Stratégies de tarissement individualisé chez les vaches laitières

Résumé de la publication

“Evaluation of customized dry-period strategies in dairy cows. » Kok A, van Hoeij RJ, Kemp B, van Knegsel ATM. Journal of Dairy Science, 2020, 104: 1887-1899.

Raccourcir ou supprimer la période sèche pour améliorer le bilan énergétique des vaches laitières en début de lactation a pour contrepartie une réduction de la production laitière et une perte de la possibilité de traiter les vaches à mammite au moment du tarissement.

Des stratégies de tarissement personnalisées (c’est-à-dire décider de la durée de la période sèche et d’un traitement antibiotique intramammaire par vache) pourraient atténuer les effets défavorables de périodes sèches courtes ou inexistantes sur la production de lait et la santé mammaire, tout en conservant les avantages d’une amélioration du bilan énergétique et de la fertilité des vaches dans les premières semaines de lactation.

L’objectif de cette étude menée par l’Université de Wageningen (Pays-Bas) était d’évaluer trois arbres de décision visant à personnaliser la durée de la période sèche et le traitement antibiotique au tarissement en fonction de la parité, de la production laitière et du comptage en cellules somatiques (CCS) en fin de lactation.

L’effet de l’application de ces arbres de décision sur la production laitière, la composition du lait, le CCS, le poids vif, l’état corporel et les traitements contre les maladies a été évalué sur une période allant de 8 semaines avant à 14 semaines après le vêlage.

Dans l’arbre décisionnel témoin (CT), toutes les vaches ont eu une période de tarissement de 60 jours, avec un traitement antibiotique si le CCS était > 150 000 cellules/ml avant le tarissement.

Dans l’arbre de décision 1 (T1), les vaches de parité 1 et de parité > 1 ont reçu un traitement antibiotique au tarissement si le CCS était respectivement ≥ 150 000 cellules/ml et ≥ 50 000 cellules/ml. Dans l’arbre de décision 2 (T2), le seuil de traitement antibiotique correspondait à un CCS ≥ 200 000 cellules/ml, ceci pour tous les animaux.

En T1 et T2, la durée de la période sèche des vaches avec traitement antibiotique était fixée à 60 jours, contre, pour les vaches sans traitement antibiotique, 30 jours voire 0 jour si leur production de lait restait respectivement > 12 kg/j à 67 et 37 jours avant le vêlage.

Les principaux résultats sont les suivants :

  • Au total, 183 vaches laitières de l’élevage expérimental de l’Université néerlandaise ont été réparties entre les trois schémas décisionnels, respectivement 61, 59 et 63 pour les groupes CT, T1 et T2.
  • Dans l’arbre décisionnel T1, 36 % des vaches ont été « qualifiées « pour les périodes de tarissement de 30 jours et 2 % pour les périodes de 0 jour, alors qu’en T2, elles étaient respectivement 51 % et 30 % pour des périodes de tarissement respectivement de 30 jours et de 0 jour.
  • Comparativement au groupe témoin, les vaches en T1 et T2 ont produit en moyenne plus de lait dans les huit semaines avant le vêlage et moins dans les 14 semaines après le vêlage.
  • Il n’y avait aucune différence dans l’état de santé mammaire au cours de la période de transition entre les trois arbres de décision.
  • Au cours des 14 premières semaines de lactation, la récupération du poids corporel a été plus importante pour les vaches du groupe T2 que pour celles des schémas CT et T1.
  • Les vaches soumises à une courte période sèche de 30 jours avec application d’un obturateur ont eu des valeurs augmentées de CCS en début de lactation par rapport aux vaches ayant eu une période sèche de 60 jours avec administration d’antibiotiques intramammaires au tarissement.

En conclusion, l’individualisation des stratégies de tarissement (durée de la période sèche et utilisation d’antibiotiques intramammaires) pour les vaches par utilisation d’arbres décisionnels fondés sur la parité, la production de lait et la concentration en cellules somatiques du lait en fin de lactation permet :

  • la réduction des pertes de production laitière dues à des périodes de tarissement courtes ou inexistantes, ceci par rapport à l’application de la même période sèche sur l’ensemble du troupeau
  • l’augmentation de la proportion de vaches en bon état sanitaire en début de lactation.

                                                                                                                                     GP-FR-NON-220900067