonnes), finalement très stable d’une année sur l’autre avec une progression d’à peine 130 millions de litres (+0,3 %, effet bissextile neutralisé) alors qu’elle comptait encore près de 160 millions de litres d’avance (+0,5 % à l’entame du dernier trimestre, malgré l’effort de réduction des volumes au printemps lors du 1er confinement).

La baisse de collecte observée en fin d’année s’explique par la réduction des effectifs de vaches laitières, la qualité médiocre des maïs, et probablement le cours élevé des matières premières, qui a pu conduire à une limitation de la complémentation en concentrés des animaux.

 

Des évolutions contrastées selon les régions

Presque toutes les régions ont été concernées par cette tendance baissière sur les derniers mois de l’année. La Normandie et le Grand Est font figure d’exception en maintenant un certain rythme sur la fin 2020 (respectivement +1,4 % et +0,5 % /2019 au dernier trimestre).

Sur l’année entière, la Normandie atteint ainsi un nouveau record de collecte à près de 3,85 milliards de litres (+0,2 % /2019 et +2,3 % /2015, effet bissextile neutralisé) et s’affirme comme la 2ème région laitière française, place qu’elle a reprise à la région Pays de la Loire depuis 2018. Cette dernière a de son côté connu un tassement de sa collecte au dernier trimestre (-1 % / 2019), au point de perdre une bonne partie de l’avance qu’elle avait accumulée sur les 9 premiers mois de 2020. Elle clôture l’année avec une collecte de 3,79 milliards de litres, en croissance d’une année sur l’autre (+0,5 %), soit son plus haut niveau depuis 2016 (3,81 milliards de litres), mais loin de ses niveaux de 2014 et 2015 avec plus de 3,85 milliards de litres, désormais le niveau de la Normandie en 2020.

La région Grand Est renoue pour sa part avec une nette croissance après plusieurs années consécutives de sécheresse : + 90 millions de litres, soit +3,8 % d’une année sur l’autre ! A 2,33 milliards de litres, la collecte annuelle se hisse à un niveau légèrement supérieur à celui de 2014, mais inférieur à 2015 (2,34 milliards de litres). Elle devance ainsi de peu la région Hauts-de-France sur l’année 2020, ce qui n’était plus arrivé depuis plusieurs années.

La Bretagne demeure sans conteste la 1ère région laitière. Si sa collecte s’est globalement tenue sur le dernier trimestre 2020 (-0,1% /2019), les 4 mois consécutifs de baisse relativement prononcée (entre -2 et -4 %) de mars à juin conduisent à un repli de la collecte annuelle de -0,7 % /2019. A 5,42 milliards de litres, l’année 2020 n’arrive seulement qu’au 4ème rang historique pour la région, derrière 2019 donc, mais aussi derrière 2017 et 2014 par ordre décroissant.

La Bourgogne-Franche-Comté a aussi vu sa collecte décrocher en décembre (-2,6% /2019), conduisant à une baisse sur le dernier trimestre (-0,6 %). Au final, elle ne voit donc sa collecte ne progresser « que » de +2 % d’une année sur l’autre, à 1,62 milliard de litres. Comme la Normandie, elle atteint un nouveau record en dépassant son niveau de 2015 (1,60 milliard de litres).

Enfin, les collectes en Nouvelle-Aquitaine et Occitanie continuent leur inexorable décrochage d’ordre structurel : de -3 % /2019 pour la 1ère qui dépasse encore tout juste le milliard de litres, sans doute pour la dernière année, et de -2 % pour la 2ème, à 672 millions de litres. Depuis 2010, elles ont cédé respectivement 440 et 230 millions de litres.

 

Poursuite de la baisse du cheptel laitier

Après l’atteinte de son pic saisonnier en décembre 2020 à 3,585 millions de têtes au 1er jour de ce mois (soit 37 000 de plus qu’au point bas du 1er août), le cheptel national de vaches laitières a amorcé sa baisse saisonnière, en recul de 70 000 têtes d’une année sur l’autre (-1,9%). Au 1er janvier 2021, il a reculé de 15 000 têtes par rapport à décembre 2020 pour s’établir à 3,57 millions de têtes. Mais surtout, il a reculé de 80 000 têtes (-2,2%) par rapport à janvier 2020 , un recul d’une ampleur inégalée ces dernières années ! Aucune région n’échappe à cette tendance baissière, qui concerne même les régions jusque-là plutôt épargnées comme le Grand ouest. La Bretagne et les Pays de la Loire enregistrent ainsi un repli de -2,5%, d’une ampleur supérieure à l’évolution nationale, avec respectivement 746 000 et 520 000 vaches. De même, la Normandie perd quelques 11 000 vaches d’une année sur l’autre, soit un recul de 1,9%, plus prononcé que son repli de 1,2% en 2019.

La diminution des effectifs laitiers n’est pas propre uniquement à la France. L’Allemagne a perdu 2.3% de ses vaches laitières (soit 90.000) en l’espace d’un an, pour un cheptel de 3,92 millions de VL en novembre 2020. Sa collecte est en baisse également en fin d’année 2020.

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