Marchés des produits laitiers : poursuite du rééquilibrage, impact de la canicule sur les stocks européens

Le marché laitier poursuit son redressement

Le marché des protéines laitières poursuit son redressement dans un contexte mondial de ressources laitières limitées dans les bassins laitiers excédentaires.

Le cours français est tiré par la nette remontée des cours mondiaux qui ont d’abord fortement progressé en partance de Nouvelle-Zélande, puis en partance d’Europe de l’Ouest. L’embellie sur le marché des protéines incite les laiteries à privilégier le couple beurre/poudre maigre. Les fabrications européennes de poudre maigre progressent de nouveau et les exportations sur pays tiers sont demeurées dynamiques grâce à la remise sur le marché de produits d’intervention au 1er trimestre.

Le marché du beurre évolue à front renversé comparé à celui de la poudre de lait. Le cours moyen du beurre dans l’UE se déprécie lentement semaine après semaine, ramené à 4 000 €/t début juin. Le beurre européen est ainsi redevenu plus compétitif sur le marché mondial où le beurre néo-zélandais s’est à l’inverse fortement apprécié depuis janvier.

Le marché des fromages « commodités » est contrasté selon les bassins. Les cours ont flambé au départ d’Océanie sous l’effet de disponibilités limitées depuis mars en Nouvelle-Zélande. Aux Etats-Unis, ils se sont appréciés plus modérément. En revanche dans l’UE, les cours de l’emmental comme du gouda ont suivi une légère orientation baissière.

Enfin, les cours du lactosérum sont dégradés, malgré des fabrications contenues. Les fabrications européennes sont au plus égales à celles de l’an dernier, en rapport avec le faible dynamisme des fabrications fromagères, alors qu’elles sont ralenties aux Etats-Unis. Le repli de la demande chinoise en aliment du bétail, suite aux abattages massifs de porcs atteints de fièvre porcine africaine et au conflit commercial avec les Etats-Unis, pèse sur les échanges.

Marché chinois et européen

Comme en 2017, la Chine et l’Union européenne ont encore joué un rôle majeur sur les marchés mondiaux des produits laitiers. Cependant en 2018, les échanges se sont rééquilibrés après une année 2017 marquée par une pénurie de beurre et une surabondance de poudre de lait.

D’une part, la Chine, malgré une croissance économique qui se normalise progressivement, manifeste toujours un fort appétit en produits laitiers que sa production nationale ne peut satisfaire, faute de rentabilité suffisante des grands élevages. Malgré une administration tatillonne, elle est demeurée le débouché majeur de supplémentaires sur le marché mondial, réalisant à elle seule (Hong Kong compris) près du ¼ du commerce mondial des produits laitiers en volume comme en valeur.

De l’autre, l’UE-28 a contribué à l’assainissement des marchés des produits laitiers, qu’elle avait « plombés » trois ans auparavant avec la fin des quotas laitiers. La longue canicule estivale qui a sévi sur toute l’Europe du Nord a émoussé le dynamisme de la production laitière et ralenti la collecte pendant six mois (de septembre 2018 à février 2019).

Dommageable pour les éleveurs, cet incident climatique majeur a facilité la remise en marché par la Commission européenne des stocks d’intervention de poudre maigre accumulés en 2016. Vendus à bas prix, ils ont retardé le redressement du prix des protéines laitières.

Les échanges de poudre maigre ont ainsi été très dynamiques, surtout vers l’Asie et secondairement vers l’Afrique, les deux destinations majeures. Ceux de beurre ont rebondi grâce au retour de la Nouvelle-Zélande et à l’arrivée de fournisseurs secondaires qui ont détendu les cours. En revanche, les flux de fromages, de poudres grasses et de poudre de lactosérum ont plafonné.

En 2019, l’anticyclone sur les marchés des produits laitiers parait solide. La ressource laitière progressera modérément dans les bassins excédentaires. La demande semble ferme malgré une croissance économique mondiale moins forte. Cependant deux menaces, l’issue du Brexit et l’évolution des relations sino-étatsuniennes, pourraient assombrir les marchés laitiers.

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