Effets du traitement sélectif au tarissement sur la production laitière et les comptages cellulaires

Résumé de la publication

L’antibiothérapie des vaches taries en fin de lactation est une mesure efficace de lutte contre les mammites. Mais les productions animales sont soumises à une pression croissante pour réduire l’utilisation d’antibiotiques en élevage parce que l’antibiorésistance constitue une menace mondiale. D’où la proposition du traitement sélectif des vaches au tarissement : seules les vaches infectées ou présumées infectées sont traitées, au lieu d’appliquer une antibiothérapie systématique pour toutes les vaches.

L’objectif de cette étude de l’Université d’Helsinki (Finlande) était de comparer la production laitière et le comptage en cellules somatiques (CCS) au cours de la première moitié de la lactation entre les vaches traitées sélectivement par antibiothérapie au tarissement et les vaches non traitées, en tenant compte des facteurs de risque de réduction de la production laitière et d’augmentation des CCS.

Les données du programme d’amélioration du troupeau laitier (« Dairy Herd Improvement » = DHI) de 2015 à 2017 ont été utilisées, avec une sélection de 4.720 vaches multipares provenant de 172 élevages laitiers finlandais. Les variables considérées étaient la production laitière journalière (kg/j) et la CCS en version logarithmique (×1 000 cellules/ml), ceci au cours des 154 premiers jours de lactation. En moyenne, le rythme de mesure de la production laitière était mensuel, tous les 1 à 2 mois pour le CCS. Le premier test évaluant le CCS en lactation était réalisé de 5 à 45 jours après le vêlage en moyenne. Les mammites étaient répertoriées et classées en « cliniques » ou « subcliniques ». Le seuil de CCS considéré comme discriminant une vache saine d’une vache infectée était de 200.000 cellules/ml.

Les principaux enseignements de cette étude ont été :

  • D’après les données du programme DHI, sur les 172 élevages (appliquant le traitement sélectif au tarissement), 120 (70 %) ont administré un antibiotique au tarissement à un maximum d’un quart de leurs vaches, et 24 (14 %) ont traité plus de la moitié de leurs vaches. En complément, sur la base des informations d’un questionnaire sur les pratiques de traitement sélectif, 141 (82 %) de ces élevages ont administré l’antibiotique à un maximum d’un quart de leurs vaches taries, et 9 (5 %) de ces fermes ont traité plus de la moitié de leurs vaches au tarissement.
  • La durée de la pratique de traitement sélectif au tarissement était de 1 à 5 ans pour 33 (19%) des élevages et de plus de 5 ans pour 139 fermes laitières (81%).
  • D’après les dossiers du DHI, la proportion globale de vaches taries traitées par traitement antibiotique était de 25 % (1 176/4 720).
  • Un CCS plus élevé avant le tarissement était corrélé à une plus grande différence de production laitière après le vêlage au bénéfice des vaches traitées par rapport aux vaches non traitées. La majorité des vaches avaient un CCS < 200 000 cellules/ml avant le tarissement. Les valeurs les plus faibles de CCS étaient associées à de moindres différences de production entre vaches traitées et non traitées.
  • Le CCS post-partum était plus faible pour les vaches traitées que pour les vaches non traitées. Ainsi, pour les vaches avec un CCS de 200 000 cellules/ml avant le tarissement, par rapport aux vaches non traitées, les vaches traitées produisaient 0,97 kg/j de lait en plus et, à 45 jours de lactation, avaient un CCS inférieur de 20 000 cellules/ml.
  • Un CCS élevé en fin de lactation avec des traitements de mammites en lactation étaient associés à un CCS post-partum plus élevé.
  • Une durée de tarissement de plus de 30 jours était associée à des productions laitières plus élevées, mais pas liée aux valeurs de CCS.

En conclusion, cette étude finlandaise souligne que l’absence de traitement antibiotique sur une vache tarie à comptage en cellules somatiques (CCS) élevé a des conséquences négatives sur le niveau de production de lait et le CCS de la lactation suivante, ce qui souligne l’importance d’une sélection rigoureuse des vaches à traiter lors du tarissement.