Traitement au tarissement et santé de la mamelle en début de lactation : associations et facteurs de risque

Le traitement antibiotique au tarissement (DCT = « Dry Cow Therapy ») réduit efficacement la prévalence des infections bactériennes intramammaires (IMI) chez les vaches laitières. La sensibilité des vaches à l’infection mammaire, en particulier pendant la période sèche, et l’impact économique des mammites renforcent l’importance de la DCT.

La thérapeutique antibiotique au tarissement est envisagée soit comme traitement systématique de tous les quartiers de toutes les vaches, soit comme traitement sélectif des vaches ou quartiers infectés uniquement. L’utilisation d’obturateurs de trayons, seuls ou en association avec la DCT, est une mesure préventive supplémentaire contre les infections intramammaires.

Même si le traitement sélectif est une approche plus raisonnée, notamment en regard de la lutte contre l’antibiorésistance, le choix des animaux à traiter au sein du troupeau, au moment du tarissement, constitue une problématique d’élevage.

L’objectif de cette publication, menée par des scientifiques finlandais (Université d’Helsinki), est d’évaluer si une approche de traitement sélectif au tarissement à l’échelle du troupeau est associée à des troubles de la santé mammaire en début de lactation. La source d’information a été la base de données DHI (« Dairy Herd Improvement »), entre 2015 et 2017, incluant 241 élevages laitiers pour un total de 7 461 vaches multipares.

Un questionnaire a été envoyé aux éleveurs et 3 stratégies au tarissement ont été étudiées et comparées : traitement systématique, traitement sélectif, pas de traitement. La santé mammaire de début de lactation a été statistiquement appréhendée selon 3 modèles : risque d’une concentration en cellules somatiques (SCC) supérieure à 200.000 cellules/ml entre 5 et 45 jours de lactation ; risque de traiter une mammite dans les 45 premiers jours de lactation ; valeur moyenne de CCS entre 5 et 120 jours de lactation.

Les conclusions de l’analyse sont les suivantes :

  • La stratégie majoritaire au tarissement était l’approche sélective « à la vache » utilisée dans 80 % des élevages et chez 74 % des vaches de la base de données ; 75 % des élevages utilisant cette approche traitaient jusqu’à 25 % de leurs vaches en période sèche avec des antibiotiques.
  • Les vaches susceptibles d’avoir une CCS élevée après vêlage étaient les vaches les plus âgées, les femelles avec une CCS moyenne élevée durant la lactation précédente, les vaches avec un niveau de production élevé au tarissement.
  • Un traitement de mammite en lactation avait plus de chance de se produire en cas de niveau élevé de CCS et de pic de production élevé au cours de la précédente lactation, mais également de quantité élevée de lait produit au moment du tarissement.
  • Entre les deux stratégies de traitement, l’approche systématique a entrainé un risque moins important de CCS élevé après vêlage par rapport à la pratique sélective (et des valeurs inférieures de CCS en moyenne). Par contre, aucune différence entre les 2 stratégies n’était démontrée sur le risque de traitement d’une mammite en début de lactation.

En conclusion, la présente étude valide l’intérêt de la stratégie de traitement antibiotique au tarissement, en préférant l’approche sélective en raison de la problématique de l’antibiorésistance. Les vaches fortes productrices et à niveau élevé de CCS durant la précédente lactation, avec une production trop importante au moment du tarissement, doivent être surveillées, car à risque plus élevé d’infection intramammaire lors de la lactation suivante.

Résumé Publication “Dry cow therapy and early lactation udder health problems-associations and risk factors.” Niemi RE, Hovinen M, Vilar MJ, Simojoki H, Rajala-Schultz PJ. Preventive Veterinary Medicine, 2021, https://doi.org/10.1016/j.prevetmed.2021.105268, in press.

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