La filière laitière chinoise 10 ans après le scandale de la mélamine

Après une croissance fulgurante au cours des années 2000, la production laitière chinoise a été stoppée net en 2008 par le scandale de la mélamine qui ébranla tout le secteur laitier. Dix ans plus tard, les séquelles sont encore visibles et la filière laitière n’est toujours pas en ordre de marche.

Face à la défiance des consommateurs chinois à l’égard de certains produits laitiers nationaux, le gouvernement chinois a restructuré le secteur avec l’objectif de relancer la production, de rassurer les consommateurs et de reconquérir les parts de marché perdues. Si cette restructuration a permis de rationaliser les deux maillons de la filière, celle-ci se retrouve déséquilibrée. L’amont laitier souffre de coûts de production élevés (foncier, alimentation animale) qui le rend peu compétitif face aux importations. Les grands élevages de plusieurs milliers de vaches tardent à devenir rentables et les petits élevages familiaux arrêtent par milliers chaque année faute de perspectives. La production laitière n’a ainsi pas progressé en 10 ans et reste proche des 30 millions de tonnes.

À l’inverse, les transformateurs laitiers ont pu en partie profiter de la hausse de la consommation à travers le développement des produits haut de gamme et l’innovation. Les grands transformateurs chinois se sont aussi développés en investissant à l’étranger pour approvisionner le marché chinois en produits laitiers étiquetés « importés ». Mais cette stratégie accentue le cercle vicieux dans lequel les importations croissantes freinent le développement de la filière chinoise et tirent les importations pour satisfaire la demande croissante.

Cette croissance de la demande devrait profiter en grande partie aux laits étrangers, l’écart grandissant entre production et consommation devant vraisemblablement être comblé par des importations, notamment de beurre et crème et de fromages. Devenu 1e importateur mondial de produits laitiers en 2011, la Chine ne peut se passer de ces achats sur le marché international. Les marchés internationaux des produits laitiers continueront donc, au cours des prochaines années, de dépendre toujours plus de la demande chinoise mais aussi des décisions des autorités chinoises.